Dans le cadre des 68 premières fois, Charlotte Pons nous renvoie à ce qui est le plus déchirant pour grand nombre d’humains : la perte de ses parents. La déchéance, l’euthanasie, les ressentiments, tout y est évoqué.
Manon est jeune maman, ainée des trois enfants. Quand lui annonce que sa mère a eu un accident de voiture et qu’elle est dans le coma, elle abandonne mari et enfant pour retrouver sa soeur, son frère ainsi que son père.
Leur mère est maintenue est en vie mais dans un état qu’elle ne quittera surement jamais. Les entend t-elle ? Les perçoit-elle ? Pour les médecins, il faut patienter. Manon ne comprend pas cet acharnement. Elle ne sera plus la mère qu’elle a connue alors pourquoi attendre ? Elle n’a qu’à mourir.
Adèle sa petite soeur et Gabriel le frère bourré de médicaments, sont offusqués. Elle pense déjà à la mort de leur mère !!! Une soeur sans coeur décidément.
Manon reste près de son père qui reste dans un mutisme absolu.
Manon qui se débat contre le rejet de son enfant. Aucune sensation d’être mère. Elle voudrait mais n’y arrive pas.
Et puis que savent-ils les enfants du passé de ce corps qui reste cloué au lit, qui ne parle plus, qui
reste dans son état végétatif ?
Très peu car de la jeunesse de leurs parents, les enfants n’en connaissent que des bribes.
La fratrie sait que leur mère était suédoise. Langue que leur mère ne leur a jamais appris. Elle a repris ses études d’anthropologue après la naissance de ses trois enfants, souffrant souvent de mélancolie. Une mère dépressive dont Manon s’est toujours sentie dépossédée.
Elle se souvient de cette grand-mère suédoise qui est apparue un jour à la porte de leur maison. Maison d’enfance que les parents ont revendue pour venir se loger dans un horrible pavillon sans âme.
Elle n’oubliera jamais le jour, où Peter, pris d’un accès de folie a voulu la jeter par la fenêtre pour la tuer. C’est sa mère qui l’a sauvée.
Mais malgré cela, leur mère reste un mystère. Adèle la benjamine semble à Manon celle qui lui fait le plus de reproches d’être là.
Les jours passent. Le corps maternel se dégrade et l’hôpital lui signifie son congé. A la famille de la prendre en charge.
Manon n'arrive toujours pas à devenir mère à son tour.
Un premier roman qui m’a beaucoup touchée car il pointe ce qu’il y a de plus profond en nous : le lien qui nous rattache toujours et encore à notre enfance que sont nos parents. Ce lien qui se déchire au moment de leur décès, comment l’accepter ? Ce lien que les enfants doivent parfois couper malgré leur volonté en décidant de donner la mort.
Le personnage de Manon en résume toute la complexité.