Premier roman de Marion Messina dans cette longue et merveilleuse série des 68 premières fois.
Premier roman qui décrit, dans une écriture rapide, de façon vitriolée, cette société qu’est devenue la nôtre mais surtout celle des jeunes qui tentent de s’en sortir sans trop de casse.
Aurélie a obtenu son bac à la satisfaction de ses parents. Une nouvelle vie peut commencer : la fac ouvre ses portes. Issue d’un milieu ouvrier, l’avenir semble radieux pour ses parents. Elle part donc vers Grenoble.
Malheureusement Aurélie est une fille très solitaire, sans amis et dès le premier jour, elle comprend qu’à la fac, il y a des castes. Ceux qui savent qu’ils seront l’élite, et les autres qui se répartissent en sous-groupes.
Ayant obtenu une bourse qui n’est pas assez conséquente, elle décide de travailler en nettoyant les chambres de la cité universitaire. Elle y rencontre Alejandro, étudiant colombien. Grâce à l’argent de son oncle, il est venu en France pour étudier la littérature. Elle lui plait, il lui plait. Aurelie ne quitte plus Alejandro qui commence à s’ennuyer à Grenoble. Il décide de partir à Lyon pour poursuivre son cursus. D’Aurélie, il n’en est pas question ; sa liberté d’homme avant tout.
Détestant Grenoble, Aurélie plaque tout et part à Paris.
Sincèrement, j’ai cru en lisant les premières lignes que ce roman allait m’ennuyer. Grave erreur car je l’ai lu d’une traite. D’ailleurs Marion Messina ne nous en laisse pas le temps, on court derrière Aurélie, on dévore sa vie.
Aucun ruban rose à ouvrir dans le portrait de cette jeune file du XXIème siècle et ce futur si improbable. Elle aimerait être différente de ses parents sans qu’on lui en laisse l’occasion.
Aucun pathos dans cette lucidité de l’écrivain. Notre société est malade, c’est un fait.
Sans oublier Paris qui prend une bonne claque sur son visage de ville idyllique.
Une très bonne lecture qui vaut le détour.
« La vie nous a semblé difficile parce qu’on essayait d’imiter nos parents, dans une époque qui avait trop changé pour qu’on y parvienne.
On a lutté, étudié, envisagé de passer des concours, on a bêtement voulu faire comme eux…Et on s’est plantés. Il faut inventer autre chose, chercher une place ailleurs, dans d’autres lieux, d’autres corps de métier, d’autres décors. Il faut tout recommencer, Aurélie. Tout. On ne va pas rester ici à s’emmerdre pour une avoir une pâle copie de la vie au rabais de nos vieux. Il va falloir qu’on trouve notre place quand eux avait un parcours tout désigné. Il faut arrêter de se lamenter de vivre moins bien que nos parents. Ils ont connu une époque de plein emploi, tu rentrais dans un magasin acheter de savates et t’étais vendeur de savates le lendemain, tu pouvais devenir VPR sans un seul diplôme…A quoi ça les a menés ce cirque ? Finalement, il n’y a rien à leur envier. Il faut faire le deuil de l’opulence, le deuil de Paris, le deuil de la France, le deuil du plein emploi. Et, surtout, il ne faut plus jamais se laisser marcher sur les pieds. »
Souhaits sincères pour cette nouvelle année de ta vie
Bisous