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Les couleurs de la vie
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13 mars 2018

Sentinelle de pluie de Tatiana de Rosnay

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Je me décide enfin de faire la chronique du merveilleux roman de Tatiana de Rosnay. Est-ce la pluie qui tombe qui m’y a incitée ? 

 

 

Linden  qui est photographe fashion se rend à Paris où il pleut depuis déjà 15 jours. Il vit à New York avec son compagnon Sacha. A la demande de sa mère il se rend dans la capitale afin d’y fêter avec ses parent et sa soeur Tilia, l’anniversaire de leur père Paul Malegarde, le sauveur des arbres mondialement connu,ainsi que l’anniversaire de mariage des parents.

 

Linden ayant quitté la maison familiale à l’âge de 16 ans pour vivre à Paris avec sa tante Candice, est heureux chaque fois qu’il revient aux bords de Seine. Mais comment va être leur père ? Ils ne se parlent plus depuis si longtemps. Il n’a jamais osé lui parler de son homosexualité.

 

Sa soeur Tilia est la rescapée d’un accident de voiture dans lequel toutes ses amies sont mortes. Elle ne s’en est jamais remise moralement. Son second mari est un alcoolique notoire. Comment Tilia acceptte cela ?

 

Aux infos, on ne parle que de la crue de la Seine qui apparemment va atteindre une ampleur catastrophique. Les berges se cachent sous l’eau petit à petit.

 

Linden accueille ses parents à leur arrivée à l’hôtel. Paul, le roc, semble si fragile aux yeux de de son fils.

 

Paul amoureux des arbres, qui passe sa vie à parcourir le monde pour les défendre. Linden et Tlia portent d’ailleurs le nom des arbres que Paul préfère : les tilleuls.

 

La réunion familiale va virer au cauchemar car Paul est victime d’un AVC.

 

Transporté à l’hopital, il sombre dans le coma. 

 

Imperturbable, la Seine continue à s’insinuer dans les rues de Paris. Des quartiers sont évacués. 

Lors de la grande crue du siècle Paris ne comptait que 1 million d’habitants. A présent dix : une véritable tragédie. Le fleuve n’en a cure : il poursuit son voyage envahissant les stations de métro, charriant les tout immondice. 

 

Et Paul est toujours dans le coma tandis que la Seine envahit le sous-sol de l’établissement hospitalier.

 

 

Je l’attendais depuis si longtemps  ce nouveau roman.  Et quel bonheur ! 

En le lisant, vous avez l’impression de sentir l’humidité entre les lignes, d’être submergée par les gouttes de pluie.  L’arc-en-ciel se dessine par instants quand les arbres prennent la vedette.  Tout vaScille entre pluie et soleil, ville et nature. 

Un roman très émouvant qui raconte sous fond de crue, la souffrance qui se cache derrière les secrets familiaux.  Le silence sur ce que l’on cache qui peut gâcher la vie familiale. Ne pas parler surtout.

 

Les tilleuls sont les détenteurs du secret.  Mais chuUUt, pour le moment ils font danser leurs feuilles. 

 

 

 

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1 mars 2018

Marcher à Kerguelen de François Garde

kerguelen

 

 

« Les trésors de Kerguelen ne sont ni monétisantes ni exploitables. Cette île n’a jamais enrichi personne. Tout ce que la nature donne à profusion reste sur place. Un seul produit d’exportation, le rêve-le rêve décliné en souvenirs, en désirs, en timbres, en nostalgies, en images, en contemplations…De ce fret là, je me revendique négociant. »

 

 

La première fois que j’ai découvert le nom de Kerguelen ce fut à travers le livre de Jean-Paul Kauffmann « l’archipel de Kerguelen ». Une terre sauvage au bout du monde de quoi me plaire.

 

 

Cette île porte le nom du navigateur qui  la découvrit. Une terre aride où les vents ne cessent de souffler, une terre qui ne désire accueillir aucun humain. Au fil des siècles l’homme a tente de la conquérir, peine perdue. Paradis des manchots, des éléphants de mer, des oiseaux tels les pétrels, les rennes y sont un produit importé humainement ainsi que d’autres formes de vie.

Très peu de flore : du lichen semblable à l’île, des plantes singulières et des pissenlits. Même les couleurs sont différentes comme ternies. 

 

« L’intérieur reste superbement inutile . Seuls les mammifères introduits transgressent malgré eux cette loi d’airain. Pour eux seuls, Kerguelen est une prison. L’illégitimité de leur présence leur colle à la peau-tout autant que pour nous »

 

 

François Garde fut un temps administrateur de ces terres. Il s’y rend plusieurs fois puis déchu, il niche sa tristesse dans la découverte d’autres endroits  jusqu’au jour où il décide d’y retourner pour un voyage de 25 jours. Traverser l’île comme pour redécouvrir une amante délaissée.

 

Pour ce voyage, il est accompagné de trois compagnons, deux photographes et un médecin qui eux aussi connaissent bien cet endroit. 

 

Quelle est la motivation de François Garde : écrire ? Lui qui a endossé le Fagnard de cette profession grâce à ses romans. En fait il ne connait aucun sens à sa motivation et il ne demandera  pas à ses compagnons quelle est la leur. A chacun son monde intérieur. 

 

Les voilà partis du 23 novembre au 17 décembre 2015. Un hélicoptère les dépose. Il n’y a plus de recul possible. La peur et la joie se mêlent. Il faut faire le premier pas. 

« Je m’assieds par terre un moment. Je ne bouge plus. Après toutes ces journées dans les montagnes désertes, je savoure cette éruption de vie, cette faune qui ne connait pas l’homme et ne le craint pas. Adultes, juvéniles, tous sont occupés par leur projet, la continuation du cycle, et m’oublient. Des papous retournent à  la colonie, affairés. De jeunes manchots royaux errent çà et là, tels des adolescents un peu rebelles mais un peu perdus. Des poussins se dandinent en marchant sur la carcasse d’un parent. Un éléphant de mer dort dans la rivière. Un pétrel géant tourne au-dessus et cherche une proie. Ils ne sont dans aucun temps. Moi seul connais les horloges et les calendriers. Ils sont l’éternité et je la contemple par effraction ».

 

 

Bardés de leurs sacs pesant 25 kilos, les quatre hommes vont arpenter cette terre où les lacs disparaissent et réapparaissent, où le vent souffle à tout moment, où la pluie peut « tomber à l’horizontale ». Leurs nuits de bivouac, ils vont les passer dans une tente de trois bien qu’ils soient au nombre de quatre. L’humidité est omniprésente. Ils n’ont qu’un choix marcher pour atteindre chaque maison qui leur permettra de se reposer et découvrir des vivres en suffisance afin de repartir. Ces maisons sont en fait le lieu où des scientifiques cohabitent durant leurs missions. Maisons en métal avec le minimum vital mais dans cette terre tout semble plus luxueux dès lors qu’on est l’abri de cette froidure. A côté de chaque maison, des bacs qui contiennent toutes sortes de conserves pour les futurs arrivants.

 

« Je ne sais toujours pas si ces paysages sont beaux, je ne suis plus trop sûr de ce que la beauté signifie. Les philosophes en débattent depuis l’Antiquité. Comment percevoir une beauté qui ne serait jamais regardée, ou si peu et si furtivement ? Une beauté qui serait sans aucun lien avec l’homme ? Ici je ne vois pas la beauté mais la force. »

 

 

Il n’y a pas d’alternative dans ce voyage. Chacun doit être solidaire de l’autre perdus dans cette nature valonnée, sauvage où l’on traverse  les rivières à mi cuisse, où les pieds s’enfoncent dans la souille. 

 

Le monde s’est arrêté. Pas de nouvelles de l’autre monde dit civilisé. Les pensées volent vers les attentats perpétrés avant leur départ. Le nouveau roman qui passe par le comité de lecture.  Pas le temps de s’apitoyer sous le ciel qui parfois montre un coin de ciel bleu.  

 

« Partout ailleurs, aux pays où vivent les hommes, au commencement était le Verbe ». Ici, au sud du jardin d’Eden, au commencement était le Vent »

 

 

 

Kerguelen ne s’apprivoise pas , elle n’a  aucunement besoin de l’homme. Elle est la nature et se suffit à elle même. Pourtant François Garde aura difficile à la quitter. Elle ne sera plus qu’un souvenir. Des mots, des phrases pour expliquer aux autres. Même son journal ne retranscrira que des impressions déjà  perdues dans le passé. 

 

 

François Garde va découvrir un seul livre sur cette île. Perdu dans un des refuges, un roman de Le Clezio, le cadeau d’une mère à son fils. Cadeau resté là bas sur ces terres. 

 

 

Et cette émotion quand il s’imagine qu’il n’y a plus de bébés manchots.

 

« J’avance, j’avance dans ce paysage immobile et je m’ennuie, pour la première fois depuis le départ. Je m’ennuie dans cet espace sans enjeu. Je m’ennuie dans la plaine Ampère ? Tout d’un coup, à cette assertion saugrenue, j’éclate de rire »

 

 

 

« Un cairn sur une terrasse confirme que des hommes sont passés par là avant nous. Ce très modeste monument d’abord me réjouit, en me reliant aux précédents marcheurs; il m’amuse par son inutilité, tant le trajet est évident; il m’inquiète aussi, par tout ce dont il symbolise les prémices : les marques de peinture des deux couleurs vives sur les rochers; les poteaux indicateurs; les sentiers aménagés à la pelle et à la pioche; les groupes randonnant en sens inverses; les refuges gardés; les buvettes et les offices du tourisme. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6 février 2018

Le ministère du bonheur suprême de Arundhati Roy

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Dès les premières lignes , vous plongez dans la foule, vous percevez les couleurs, entendez les cris. La poussière vole, le soleil brûle et là haut à travers le regard de Aftab vous descendez en apnée dans les rues de Delhi. 

 

 

Aftab est né garçon avec un embryon de sexe féminin. Ses parents sont musulmans.  Sa mère tente de le cacher et puis après quelques temps doit l’apprendre au père. Ils vont chez le médecin qui n’apporte aucune solution à l’angoisse des parents. Alors on tente de masquer sa féminité en masculinité jusqu’au jour où Aftab voit apparaitre un être étrange, du haut du balcon familial 

 

« Aftab aperçut une femme grande, aux hanches étroites, les lèvres peintes en rouge vif, juchée sur de hauts talons dorés et vêtue d’un salwar - kameez vert en satin chatoyant »

 

Aftab désire être cette femme. Il la suit et va découvrir un lieu où vivent les fitra. Les transgenres comme lui. Aftab décide d’aller vivre dans cette maison. Ses parents doivent l’accepter.

 

Aftab devient donc Anjum. Elle va se transformer, subir une opération « ratée », devenir célèbre, adopter une petite fille trouvée dans la rue. Jusqu’au jour ou faisant un voyage avec un ami, elle est emprisonnée car musulmane. Anjum va complètement changer, déprimée, n’arrêtant pas de lire tout bout de papier jusqu’au jour où elle décide de vivre dans un cimetière. 

 

S Tilottama est par contre fille à part entière, sa peau est noire ébène, étudiante en art. Enfant adoptées. Elle va découvrir malgré elle, l’horreur qui se perpétue au Cachemire avec ses conflits incessants entre hindouistes et musulmans et son lot de terreur et de massacre.

 

La vie d’Anjum et S Tilottama ne peuvent que se croiser et il en sera ainsi après de nombreuses souffrances. 

 

 

 

 

Que dire de ce roman ? qu’il est parsemé de personnages extraordinaires, qu’il contient du rêve, des légendes, de la poésie. Qu’il vous emmène loin de la vision de l’Inde de carte postale. Qu’il nous emporte dans la vie de miséreux que ne vous pouvez qu’aimer. Et toujours et encore ces guerres de religion bien loin dans la région du Cachemire et on en parle si peu dans nos pays. Mais surtout cet amour qui plane de page en page pour ce pays et ceux qui le peuplent. 

 

L’Inde est formée d’un entremêlement de lianes . Arundhait Roy nous permet d’entrevoir par de petites ouvertures, une partie de l’Inde actuelle ainsi que son passé. 

 

Mais surtout de garder espoir avec un grand E envers le monde, envers les autres, envers l'avenir. 

 

 

 

 

16 janvier 2018

Couleurs de l'incendie de Pierre Lemaitre

couleurs

 

Si Monte Cristo avait du s’allier à une femme, cela aurait été de toute évidence avec Madeleine Péricourt. 

 

Le spectre de la guerre s’éloigne petit à petit. 

 

Madeleine, dont le mari est toujours en prison, vit heureuse avec Paul son fils dans l’hôtel de Marcel Péricourt.  Elle rejoint la nuit, le percepteur de l’enfant.  La vie suit son court. 

 

Mais la vie ayant toujours une fin, Marcel Péricourt décède. Le jour de son enterrement, son petit fils Paul se jette d’une fenêtre sur le cercueil. Madeleine est désespérée d’autant que suite à cet accident, Paul ne saura plus marcher. Elle va s’occuper de lui sans cesse, ne sachant comment lui redonner le sourire. Et c’est la musique ainsi qu’une divine bonne polonaise qui vont ramener un semblant de bonheur à l’enfant. 

 

Je n’en dirai pas plus concernant l’enfant car je dévoilerais une grande partie du roman.

 

 

Madeleine donc, hérite de la totalité de l’héritage sauf quelques broutilles pour l’un et l’autre.

Son oncle Charles enrage de ramasser les miettes. 

 

Madeleine ne comprenant rien aux affaires fait totalement confiance au fondé de pouvoir qui travaillait avec son père. Elle signe les papiers sans poser de question.

 

Ce dernier rêve d’épouser la fille du banquier. D’autant que cela avait été a deux doigts de se réaliser auparavant. Mais peine perdue, elle ne voudra jamais de lui. Seul son fils lui importe.

 

Madeleine ne réalise pas que l’on complote. Elle va tout perdre et devoir quitter l’hôtel familial appartenant à présent au fondé de pouvoir et dont la future femme n’est autre que son amie Léonce.

 

La vengeance de Madeleine sera sans limites. C’est avec l’aide d’un ancien complice de son mari Dupré qu’elle va tricoter maille par maille la déchéance de certains. 

 

 

Excellent roman de cette rentrée littéraire d’hiver. Totalement différent au vu des personnages et de l’époque de « Au revoir là haut ». Et l’on voit le spectre de la seconde guerre qui se silhouette d’autant qu’Hitler est arrivé au pouvoir. 

Oui excellent roman. 

 

 

12 décembre 2017

La trace du héron de Pascal Dessaint

dessaint

 

C’est grâce à Cathulu la grande lectrice que j’ai découvert l’univers de Pascal Dessaint. 

 

Depuis, j’attends avec impatience toute trace écrite de cet auteur.

 

Fait étrange, c’est un héron qui s’est mis sur le bord d’un champ qui m’a rappelé qu’il était peut être temps que je découvre enfin ce petit livre. Pascal Dessaint imagine le fantôme d’Edward Abbey sous la forme d’un ragondin, de mon côté je n’ose imaginer que l’écrivain a pris la forme d’un héron samedi dernier.

 

Le livre contient deux petits écrits qui nous entrainent au bord de la nature et dans les souvenirs qui effleurent quand nous la contemplons. 

 

Il y a l’eau, le vent, les écrivains, les oiseaux. Le minéral et le végétal ne forment plus qu’une seule entité.

 

Nous lisons les mots de Pascal Dessaint et nous nous fondons dans le paysage en suivant sa silhouette tout en savourant les illustrations de Sophie Fougy. 

 

C’est vrai les oiseaux ne font pas vieillir. Merci pour ce si beau cadeau Monsieur Pascal Dessaint. 

 

 

 

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9 novembre 2017

Questions de caractère de Tom Hanks

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Autant vous le déclarer. Ce livre est génial, Tom hanks écrivain c’est du pur bonheur.

 

Collections de caractères vous invite à découvrir la vie passée de citoyens et citoyennes qui peuplent l’Amérique.

 

D’une nouvelle à l’autre, on valse sans connaitre le dénouement de chaque nouvelle. 

 

On suit les traces d’un homme inactif qui tombe amoureux d’une femme hyperactive, un jeune surfeur,  une star du bowling, un groupe d’amis qui construit une fusée, un homme qui voyage dans le temps, un enfant et sa mère. etc etc.

 

Sans oublier la gazette de notre ville  et toutes ces vieilles machines à écrire qui font tac tac tac, dring. 

 

 

Si Tom Hanks est le reflet de son écriture, cet homme doit être d’une gentillesse… indéniablement. 

 

Certaines nouvelles ressemblent à un scénario de cinéma, forcément, l’acteur réapparait de temps en temps.

 

Je ne sais pas s’il y  aura une suite à ce reflet d’écrivain mais je suis déjà preneuse.

9 novembre 2017

Il n'y a pas d'internet au paradis de Gaelle Pingault

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Comment parler d’un premier roman que vous avez tellement aimé ? Comment transmettre ce bonheur de lecture porté au bord du coeur ? Les mots sont si futiles , dérisoires pour transmettre l’émotion. 

 

Le théme en est tragique et pourtant Gaelle Pingault nous pousse dans le dos et nous chuchote avance, avance, tu peux atteindre non pas le bonheur mais ramasser ces petits éclats qui font partie de la vie. 

 

Prendre de la distance face à cette société qui broie, aveuglée et démesurée. Alex a essayé mais la ligne d’arrivée lui a semblé si lointaine qu’il a préféré s’immoler par le feu, laissant la silhouette d’Aliénor s’éloigner de son regard.

 

Ils avaient tant de projets : aller voir l’expo Monet, acheter cette ferme dans l’Eure, peut -être un enfant. Mais l’entreprise avec un grand E est impitoyable. Vos rêves, elle s’en fout.  Votre humanité, elle s’en contrefout. Vous êtes un simple pion que l’on fait disparaitre dans le pli d’une manche.  Peu importe vos états d’âme, vous êtes le serviteur de leur désir d’argent. 

 

Suicide ! Derrière leur bureau, les chefs bourreaux s’en contrefichent. 

 

Aliénor n’a pas désiré que cette Entreprise soit présente à l’enterrement d’Alex. Alors elle reçoit une lettre avec tous ces mots qui suintent l’hypocrisie. Eux coupables : jamais !!!! Un pion qui s’est désolidarisé, tant mieux.

 

Alex était informaticien. Aliénor travaille dans sa boite d’architectes. Une couple heureux.

 

Comment continuer à vivre sans l’autre ? Comment ? Comment ?

 

Aliénor a décidé qu’elle y arriverait. Une sacrée bonne femme. S’isoler des autres ce serait l’idéal. S’enfermer dans sa douleur et en vouloir quand même à Alex qui n’a pas eu le courage de lui parler ou elle, si elle l’avait écouté. Peu importe, il a fait son choix. Aliénor doit s’en sortir. Un petit pas, puis un autre pour atteindre la résilience. 

 

 

A travers Alex et Aliénor, Gaelle Pingault décortique cette société devenue égocentrique à l’extrême, cette course de l’humanité vers sa perte qu’elle tente de freiner mais les freins sont déjà si usés…. et entre chaque page, il y a  cet petit éclat caché dans les mots  qui vous emporte.

 

« Je l’ai peut-être dit : un jour je ferai la liste de tout ce que dois à la beauté de l’art. De toutes les fois où elle m’a sauvée du désespoir. Il se pourrait que la liste soit longue. »

 

 

 

19 octobre 2017

Paysage perdu de Joyce Carol Oates

oates

 

C’est avec une certaine pudeur que Joyce Carol Oates évoque ses souvenirs d’enfance et d’adolescence, tout en sachant que certains seront peut être déformés par le temps.

 

Ne vous attendez pas à lire une biographie exhaustive mais de moments donnés dans sa vie;

 

 

Joyce Carol Oates a grandi à Millersport, contrée très pauvre dans l’Etat de New York. Elle y vivait avec ses parents Carolina et Frederic dans une ferme qui appartenait aux beaux parents de Carolina et qui avait accueilli celle-ci quand elle était enfant abandonnée par sa mère qui en fait l’avait confiée à sa soeur.  

 

Dans la pauvreté Joyce Carol Oates a une enfance entourée d’amour même si un peu rude. 

 

Le travail à la ferme ne suffisant pas à faire vivre autant de personnes. Son père Frederic travaillait en usine et en plus de ce travail se faisait un petit pécule en calligraphiant des enseignes destinées aux magasins ou au bord des routes.

 

 

 

L’école c’était une seule classe des plus petits aux plus grands qui tourmentaient les plus jeunes. 

 

Les Oates étaient pauvres mais leurs plus proches voisins l’étaient encore plus. On se doutait que le père ivrogne pratiquait l’inceste mais sans s’en mêler. Jusqu’au jour où toute la famille disparu on ne sait où.

 

Tout était rêverie pour une petite fille dans cette campagne sauvage. Elle se perdait dans les chemins et aimait se faire peur.  Sa première copine se nomme Red Hot, un coq qui accourt vers elle dès qu’elle montre sa silhouette. De coq en fait c’était une poule. 

 

L’été, on installait un étal au bord de la route et la petite attendait les clients pour vendre les légumes et fruits de la ferme. 

 

On suit la longue transformation d’une petite fille dont le livre préféré était Alice aux Pays des merveilles vers celle d’une adolescente qui continue ses études pour atteindre l’Université où elle fera la rencontre de son futur mari.

 

Joyce Carol Oates ne fut pas fille unique. Elle évoque de temps en temps son petit frère mais le chapitre le plus émouvant est celui où nous raconte cette soeur venue au monde quand elle avait 18 ans. Ce fut un accident bienvenu dans la vie de ses parents. Ce fut même l’auteur qui décida de son prénom à la demande de ses parents Lynn Ann. Lynn Ann qui n’était pas comme les autres, une autiste. Ses parents l’elevèrent jusqu’à l’âge de 15 ans avec un amour inconditionnel. Mais lorsqu’elle frappa sa mère, ils comprirent que malheureusement il fallait la placer dans une institution.  

Elle était physiquement le double de l’auteur.  

La lecture de ce chapitre est un véritable hymne d’amour envers ses parents et cette soeur qui n’était pas pareille aux autres. 

 

 

Je pourrais vous parler également des vols en avion de Frederic Oates, de tous les vêtements que Carolina Oates a cousu pour sa fille, des morceaux de piano que jouait Frederic Oates lui qui avait appris le violon dans l’enfance. (Sa mère abandonnée par son mari, aimait lire également), des silences familiaux la famille Oates n’était pas encline à parler pour jacasser, d’une petite fille qui découvrit le pouvoir d’une bibliothèque, d’une adolescente insomniaque et timide, des différents endroits où elle et son mari vécurent. 

 

Joyce Carol Oates ne s’envole pas vers de grandes explications lyriques de son désir d’écrivain. Elle est devenue écrivain.

 

Paysage perdu évoque un univers qui a disparu restant dans la mémoire par clichés fugitifs. Quel bonheur cette lecture ...

 

17 octobre 2017

Imago de Cyril Dion

imago

 

68

 

Enfin un vrai coup de coeur dans cette édition d’automne des 68 premières fois.  On me dira que mes coups de coeur ne sont pas très gais mais tout me plait dans ce roman, l’écriture, les personnages, le thème.   Lu sans m’arrêter dès la première ligne. 

 

 

Imago nous ramène dans notre société contemporaine à travers les enjeux palestiniens et israéliens, les calculs de probabilité du FMI, le terrorisme, l’amour que l’on recherche à tout prix, l’enfant qui manque.  Rien de très réjouissant et pourtant c’est notre réalité en ce XXIme siècle qu’on le veuille non . A nous d’effectuer notre Imago comme les personnages du roman.

 

 

Nadr et Khalil son frère vivent en Palestine. Ils ont poussé au milieu de la haine et les enfants qui naissent après eux ne connaissent également qu’un pays tenu dans une pauvreté absolue. Ce qui fait le bonheur du Hamas. Khalil en fait d’ailleurs partie car en lui il n’y a pas d’amour mais de la Haine envers l’Occident, envers les juifs etc. Nadr lui ne participe pas à tout cela, il fume ses joints, lit de la poésie, se laisse porter par les nuages. 

 

 

De l’autre côté de la planète, Amandine s’est exilée dans la forêt. Elle ne veut plus vivre au milieu de cette Société. Maman de trois enfants, elle garde les leurs d’enfants quand ils le désirent.  Bonne mère, elle ne l’a jamais été comme si ces bébés devenus grands l’emprisonnaient dans un carcan non voulu.

La blessure qu’elle porte en elle, c’est cet enfant qui lui a été enlevé à la naissance par le père et emmené en Palestine. Elle a tout fait pour le retrouver jusque, à faire le voyage là  bas où on la rejetée lui signifiant qu’elle n’était aucunement la bienvenue. 

 

Fernando travaille pour le FMI. Il aime les colonnes établies de chiffres qui déterminent  comment on peut aider tel ou tel pays avec les efforts à réaliser pour répondre à cette aide. Il ne comprend pas comment les autres qu’il croise dans le métro peuvent vivre comme des mollusques dans une petite vie minable. Son evasion, la lecture de Fernando Pesoa. L’homme qui a tout compris.

Il déteste son nouveau chef et ne veut pas entendre parler de la Palestine. Pourtant le dossier lui est dévolu. 

 

 

Khalil ne porte que la haine en lui. Il crache même à Nadr qu’il n’est qu’un renégat puisque sa vrai mère était française. L’Occident coupable de tous les maux de la Palestine  Khalil décide d’agir. Il s’en va sur cet autre continent qui tue leurs frères. 

Nadr décide de partir lui aussi pour empêcher khalil de se tuer au nom pas d’un Dieu mais des désidératas de ceux qui ont le pouvoir.

 

 

Nadr c’est la liberté, l’espoir, l’envie de changer ne fut ce qu’un moment infime la route du destin. Pour lui également j’ai eu un gros coup de coeur. Il est tour à tour enfant, naïf et pourtant aucunement dupe de l’hypocrisie sociétale qu’on nous martèle à longueur de temps. Et puis, il lit des poèmes au milieu de rien. Comment ne pas l’aimer ?

 

 

 

 

 

Cyril Dion a réalisé et écrit le film « Demain ». 

 

12 octobre 2017

Et soudain, la liberté de Caroline Laurent et Evelyne Pisier

liberté

68

 

Et soudain la liberté, quoi de plus beau que le mot liberté dont des milliers de femmes sont encore privées dans le Monde.

Avant de vous parler de mon ressenti à la lecture de ce roman entre guillemets, je vous avouerai que le nom de Pisier était associé pour ma part à celui d’une actrice Marie-France. Femme que j’adorais et adore toujours mais de sa soeur Evelyne j’en avais peut être entendu parler mais je n’en suis pas si sûre. 

 

Les jeunes filles de Belgique et France, imaginent-elles pour la plupart, que la génération de ma mère, née durant la guerre, était privée de beaucoup de liberté. Nos deux pays étant régi par le code Napoléon, la femme ne pouvait ouvrir un compte en banque sans l’accord de son mari, ni travailler sans le même accord. Elles étaient éduquées comme l’a été ma mère, pour être de bonnes mères de famille. 

 

Les jeunes filles savent-elles que même dans nos pays européens la liberté des femmes n’est pas la même. En Allemagne, les jeunes mères ne bénéficient pas des crèches comme dans nos deux pays. Donc si personne ne sait garder en privé les jeunes enfants, les femmes doivent arrêter de travailler jusqu’au moment où leurs enfants sont en âge de rentrer au jardin d’enfant. 

 

Cette liberté nous femmes que nous possèdons même si l’égalité n’est pas encore totale entre les deux sexes, elle nous a été offerte par le combat de femmes telle que Mona dans le roman.

 

 

Mon vit en Indochine avec son mari André, fervent admirateur de Pétain et Maurras. Leur petite fille Lucie est choyée dans ce pays. Mona mère au foyer est belle et adore son mari.

 

Est-ce le jour où elle fut enfermé dans un camp tenu par les japonais, violée par eux, répétant à Lucie qui avait faim qu’elle mange de l’herbe, que l’étincelle de la liberté à pris feu ?

 

De son viol, elle en gardera le secret et ne l’avouera jamais à son mari.

 

Une rencontre, une simple rencontre peut apporter tant de changement dans une vie. Marthe, une bibliothécaire, va lui tendre le livre « le deuxième sexe ». Mona va comprendre que sa vie est tellement régie par le désir des hommes de maintenir les femmes dans un carcan, qu’elle va décider de tout changer. Acheter un pantalon, apprendre à conduire et conduire seule sans chauffeur, prendre un amant. Scandale dans la colonie de Nouméa où ils vivent à présent avec Lucie et Pierre.

 

Elle veut le divorce. Avec rage son mari lui accorde.

 

Elle part seule avec ses deux enfants. Elle veut que Lucie vive libre, fasse des études. Pas la même vie surtout pas.

 

Quand Lucie apprend que sa mère va se remarier avec leur père, elle est interloquée, elle ne comprend pas.

 

Mona attend à nouveau famille. André n’en veut pas et l’oblige  à se faire avorter. Vengeance d’homme. 

 

Mona repart en France avec fille et fils et là sa nouvelle vie va débuter. Elle va se battre pour la liberté de toutes les femmes, pour la liberté de sa fille qui elle aussi très jeune devra avorter. 

 

 

Lucie vivra libre. Lucie qui est en fait Evelyne Pisier. Lucie qui vivra l’amour avec Fidel Castro. Lucie sera libre. 

 

Ce livre est la rencontre en premier lieu entre une jeune éditrice Caroline Laurent et Evelyne Pisier. 

Rencontre à travers le manuscrit de ce roman qui devait évoquer la vie de la mère d’Evelyne.

Malheureusement  l’auteur est décédée avant de l’avoir terminé et c’est Caroline Laurent qui a pris la relève en hommage  à cette amitié entre une jeune femme et une dame d’un certain âge. L’amitié ne connait pas de frontière. Elle se crée par une alchimie infinie. C’était toi et moi. Il n’y a pas d’explications.

 

 

Ce livre a deux facettes. Il y’a la vie romancée de la mère Mona et de Lucie la fille mais également le ressenti de cette jeune éditrice qui s’est attelée à cette tâche. A travers ses mots, elle dresse le portrait d’Evelyne Pisier et se dévoile un peu dans sa sensibilité.

 

Ce livre est un hommage à la liberté de toute femme. La liberté n’est jamais acquise dans le temps. Un livre qui vous rappelle qu’il faut toujours se battre et se battre encore pour ne rien perdre dans ce monde qui se délite. 

 

Et suprême bonheur, tout à la fin, Marie France est évoquée. Elle ne fait pas partie du roman car Evelyne Pisier en avait décidé ainsi, par respect pour sa soeur qu’elle adorait. 

 

« Reste la peur de blesser, de tomber à côté de la plaque. De ne pas réussir à dire, non pas qui était Evelyne Pisier, mais ce que mon esprit et mon coeur ont fait d’elle à travers ce roman. Cette peur, j’y réponds à la maison par une panique qui me conduit parfois, chose inquiétante, à rire et à pleurer en même temps. Oui, j’ai peur, peur du jugement, du mépris, des mauvaises interprétations. Peur surtout que le livre, ne soit pas exactement celui dont elle aurait rêvé. Elle m’aurait répondu qu’aucun ne peut l’être. Alors je continue. Je vais au bout de ma promesse »

 

 

Vous pouvez être rassurée Caroline Laurent, où qu’elle soit Evelyne Pisier est certainement fière de vous. Votre roman est de celui qu’on n’oublie pas et que l’on referme avec une petite étincelle dans le coeur.  

 

 

 

 

 

 

 

 

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Les couleurs de la vie
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