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Les couleurs de la vie
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9 octobre 2017

N'écrire pour personne de A.L. Snijders

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A.L. Snijders de son vrai nom Peter Cornelis Muller vit aux Pays Bas, retraité de l’enseignement, il a décidé à soixante quatre ans d’écrire des Zeer Kort Verhaal (de très petites histoires en français). 

 

Une petite histoire qui ne dépasse pas une page et qu’il envoie à ses enfants ou ses proches. Une petite histoire écrite en une demi-heure et à laquelle il ne change rien.

 

Et c’est un véritable régal. 

 

Snijders décrit avec causticité la vie des Hollandais, de sa famille. Il évoque des souvenirs de jeunesse. On apprend qu’il aime le camping. Il nous parle de ses écrivains préférés, de ces cinq livres qu’il lit en même temps qui trainent sur sa table de nuit. Il s’amuse avec tendresse des petits mots de ses petits enfants. Il nous explique les réunions de poètes.  Il y a des poèmes également. Pouchkine, Jules Renard, des peintres. 

 

 

 

Un livre à lire et relire.

 

 

« Je ratisse des feuilles dans mon jardin. Huit poules se promènent autour de moi, elles becquettent des vers et des larves. La scène n’impressionne pas. Ce qui m’impressionne, c’est de se voir tenir à la poupe d’un navire et de regarder les mouettes vous survoler et suivre votre sillon. Cependant, c’est très bien ainsi. »

 

 

« En 1968, Yasunari Kawabata est surpris de recevoir le prix Nobel de littérature. Quant tout le monde, est parti, il écrit un haïku.

 

Plaine d’automne;

Une clochette;

On ne voit pas celui qui passe. « 

 

« Quand j’étais jeune, j’allais faire de la voile sur les lacs de Hollande-Méridionale, mais je me demandais toujours pourquoi je le faisais. J’avais le pressentiment que faire de la voile n’avait aucun sens - vous n’allez nulle part. Je ne pouvais pas continuer à me mouvoir ainsi dans un monde fait simplement d’allers-retours, j’avais besoin d’une destination à atteindre. Maintenant, que je suis âgé, je fais de la voile sur le lac Ketelmeer et plus rien ne me dérange (en dehors du fait que la vie est très chère). »

 

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2 octobre 2017

L'Art de perdre de Alice Zeniter

zeniter

 

De l’Algérie je ne connaissais que sa date d’indépendance 1962, forcément l’année de ma naissance. Harkis, FLN, OAS etc oui j’en avais entendu parler mais sans savoir exactement qui était qui dans ces appellations.  L’Algérie ne faisant pas partie de l’histoire de mon pays la Belgique, je ne me souviens pas qu’on nous en aie parler durant mes études. Notre pays avait été le colonisateur du Congo car à l’époque c’était la mode et Leopold II n’avait pas désiré être moins que les autres.  Donc l’Algérie une inconnue. 

 

C’est ce mot Algérie qui m’a fait hésiter à lire ce roman. Bof l’Algérie. Déjà que les films genre Depardieu dans le désert ne m’ont  jamais inspirée. J’avais regardé un feuilleton dont je ne sais plus le titre mais abandonné au fil des épisodes. 

 

A lire les critiques et l’engouement pour ce roman, je devais sûrement passer à côté de quelque chose. 

 

Dès les premiers mots, je n’ai pas su m’arrêter. Ce qui m’a fracassé  c’est que tout est encore d’actualité. On traite les réfugiés de l’an 2000 tout comme on traitait les Harkis qui croyaient si fort en la bonté de cette France.

 

 

Alice Zeniter nous raconte l’histoire d’une famille dont Ali est le personnage principal.  Kabyle, né dans une région pauvre tentant d’obtenir une richesse du sol sec, il décide un jour d’aller se battre aux côtés des français en Europe. C’est là que le destin va décider de sa vie. Le maktoub comme aurait dit Ali.

 

La chance d’Ali, c’est qu’à son retour, allant se baigner avec ses frères, ils ont découvert un pressoir qui va lui permettre de changer de vie. Les voisins viendront lui confier leurs olives pour que coule ce divin nectar  doré : l’huile.

 

Il va se marier trois fois. La première femme ne lui donne que des filles. La seconde, aucun enfant donc répudiation. Et la troisième Yemna, lui donnera enfin ce fils qu’il désirait tant car son plus jeune frère est déjà père d’un garçon et il ne veut pas être floué. 

 

Son garçon portera le nom de Hamid et va débuter la vie heureux à courir dans le village et dans le collines. 

 

Malheureusement, bien souvent, d’autres invidividus décident pour vous de votre bonheur et désirent l’indépendance de leur pays l’Algérie. Le FLN descend au village pour que les habitants prêtent allégeance mais Ali ayant connu la guerre ne leur fait aucune confiance. 

 

Il va pactiser, si l’on peut appeler cela pactiser avec les français et en 1962, forcé de fuir avec femme et enfants et d’autres membres de la famille car il est menacé de mort. 

 

Il arrive en France en pensant qu’il est un citoyen comme les autres.  Pauvre Ali, il a de la chance qu’il a eu des places sur le bateau, car les Pieds Noirs passent avant eux.  D’habitation, il n’ont droit d’abord qu’à un camp de toiles à l’infini. Juste le droit d’accepter. On leur fait très vite comprendre qu’ils doivent être redevables à la France d’être aidés. 

 

Ensuite, on va les envoyer en Normandie, dans un camp de maisons. Ils vont travailler le bois, pas le choix d’un autre métier.

 

Pour se terminer dans ces HLM où on va les parquer.  Et Ali accepte. Lui le paysan devra travailler en usine et se contenter de ce petit appartement où l’on explique aux  femmes qu’elles doivent absolument le garder propre. On vous l’offre, donc vous êtes tenus d’en prendre soin. Surtout ne pas faire de vagues. Lui le Harki qui a combattu pour la France n’est aucunement considéré. 

 

Au vu de tout cela, Hamid, son fils ainé, décidera qu’il ne vivra pas comme eux à tout accepter.  Athé, il va épouser une française et deviendra le père de quatre filles. l’Algérie ne l’intéresse pas et il ne veut absolument pas en entendre parler. Là bas, avant leur fuite, il a vu des morts et ces morts il ne veut plus croiser leur chemin. 

 

Naima est l’une de ses filles. Elle travaille dans une galerie d’art, picole beaucoup, maitresse du propriétaire de la galerie. C’est ce dernier qui prononce le mot Algérie. 

 

 

« Elle ressent une  déception, brève et vive, qui se répétera souvent au long de son voyage, à la pensée que l’Algérie, en évoluant au fil des décennies, en se modernisant, s’est défaite de ce qui, pour Naima, aurait constitué un marqueur important, un des rares points de repère laissés par quelques récits élliptiques »

 

 

Elle voudrait comprendre pourquoi elle petite fille de Harki, elle est maudite par certains sur la toile.  Le silence d’Ali pèse sur ses épaules tout comme il a pesé sur celles de son père. Quel est son point d'attache avec ce pays de l'autre côté de la méditérranée ? 

 

 

 

J’arrête ici j’en en déjà trop dévoilé de ce roman.

 

 

Ce qui m’a heurtée en lisant, c’est ce mépris que la France avait pour ses anciens colonisés. Vous venez chez nous qui était chez eux également puisqu’ils avaient la nationalité française mais vous vous taisez, vous allez où on veut bien de vous. Et fermez-là.  Quelle honte ! 

 

De plus ne parlant pas le français ou si mal comment comprendre ce pays, comment communiquer ? Gràce au fils qui lui deviendra un vrai français dans vos rêves.  

 

 

Si je devais prononcer un mot après lecture du roman c’est tolérance l’un envers les autres. Derrière chaque visage se cache une histoire, des rêves. Et que les occidentaux cessent de croire que ce sont leurs rêves qui sont les plus beaux. 

 

Un roman coup de tonnerre. N'étant pas critique de livres, je ne sais que retranscrire mon ressenti. L'analyse structurelle et litteraire, est sûrement très basique mais j'ai l'espoir que vous le lisiez. 

 

« Ces colonnes qui partent venger croisent des colonnes de villageois qui partent, tout simplement, qui s’enfuient, sans but, sans rien, juste la panique. Si l’on pouvait trouver un point d’observation plus haut que les sommets des montagnes, on verrait que les versants de celles-ci sont parcourus en tous sens, on verrait des lignes mouvantes, une fourrière devenue folle »

17 août 2017

Ce qui gît dans ses entrailles de Jennifer Haigh

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« Il a expliqué que la foi est l’enfant de la peur, une terreur primitive partagée par tous les animaux, la hantise de notre propre négation. Voulant à tout prix se croire éternel, l’homme embrassera la plus extravagante des fictions : la rédemption ultime, la justice finale, l’homme-sieur qui a parcouru la terre. La foi, finalement, est l’entêtement humain à une échelle héroïque - le déni passionné, le refus absolu et éternel de mourir. »

 

 

Bakerton, petite ville de Pennsylvanie, qui vit le jour grâce à la découverte de l’énergie fossile nommé le charbon. Les mines firent la fortune de la ville pour la plonger dans le silence lors de leur fermeture.

 

 

Pennsylvanie, l’Etat où se produisit l’incident de la centrale nucléaire Three Mile Island. Personne ne fut évacué. Juste un ordre de fermer les fenêtres. Comme si les radiations optaient pour le mot frontière. On deversa l'eau de la centrale nucléaire dans les rivières. 

 

Wesley pasteur à Bakerton vécu ce drame enfant. Le cancer l’a déjà emporté quand le roman débute. 

 

Bakerton ville morte alors quand les habitants apprennent qu’ils peuvent faire fortune en louant leur sous sol à une grosse boite qui s’occupe d’extraire le gaz de schiste et ainsi récupérer un peu d’argent et beaucoup pour certains, pourquoi hésiter ? Il y a toujours les irréductibles mais bon on se passera d’eux. 

 

La faille va porter le nom de Marcelus et la machine peut se mettre en cadence. 

 

Ils ont signé très vite pour la plupart, pas lus les petits caractères. Ils vont vite comprendre qu’ils n’ont plus aucun pouvoir sur leurs terres.  Le bruit qui ne laisse aucun répit. Tout ce qui était leur passé a été enfoui dans la terre.   

 

Il y a l’écolo de service qui vient faire un tour. L’eau qui pourrait être contaminée par le méthane.

 

Comment se battre contre un dinosaure ? Tenter …

 

Et puis c’est la banqueroute pour la société. Le big boss est lâché de toute part. Bakerton retourne au silence.

 

Pourtant la vie ne sera plus la même. Ils ne seront pas plus riches mais ils ont compris que le bonheur cela se serre dans le creux des mains. Vaille que vaille. 

 

 

 La découverte des énergies fossiles a totalement changé la vie des Hommes sur notre planète. Pour les uns ce fut l’enfer des mines pour d’autres le bonheur de s’enrichir tant et plus mais voilà il fallait que l’homme se prenne pour un Dieu et qu’il crée les centrales nucléaires dont on ne saurait se passer malheureusement  totalement malgré tout ce que l’on proclame. Et nouvelle découverte, surtout aux USA, le gaz de Schiste qui pollue les sols même si l’on prétend le contraire. Energie la déesse bienfaitrice. 

 

 

Jennifer Haigh nous a concocté un roman fabuleux sur cette Amérique qui tente dans certaines régions de revivre souvent avec désillusion après  avoir touché l’espoir. Régions soumises à la cupidité de l’homme qui veut absolument augmenter sa montagne d’argent qui entre nous n’est que virtuelle. Les fortunes actuelles sont basées sur de l’argent virtuel donc inexistant.  

 

Je n’en rajouterai pas plus. Les bases de notre société planétaire sont contenues entre les lignes du roman.

 

 

 

6 juillet 2017

Le coeur à l'aiguille de Claire Gondor

le coeur

 

 

A peine reçu, j’ai lu les premiers mots et je savais déjà qu’il avait gagné ce roman de la sélection des 68 premières fois. 

 

 

Leila, glisse l’aiguille entre les mots d’amour. Elle surfile, elle faufile. Rien ne peut l’arrêter même cette canicule qu’elle cache derrière ses volets fermés sur son amour. 

 

Dans la boite, le paquet de lettres diminue. Elle brode sa robe de mariée de souvenirs.

 

Chaque lettre correspondra à une partie du corps. Elle épinglera ses années de bonheur pour célébrer cet amour entre elle et Dan.

 

Elle ne sait pas pourquoi elle s’accroche à ce travail de couture. Guérir ou souffrir ? Elle ne sait pas mais elle le doit.

 

Petit à petit Leila dévoile son passé. La rencontre avec Dan dans une boite de nuit. Elle portait cette robe verte pour laquelle elle avait eu le coup de foudre.

 

Dan et son regard si perçant. Dans et la fête foraine. Dan et leurs jeux d’amour. Dan et cette blessure qu’elle pique au bout de l’aiguille. 

 

Dan là bas brûlant sous le soleil. 

 

 

« La vie n’attendait pas que Leila se relève. Il fallait construire à présent, et rassembler les morceaux de son existence en miettes. Les reprendre à l’aiguille, les ramasser en fil, en suivant les courbes d’un patron de robe. Suturer la douleur pour la faire taire enfin. »

 

 

 

Comment expliquer qu’un livre et pas un autre vous lance des émotions. Impossible.

 

J’ai aimé chaque mot de ce roman. J’ai imagine la silhouette de Leila perchée sur ses talons. L’ombre de Dan bien plus grande. J’ai suivi le travail de l’aiguille, imaginé la robe penchée, ecouté le bruit du papier transpercé. 

 

Oui un véritable coup de coeur. 

 

« Lorsqu’elle relevait la tête, Leila voyait par les fenêtres grandes ouvertes les arbres malingres du square de Oiseaux-quels oiseaux, bien malin qui aurait pu le dire, elle-même n’en avait jamais vu un seul dans ce parc- et les enfants qui se brûlaient les genoux sur le métal du toboggan. Elle avait traversé l’été les ciseaux à la main, recluse dans son salon. »

 

20 juin 2017

Bien des ciels au-dessus du septième de Griet op de Beeck

ciel

 

« J’ai trente six ans. Je me demande si les gens tirent de leur vie des enseignements. Il m’arrive de penser que je fonce chaque fois vers le même mur et que ma tête s’y heurte de plein fouet. Parfois, j’ai un autre avis. C’est ce qui s’appelle vivre d’espoir ».

 

 

 

C’est un roman qui se déroule en Belgique mais cela pourrait être à tout autre endroit.  En Flandre plus précisément mais cela pourrait être dans une autre région. Les personnages ressemblent à nous à vous dans la recherche de ce bonheur qui nous démange, parfois difficile à agripper.

 

 

Trois générations qui vivent le quotidien et qui se cognent à la joie et aussi la tristesse.

 

Eva travaille dans une prison comme aide sociale. Trentenaire, célibataire. Elle se demande pourquoi personne ne veut d’elle. Elle croit en la bonté des gens : c’est cela qui la maintient debout.

 Elle adore sa petite nièce Lou qui se confie à elle. Petite Lou en butte à la méchanceté des autres adolescents car une certaine Vanessa la snobe. 

 

Sa maman Elsie est mariée avec un médecin qui est le plus souvent absent.  En plus de Lou, elle est maman d’un garçon. Elsie grande soeur d’Eva tourne en rond dans son couple. Alors quand elle rencontre Casper un peintre qui lui est présenté par Eva, elle pense que tout peut changer. 

 

Le père JOs est un alcoolique et sa femme Jeanne ne cesse de le tancer sur cette propension à la diVe bouteille. Personne ne connait le terrible secret de JOs et cela le ronge vis à vis de son frère. 

 

 

Trois générations qui vivent leur quotidien  et il ressemble tellement au nôtre. 

 

« Je regarde dehors, j’aime les couleurs du crépuscule. Casper sait admirablement les décrire, il dissèque toutes les nuances et le formes comme seul un peintre peut en voir l’utilité. » 

 

 

Un très beau roman qui parle des petits moments qui se succèdent dans la vie et la tentation d’en extirper la poésie qui les compose. Un roman tendresse entre le rose et le gris. 

Très belle découverte.

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1 juin 2017

Une enfance américaine de Annie Dillard

« Vous aussi vous vous le demandez parfois, comme moi, mais cela n’a pas d’importance. Car l’essentiel n’est ni vous ni moi, ni ce que nous aurions pu être, ni ce que nous aurions pu devenir.  Ce qui compte, c’est que nous prenions conscience de ce qui nous entoure, que nous découvrions un lieu, que nous trouvions un globe en orbite, sur lequel nous pencher, réfléchir et sauter. Ce qui importe, c’est le moment où une vie s’ouvre, où nous sentons qu’elle touche - avec un sifflement électrique et un cri- notre monde actuel, cette sphère minérale, ocellée »

 

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J’ai longtemps tourné autour des livres d’Annie Dillard dans la librairie, hésitation. Ils chuchotaient : on est là oui on est là. Pour me décider à choisir une enfance américaine. Flute, j’aurais du m’emparer de tous car quelle rencontre ! 

 

 

Annie Dillard a vécu à Pittsburgh durant son enfance et adolescence dans les années cinquante. Née dans une famille très aisée, son père étant fils d’industriel, mais élevée d’une façon très moderne pour l’époque. 

 

Son père adorait le jazz et un jour il décide de descendre en bateau vers la Nouvelle Orléans. Il n’y est jamais arrivé, s’arrêtant trop souvent en chemin et sa femme lui signifiant qu’elle en avait un peu assez d’être seule. Cela vous situe la figure paternelle. 

 

Sa mère, elle, femme au foyer, adore les beaux objets tel un mobile de Calder. Dans les années cinquante cela devait être peu courant. De plus, cette dernière aimait les calembours et jeux de mots et aménager les pièces de sa maison continuellement.

 

Elle sera l'ainée d'un trio de filles. 

 

De ses vacances d’enfant, elle nous raconte, le lac où son oma faisait la planche avec délice, ses grands-parents y possédant une maison. 

 

Sa mère lui laissant une grande liberté, ce qui est incroyable pour l’époque, elle explorait la ville juchée sur son vélo. Chaque grain de poussière pour elle, lui permet d’essayer de comprendre la vie. 

 

Ses premières lectures furent des livres naturalistes doublées de ceux traitant la société américaine. Née après la guerre, étonnement les enfants lisaient énormément de récits sur le nazisme et les combats. De plus, ils étaient soumis à des fausses alertes comme exercice. 

Ce n’est qu’à l’adolescence qu’elle s’intéresse  à la poésie et les romans venus d’Europe. 

 

Gamine de curiosité insatiable, elle collectionne les minéraux, joue au baseball. Toute petite, elle découvre qu’en tirant la peau du bras de ses parents, cela forme un cône. Elle dessine les détails que son regard à croisé. Et n’échappant pas à la société où elle est née, elle suit des cours de danse et participe à des rallyes à l’adolescence. 

 

 Elle aurait pu accepter de vivre comme ses compagnes une vie bien établie mais dès le départ, ses parents ont considéré que c’était elle qui devait la composer bien qu’à l’adolescence, ils se demandaient ce qu’ils allaient faire d’elle. 

 

Lire Annie Dillard c’est comme une ouverture. Un souffle de liberté. C'est inexplicable. 

 

Le livre qui a changé ma vie ? Maintenant je possède la réponse. 

 

24 avril 2017

Bruxelles à contrejour de Catherine Deschepper (nouvelles) et Martine Henry (photo)

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Si vous soufflez doucement sur les pages de ce magnifique livre, quelque poussière d’or volera peut-être vers le ciel. 

 

Travail remarquable associatif entre une photographe  Martine Henry et une écrivain Catherine Deschepper.

 

 

D’un cliché noir et blanc il n’y a qu’un pas vers la magie des mots qui nous fait valser au milieu de la piste de vie de femmes et d’hommes que l’on pourrait croiser dans le Parc Royal., sur le bord d’un trottoir, dans le quartier africain etc. 

 

Malheur, bonheur se mélangent et les fées ou farfadets ne sont jamais loin. Il y a même des chaises qui pensent. Je vous le disais que c’était magique.

 

 

J’adore ce livre car il raconte Bruxelles et ceux qui arpentent ses pavés. J’adore ce livre à travers ses photos. J’adore….

 

 

Prenez une pause, respirez doucement, regardez les gens qui déambulent. Bruxelles vous semblera toute autre. Mais chuuut, ne réveillez pas les démons. 

 

 

« « Je suis un farfadet égaré. Dans un parc. 

Domestiqué ? En tous cas, échoué au pied d’une haie bien taillée., par des êtres orage fluorescent, qui piétinent machinalement  leurs mégots sur les feuilles coupées.

Ici, les gens passent, vite, courent ou s’arrêtent devant des bois qui poussent étrangement à l’horizontale. Des bancs. Publics. Sur lesquels ils s’installent. A leur rythme. 

J’écoute. »

 

 

« Zinneke, je suis. En Bruxellois : un chien bâtard, un sans-race, un mélange à caniveaux. La richesse présupposée de la multiculturalité. »

 

 

 

20 avril 2017

Le Saut oblique de la truite de Jérôme Magnier-Moreno

truite

 

 

Un livre où s’éparpillent les couleurs. Un livre qui pétille de malice et de poésie. Un livre merveille.

 

 

Jérôme Magnier-Moreno, peintre de son état,  a mis dix années pour écrire ce premier roman qui je l’espère  ne sera pas le dernier.

 

Un jeune homme qui part pêcher la truite en Corse, plus particulièrement le long du GR20. Il a rendez-vous avec Olivier qu’il avait rencontre à l’école d’architecture. Olivier qui était anxyogène à l’enseignement et qui préférait mener ses tongs sur d’autres chemins.

 

 

« C’est lui que je dois rencontrer près de Corte, car énergumène pour qui j’ai la plus grande affection parce qu’il y a, sous le tissu de névroses qui l’enserre, quelque chose de vaste, de beau et de bleu. Comme une aspiration non négociable à la liberté ».

 

 

D’Olivier, il n’en rencontrera pas le regard car il n’est pas là le jour dit. Alors tant pis, le jeune homme s’en va à la rencontre de la truite. Olivier arrivera peut-être.

 

« A milieu du paysage corse, soudain mon long fil vert fluorescent de pêcheur à la mouche se courbe et se contre-courbe, danse, se pose quelques instants sur l’onde avant de s’agiter dans les airs à nouveau. »

 

Le jeune homme quittera la Corse sans avoir vu l’ombre de son ami. 

 

 

Ce petit roman contient tout le temps qui passe, les paysages de la Corse où les yeux du peintre découvre le détail coloré, le senteurs, les rencontres, l’amitié, un peu de tout, un peu de rien. 

 

Le saut oblique de la truite titre du roman a été puisée dans les eaux d’une nouvelle de Hemingway « La grande rivière au coeur double ».

 

« D’ailleurs, il n’y a qu’à l’écouter, la Rivière, Elle me parle, je l’entends par l’éloquence de son discours fleuve. »

 

 

Un livre qui offre le bonheur et l’ivresse de la liberté. 

 

 

 

18 avril 2017

Un clafoutis aux tomates cerises de Veronique De Bure

clafoutis

 

« Pourquoi est-ce que j’écris tout ça, au soir de ma longue vie, déroulant, le fil d’une existence banale ? Est-ce le besoin de ne pas m’éteindre complètement après que l’on m’aura fermé les yeux ? Ce n’est pas de mon âge de me pencher comme ça sur moi, d’écrire ma vieille tête et mon coeur usé. Ce sont les jeunes filles qui tiennent un journal, pas les vieilles dames. Je n’ai plus d’histoires de coeur à y coucher, je ne fais qu’y radoter, que pourrais-je faire d’autre. Ils vont bien se moquer ceux qui trouveront ce cacher après ma mort ». 

 

 

 

Jeanne a 90 ans et décide de décrire les jours qui passent durant quatre saisons. 

 

Elle se souvient de la jeune parisienne qu’elle était qui devien l’épouse de René originaire de la région de Vichy. Ils y vécurent quelques années avant de retourner dans la maison familiale , à Liernolles,  où ils vécurent avec leurs deux enfants et la satanée belle-mère qui critiquait tout de sa belle fille mais qui ne levait pas le petit doigt pour l’aider. 

 

 

Elle est veuve à présent et vit toujours dans cette maison isolée à la campagne dont les plus proches voisins sont des fermiers Fernand et Marcelle. Ils n’ont jamais quitté leur bout de terre sauf pour aller dans une ville voisine jouer à la belote partant dans la deux chevaux, Marcelle au volant. Elle sourit en repensant à la rencontre de Fernand et Marcelle. Ils se contaient fleurette dans une autre deux chevaux sous l’oeil sévère de la mère de Fernand. 

 

 

Jeanne regarde le temps qui passe. Rejoint quelques amies pour jouer au bridge mais elle appréhende de plus en plus de prendre le volant. La nuit elle ne veut absolument plus conduire. 

 

 

Tous les gadgets électroniques ou autre, il ne faut pas lui en parler. Elle n’y comprend rien et d’ailleurs, cela ne l’intéresse pas. Le temps où le facteur déposait des lettres attendues avec impatience est bien périmé. A présent, on s’écrit en SMS déjà qu’elle ne sait pas comment son GSM fonctionne. 

 

Une fois par semaine, Angèle vient faire le ménage car elle n’en est plus capable. Mais cuisiner, cela reste essentiel surtout quand les enfants, petits-enfants et arrière-petits enfants débarquent. 

Quand ils repartent, elle se sent mieux car vivre à leur rythme, c’est épuisant. D’autant plus que sa fille amène son chien qui fouille les poubelles. 

 

Elle ne marche plus allègrement Jeanne, elle s’aide d’une cane pour parcourir son jardin, humer le parfum des fleurs, découvrir que les lapins lui ont bousillé ses parterres. Elle prépare une soupe pour midi, fait ses mots croisés, s’endort dans le fauteuil et sa mémoire défaille parfois mais si peu comme le jour où elle avait préparé son fameux clafoutis pour recevoir ses amies. Mais Jeanne avait confondu les tomates cerises avec les cerises. Quelle surprise lors de la dégustation.

 

 

Le printemps s’est éveillé, l’été fut chaud et orageux, l’automne et ses belles couleurs, l’hiver accompagné de froidure, le printemps peut renaitre. 

 

 

Un clafoutis aux tomates cerises ressemble à un gros Gâteau dont on savoure chaque part sans en vouloir la fin.

 

Très beau portrait si doux de Jeanne. On aimerait s’asseoir à ses côtés et regarder passer le temps et ne pas avoir peur de vieillir.  

 

 

 

 

« Apparemment, c’est devenu à la mode de se faire brûler. Eh bien tant pis, je ne serai pas à la mode. D’abord, je veux une belle messe. Ensuite, je veux qu’on me mette en terre, pas sur un bûcher. Qu’on m’allonge doucement dans une boîte en bois et qu’on m’y laisse reposer en paix le temps qu’il faudra, auprès de René. Je ne veux pas qu’on me réduise en cendres pour me fourrer dans une urne qui ne ressemble à rien ». 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 avril 2017

Outre-Mère de Dominique Costermans

outre mère

 

 

Nul n'est prophète en son pays, l'adage est bien connu. Depuis toujours je freine quand il s'agit de lire des auteurs de mon pays comme si la belgitude diminuait leur talent littéraire. C'est idiot je sais. Alors comme ce roman était dans la liste des 68 premières fois, j'ai plongé et touché, j'ai adoré. 

Donc je partage ce bonheur de lecture dans le cadre du mois belge d'Anne et de Mina.

 

Lucie est à l'âge de faire sa communion. Son père comme de bien entendu lui présente des images pour illustrer cet événement. Elle doit choisir celles qu'elle préfère afin de les offrir. Curieusement derrière l'une d'entre elles un nom et prénom : Hélène comme sa maman mais le nom n'est pas Lambert mais Morgenstern. Intriguée, elle questionne sa mère qui lui répond évasivement. A sa réponse Lucie voit bien qu'Hélène est troublée. 

 

En 1996, coup de téléphone d'Hélène annonçant à Lucie que sa mère est morte. Point final. Lucie va se rendre dans la maison de retraire non loin de chez elle et comprendre que Suzy sa grand-mère vivait là depuis vingt cinq ans sans qu'elle le sache. 

Dès lors Lucie va vouloir comprendre malgré les silences de sa mère sur son passé.

Petit à petit elle va dérouler le fil.

Charles Morgenstern était un juif, collabo durant la guerre. Avec sa femme Suzy, ils ont deux enfants : Helène et Misha. Charles oblige Suzy a abandonner ses enfants et de se rendre en Allemagne ou alors il dénonce les juifs de sa famille. Misha ne survivra pas à cet abandon. Helène va être confiée à une tante Ines qui a également élevé Suzy. 

Charles s'installe chez sa maitresse dont il aura  une fille. Et le vent tournant mauvais pour lui il s'enfuit en Allemagne.

Hélène va perdre son nom de Morgenstern pour Lambert car Ines et son mari vont adopter la petite fille. 

Durant les vacances, Lucie et ses parents se rendent en Savoie chez Sitelle. Lucie adore Sitelle mais elle va vite comprendre lors de son enquête qu'elle n'est autre qu'une troisième femme de Charles dont elle a eu aussi une fille. 

Et comble de tout, Charles vit non loin de là avec une quatrième femme qui a eu bingo décidément une fille. Ses convictions sont toujours les mêmes : fasciste, admirateur de Degrelle etc etc. 

Lucie plonge dans les peurs  de sa mère. Sa quête de la vérité est dictée pour délivrer Helène mais y arrivera t'elle ? et se délivrer elle -meme.

 

Admirable récit de ces secrets qui ont plombé la vie de femmes et d'hommes durant toute leur vie car il fallait se taire sur la honte d'avoir des parents collabos ou se taire sur la honte d'avoir réchappé des camps et d'être vivant. Les secrets de famille  il n'y a rien de pire. 

Lucie va puiser dans les archives, dans le quelques souvenirs maternels et dans la transcription du procès de Charles Morgenstern condamné mais sans être la puisque bien planqué. 

Une auteur a découvrir ...

 

 

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