Otages intimes de Jeanne Benameur
Les mots de Jeanne Benameur ont mis du temps à m’apprivoiser. Avec ce roman, ils m’ont agrippée dans leur filet de voyelles et de syllabes formant des phrases magnifiques.
Etienne, photographe de guerre, a été enlevé. Il s’est arrête juste un instant pour regarder une femme qui tentait de sauver ses enfants. Une minute d’immobilisme contre la liberté.
Relâché par ses ravisseurs, en échange de quoi ?, il retourne dans son village d’enfance pour tenter d’oublier et se reconstruire.
Là-bas, il y a l’amour de sa mère Irène, ainsi que l’amitié , de son ami d’enfance Enzo le taiseux qui aime travailler le bois.
Mais pour se comprendre et enfin avoir la force de repartir, il lui manque un chainon : Jofranka. A trois, ils formaient un trio d’amis ainsi qu’un trio de musique. Etienne au piano, Enzo au violoncelle et Jofranka à la flute.
Jofranka, avocate défendant les femmes victimes de sévice durant la guerre, savait qu’Etienne l’appellerait.
Là-bas dans le village entouré de forêts, ils vont se retrouver avec leurs souvenirs, leurs peurs, leurs questions.
« Dormez, dormez encore, c’est juste l’aube, moi je veille. Pour chacun de vous. Pour nos enfances. Pour la part à l’intérieur de nous que nous n’atteignons jamais. Notre part d’otage »
De cette lecture, je conserverai le souvenir d’un bruissement d’ailes de ce rouge gorge qui me regardait plongée dans les pages.
Lisez-le, il vous parlera j’en suis certaine…