François, est parti un jour à Tanger, une place de moniteur. Ils ont tous reçu une carte postale et depuis plus rien. François a disparu et cela fait vingt ans. Ce matin ils ont tous rendez-vous au tribunal pour déclarer la présomption d’absence de François.
François est l’un des six enfants de André Munch qui sitôt sa progéniture partie, les a remplacés par des bonsaïs. Marguerite, son épouse, née d’une famille argentée de Lille, a bien essayé de divorcer mais peine perdue, André est un tyran et tout doit se dérouler comme il l’entend. Au retour de leur séparation, Marguerite fut reléguée dans une chambre. André décide de tout.
Les autres enfants ont tous choisi des chemins de vie différents : dans les affaires, dans l’artistique mais aucun n’a oublié ce frère qui ressemble à une ombre dans leur esprit.
Evelyne la seconde, vit même à Tanger, cette ville où François avait envoyé sa dernière et unique carte postale. Elle se sent plus proche de lui et qui sait ! Sa silhouette et sa tignasse rousse referont peut-être surface.
Joseph le plus jeune, se souvient du jour où son frère et un autre garçon avaient fait la bringue, puisqu’ils étaient chargés de le garder ce soir là. Ils les avaient vus nus mais à son âge rien ne semblait bizarre.
Sandrine, la jumelle, institutrice en maternelle, n’a jamais cessé de penser à ce faux jumeau. Une partie d’elle. Elle était la seule avec une mission inscrite sur la carte postale. Donner la combinaison de plongée à un copain de François. Elle a fait le geste demandé et puis plus rien.
Et nous lecteurs, à travers les mots de François savons que le jeune homme d’il y a vingt ans ne reviendra plus. Ils partent tous vers le tribunal s’imaginant que peut-être un jour ?
Excellent premier roman d’Emmanuelle Grangé. Son écriture est fluide, cadencée. On suit la vague et on roule de bonheur de lecture.
Très beau roman qui décortique ce que chacun pourrait ressentir de l’absence d’un proche dont on ne sait ce qu’il est devenu. Un magnifique portrait de famille entre cruauté et amour ainsi que le silence, les non-dits.
Mais ce qui m’a surtout émue, ce sont ces mots de François en italiques qui nous dévoilent le pourquoi de cette disparition. Car toute disparition a une raison. Nous lecteurs, sommes dans le secret.
« François, leur a dit adieu à sa façon, ils ne se sont douté de rien, François a rendu visite à chacun, comme ça, avec ou sans prétexte., bel été à vous. Il les a photographiés par coeur. Ils ne l’ont plus revu. »