Ce qui nous sépare de Anne Collongues
Ils sont au nombre de sept dans la rame de RER qui les éloigne petit à petit de Paris.
Chacune et chacun plongés dans leur quotidien.
Marie a décidé de fuir, n’importe où mais fuir. Cigarette, doit à nouveau aider ses parents dans leur bar PMU. Alain est tout au bonheur de retrouver sa fille dont il est séparé puisqu’il vit à présent à Paris.Frank rentre à la maison, là bas en banlieue où on le méprise. LiaD est venu d’Israël après son service militaire, il a choisi Paris. Laura se rend au même endroit tous les mardis et Chérif a terminé son travail et rentre dans sa cité avec appréhension.
Ils font tous le même voyage sans se connaitre, ruminant leurs regrets, décortiquant leur vie actuelle. C’est l’hiver, tout est gris. Il fait froid.
« On ralentit. Une boulangerie, un Lavomatique, deux bars, sur un mur la peinture écaillée annonce SNACK Venise, sur lequel chaque mardi, ses yeux se posent, et au retour, sur le mur d’en face, tout aussi usé et tenace, Gérard Chanel-Jambon. Les lumières éclairent le béton délavé des murs, les vieux volets des maison alignées face à la voie. Cela doit être horrible de vivre là, avec le passage continu des RER, combien par jour, cent, deux-cents, un cauchemar, est-ce qu’à force on s’habitue ? Il paraît qu’on s’habitue à tout »
Anne Collongues nous emmène dans la rame de gens comme vous et moi, un peu cabossés par la vie, qui auraient voulu mais qui n’ont pas osé, qui ont connu le bonheur qui s’est effiloché, qui ont commis des gestes qu’ils regrettent. La rame de gens que l’ont peut croisé chaque jour dans la rue, dans le train, dans le métro. Chacun de nous à une histoire que l’autre ne connait pas.
Elle entre dans la psychologie de chaque personnage séparément, par moments la mélange quand les pensées s’accélèrent.
Séparés par un couloir ou un siège mais tellement proches dans les secrets de leur vie.
« Elle pense rarement au passé, à l’avenir jamais., demain est un autre jour, cette phrase de la mère lui est restée. Voilà, comme elle vit, entre l’ajournement et l’espoir, sans y croire vraiment, et chaque journée est balayée dès le matin. »
Un excellent premier roman. Au fond nous sommes tous pareils et l’auteur nous l’explique si bien avec poésie et bienveillance.