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Les couleurs de la vie

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16 mars 2017

Marx et la poupée de Maryam Madjidi

marx

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Depuis que je l’ai refermé, il faut que je me pousse pour me décider à en parler. Comme une envie de le garder contre mon coeur et d’y coller des rêves.

 

On pourrait parler d’un coup de coeur mais c’est plus que cela. 

 

 

Je me lance…

 

Maryam n’est encore qu’une petite chose dans le ventre de sa mère, qu’elle perçoit déjà le son de la révolution en Iran. Sa mère enceinte, pour échapper à la mort, se jette par une fenêtre. Elle en réchappe et Maryam également bien agrippée et décidée à naitre.

 

Ses parents sont communistes et combattent ce nouveau régime créé sur la peur mais peu à peu ils réalisent que la seule solution est de partir. Le père rejoint la France en premier. Maryam n’oublie pas ce jour où elle a vu ses parents enterrer leurs livres tout comme elle va enterrer ses jouets pour les retrouver le jour où elle reviendra. 

 

Il est temps de rejoindre le père. Le voyage semble compromis quand un garde de l’aéroport confisque le passeport de la maman car une mèche de cheveux dépasse de son voile. Maryam va se mettre à hurler et chance, le garde s’émeut. Elles peuvent rejoindre la France.

 

L’exil et la découverte de leur nouvelle maison : une seule pièce au sixième étage d’un immeuble. Les toilettes sur le palier.

 

Nouvelle langue, nouvelle école. Maryam ne parlera pas tant qu’elle ne pourra pas leur démontrer qu’elle parle aussi bien qu’eux, les français.

 

Nouvelle nourriture, nouvelles habitudes, nouvelle vie. Comment grandir loin de l’Iran, de ses senteurs, de sa grand-mère, de ses origines….?

 

Conflit avec le père qui veut qu’elle n’oublie pas le persan, sa langue maternelle. La jeune fille refuse, elle est si loin de ce pays. Elle finira par céder.

 

Premier voyage en Iran. Bonheur de retrouver sa famille et surtout de revoir sa grand-mère. Elle ne veut pas repartir. On lui explique qu’elle est folle, que l’avenir n’est pas ici pour elle. Elle de la chance de vivre dans un pays libre et elle veut s’enfermer sous un tchador. Il n’en est pas question. Elle retourne en France. 

 

 

Le roman de Maryam Madjidi est une pure merveille. Elle y a glissé ses rêves mais également ceux de ses parents. On vole au-dessus de ses mots, planant  entre  des contes et de la poésie. On croit en la bonté des fantômes qui lui parlent. Elle nous crie ses vérités pour effacer sa double identité. Elle nous cisaille le coeur à travers le regard d’un enfant exilé par la bêtise des adultes. Rouge, noir,rose, blanc, gris, bleu; une palette de couleurs innombrables dansent sur chaque lettre. 

 

Un livre d’exil, un livre de non oubli. Vous n’en sortirez pas indemne de cette lecture.

 

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3 mars 2017

La libraire de la place aux Herbes de Eric de Kermel

livre

 

 

Nathalie quand elle découvre que la librairie de la place aux Herbes est en vente n’a plus qu’une idée : l’acheter. Son mari Nathan architecte est d’accord. Elle quitte donc son métier d’enseignante et change tout à fait de vie.

 

Elle va devenir Passeuse de livres et former des liens entre elle et ses différents clients.

 

Que dire de ce livre ? Qu’il est gentil tout simplement. Un monde de bisounours où la libraire raccommode des personnes qui ne se voient plus, elle aide une cliente à accepter sa grossesse, elle tombe même amoureuse mais en rêve bien sur….

 

 

Le roman est basé sur l’affectif que les lecteurs ont par rapport aux livres ainsi que le relationnel entre une libraire et ses clients. Et l’on tombe dans un roman style Jeannine Boissard. Auteur que j’apprécie mais dans ce cas ci c’est un échelon en dessous.

 

Il n’y a qu’une ombre au tableau : Nathalie est en conflit avec sa fille qui ne veut plus la voir mais rassurez vous, tout finira bien.

 

Si vous avez envie de découvrir Uzes, vous serez charmé par la description de cette petite ville du sud. 

 

J’ai abandonné en cours de lecture. 

 

Par contre, chaque chapitre est précédé par une illustration de Camille Penchinat et là c’est un point positif. 

 

 

28 février 2017

Chère Brigande de Michele Lesbre

brigande

 

 

Attirée dans une soirée, par une femme seule à la longue chevelure rousse dont personne ne connait l’identité, le jour où elle découvre une sdf à la chevelure rousse, installée devant une boutique, l’écrivain est persuadée que c’est la même personne.  Tentative de communication mais la femme ne répond pas, comme si elle était en dehors de toute cette société qui l’entoure. Libre d’être ce qu’elle désire.

 

Un jour  la femme a disparu juste une inscription « où es tu Marion » sur le mur où elle s’adossait. Pour continuer cette rencontre , partir à la recherche de la rebelle rousse Marion du Faouët, là bas à Quimper où elle fut pendue en 1755. Marion pour s’accrocher au vent face à la pesanteur. 

 

« Puis elle a disparu. il m’a semblé qu’avec elle disparaissait cette mise en garde qu’elles représentaient, elle et toute cette humanité échouée sur les trottoirs de la ville. Nous aurions un jour des comptes à rendre ».

 

 

Suivre les traces de Marion dans les rues de Quimper, suivre les traces de ces moments du passé accompagnée du souvenir d’une histoire intime. 

 

Marion la rebelle qui ne voulait pas apprendre à lire ni écrire. Marion qui préfère s’amuser. Tu vas rencontrer Henri l’homme de ta vie. Mariage, enfants. Cela ne t’empêchera pas de créer ta bande de brigands pour venger les pauvres que le riches piétinent de leur mépris. Ta liberté on la pendra au bout d’ une corde. Tu ne rentrais pas dans les normes, pourquoi s’embarrasser d’une telle femme ? 

 

 

 

Michele Lesbre écrit une longue lettre à Marion Du Faouêt, lui rappelant la vie qu’elle a menée du temps où la Bretagne hurlait  famine. Elle lui raconte son face à face avec cette SDF qui ne peut être qu’un lien entre elles. Ces autres femmes qui ont lutté pour vivre comme elles l’entendaient. Ces femmes qui se sont insurgées contre  le rôle que les hommes désiraient les voir endosser.

 

« J’avais six ans quand les femmes ont pu voter pour la première fois, en 1945 ! Le droit à l’avortement ne sera reconnu qu’en 1975, grâce au courage de Simone VEIL qui le défendit sous les huées de nombreux parlementaires. Mais il faut sans cesse veilleur sur nos conquêtes, elles sont fragiles. »

 

Tenter de comprendre ce monde qui s’est changé en ce maelström de misères qui parsèment nos bonnes consciences. Tenter de ne pas désespérer. Tenter de serrer la liberté pour qu’elle s’envole plus haut encore et encore. Ne pas se laisser piétiner….

 

 

Première lecture de Michele Lesbre dans ma vie de lectrice et quelle lecture ! Une lettre sublime qui m’a remuée.  Trouver les mots justes, si difficiles. Un tout petit livre, une pépite. Soyez libre….

 

 Une autre avis la magnifique lettre de Sabine 

 

27 février 2017

Presque ensemble de Marjorie Philibert

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Dans cette chronique, je vais déroger à ma synchro sainte règle de ne pas parler d’un livre que j’ai abandonné.  Mais parce qu’il fait partie des 68 premières fois, je me lance.

 

 

12 juillet 1998, finale de la coupe du monde où la France affronte le Brésil. Nicolas qui aime la foule unie dans l’amour du foot, se rend dans un bar où il va rencontrer le destin amoureux : Victoire. 

 

Première nuit et ces deux là s’embarquent dans une vie amoureuse qui ressemble à celle de deux êtres qui se sentaient seuls et puisque l’autre est là, pourquoi pas ?

 

Ils terminent leurs études. Victoire a une amie et Nicolas un ami qui vont également se mettre en couple. 

 

Etudes terminées, il faut chercher un travail mais sans grande passion.

Nicolas est sociologue et va trouver du trouver dans une société qui traite de faits de société. Victoire, quant à elle, est prise comme voyageuse dans des grands hôtels et doit en faire une critique élogieuse pour une revue de voyages. 

 Leur vie de couple est très calme.  Un petit appartement.  Une vie de couple sans grand désir et parfois cette peur en voyant la misère que cela ne leur arrive.

 

Un temps, ils adoptent un chat qui disparait vite de leur vie apparemment. Ils ne sortent presque plus, en totale symbiose. 

 

Ils commencent à s’ennuyer ferme dans leur train train. 

 

Nicolas va tromper Victoire avec une collègue et Victoire va tromper Nicolas durant l’un de ses voyages. 

 

C’est là que j’abandonne car l’ennui du couple m’a totalement envahie. 

 

 

C’est un roman très bien écrit, que j’ai apprécié au début mais ce manque de bonheur, ce manque d’émotion et ce manque de poésie qui n’illuminent pas les pages m’ont laissée sur ma faim.  Aurais- je du persister et continuer ma lecture ? C’est possible que j’y aurais trouvé ce que je cherchais. 

 

Un portrait d’une génération qui a un moment m’a fait penser aux Choses de Perec. Même genre d’analyse mais d’une autre génération. 

 

Ce roman plaira certainement à d’autres lecteurs et lectrices et tant mieux car un livre touche de façon différente chacun et chacune. 

 

23 février 2017

La téméraire de Marine Westphal

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Dès les premiers mots, je savais que ce roman percutant avait gagné son pari.

 

Dans un pavillon qui ressemble à un cube, une pièce apparemment en désordre. Une femme avachie dans un fauteuil et le lit qui trône au milieu de la pièce de séjour. Dans le lit, le corps d’un homme victime d’un AVC. 

 

« avant c’était la pièce à vivre » 

 

Lo Meo et Sali sont mariés depuis plus de trente ans. Le couple qu’ils forment a donné naissance à une fille et un garçon. 

 

Lo Meo aime la nature. Son métier est de préserver cette nature intacte. Il maintient les sentiers en état et surveille les randonneurs. C’est en octobre que s’est arrivé. Il discutait sur les hauteurs du lac l’Oredon . Il discute avec un collègue de leur travail et en une fraction de seconde c’est la chute dans un autre monde.

 

Il va rester quelques mois à l’hopital mais il vit sans les machines donc il peut retourner  à la maison. 

 

Aidée de deux infirmières, Sali veille sur lui. Espérant jour après jour, nuit après nuit, un signe, un geste infime d’un doigt, un clignement de paupière qui lui ramène son Bartoloméo tel qu’il était avant.

 

Leurs enfants sont complètement perdus face à ce père. Maia se noie dans l’alcool et danse avec des corps inconnus. Gabin est figé dans sa peine.

 

Sali contemple son mari et peu à peu une idée germe en elle. S’il doit mourir, ce sera dans un endroit qu’il aurait aimé. Elle reprend des forces pour accomplir son magnifique geste d’amour.

 

 

Marine Westphal est infirmière et nous raconte non pas de manière chirurgicale mais poétique ce bouleversement du corps lors d’un AVC. 

 

 

« C’est une poussière  qui se perd dans l’espace et vient percuter le destin, comme une aiguille  un ballon d’anniversaire. Poc »

 

Comment vit-on l’état végétatif de l’homme qu’on aime ? Sali ne peut le supporter mais son amour est si grand qu’elle va accomplir ce que certains se refuseraient. 

 

 

Ce premier roman, je l’ai lu dans le cadre des 68 premières fois mais je l’avais déjà choisi auparavant car le thème m’intriguait.   

 

Un premier roman écrit avec des mots dans toute leur simplicité et qui nous entraine dans une danse d’émotions. Marine Westphal nous met face à face avec la maladie, en tout humanisme.

Premier roman qu’il ne faut pas manquer de lire.  

 

On le referme avec un uppercut au coeur.

 

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14 février 2017

L'immeuble Christodora de Tim Murphy

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L’immeuble Christodora édifié en 1928 et ayant connu due nombreux aléas mobiliers est réhabilité dans les années quatre vingts. Le père de Jared y achète un appartement, y établi un bureau et son fils durant ses études y vient régulièrement adorant New York. 

 

Jared va rencontrer Milly . Après une rupture, ils se retrouvent et se marient. Bien entendu ils intègrent l’appartement du Christodora pour y vivre pleinement leur amour ainsi que celui de l’art qui les uni car ils sont tous deux artistes.

 

Milly  est une angoissée. Sa mère Ava grande défenderesse de la recherche contre le sida souffre de dépression et de bipolarité. Missy en a souffert toute son enfance des changements d’humeur de sa mère. Elle même étant dépressive, elle ne veut absolument pas mettre au monde un enfant de peur que lui aussi souffre de la même maladie.

 

Dans l’immeuble vit également un homosexuel Hector qui est devenu quelqu’un d’agressif, après avoir perdu l’homme de sa vie Ricky qui ne voulait pas se faire soigner même si malade du sida. Il est tombé dans la spirale de la drogue et n’est pas fort aimé. 

 

Milly et Jared adoptent  un enfant Mateo. Milly est tombée sous son charme lors d’une visite à un orphelinat dont sa mère s’occupe. C’est un enfant qui aime dessiner, créer.

 

Les premières années se déroulent dans le bonheur mais à l’âge de quinze ans tout dégringole : Matto souffre de ne pas connaitre sa vrai mère même s’il possède une photo d’elle. La descente va commencer lorsqu’Hector l’initie à la drogue. 

 

Ce que Mateo ne sait pas et qui aurait pu le sauver, c’est qu’Hector connaissait sa mère Isabel Mendes, morte du sida contractée lors d’une relation sexuelle. Isabel Mendes après avoir été reniée par sa famille va devenir une militante pour que les femmes soient également reconnues par l’Etat comme malades du sida à égalité avec les hommes pour la couverture sociale. Si Mateo avait su tout cela, sa vie aurait été totalement différente. 

 

Ava, Milly, Jared, Hector, Isabel, Mateo. Il ne manque dans le cercle que Drew qui est la meilleure amie de Milly . La si belle Drew que Milly  a aidée à décrocher de la drogue dans leur jeunesse. 

 

 

 

Je me souviens au début de mes vingt ans de l’arrivée de cette maladie qui fut terrible. Les principaux touchés furent les homosexuels. Les homophobes de l’époque jubilaient de la mort de ces suppôts du dévergondage. La bêtise humaine était telle que des enfants étaient rejetés par les parents d’autres enfants. Certains imaginaient qu’un seul baiser pouvait vous transmettre la maladie.

 

Le livre raconte comment la communauté homosexuelle a du se battre pour que l’on arrive à trouver un remède. Il a fallu du temps pour que l’on comprenne que c’était l’association de certains médicaments qui pouvaient mener à la guérison même si le malade était toujours porteur du virus du sida. Pris séparément ces pilules aidaient quelque temps avant de trouver un autre traitement. 

 

Outre l’homosexualité, la drogue prend une part importante du roman. Un chapitre est particulièrement très dur, la descente d’un drogué vers l’overdose est totalement une descente aux enfers et rien ne vous est épargné durant ces quelques pages. 

 

Il n’y aucune haine dans le roman, des personnages auxquels on s’attache mais surtout des êtres humains qui aident les autres et dans notre société égocentrique à outrance c’est une bulle d’espoir qui nous permet de croire encore à la bonté car elle existe. Il faut s’y cogner tout simplement.

 

Et l’art, surtout l’art qui permet de créer des liens, d’échanger, de vivre….

 

« C’était différent. Ce n’était pas un besoin obligatoire pour eux de devenir artistes professionnels. J’était là pour les aider à trouver leur voie créative, et les initier à l’art et au rôle qu’il pouvait jouer dans leur vie. Surtout s’ils venaient de foyers difficiles. Avoir une feuille de papier et une boite de crayons…C’est une véritable échappatoire. »

 

Beaucoup seront peut être un peu perdus à la lecture car le roman se déroulant entre les années quatre vingt et deux mille vingt, les chapitres sont un mélange de ces années. On passe du futur au passé sans cesse. En tant que lectrice j’aime cette manière d’écrire. 

 

 

 

« Ces dernières années, il avait vu tant de couples vivre dans l’agonie permanente, à attendre que l’un ou l’autre meure, à réaliser qu’ils avaient une deuxième chance, à se réveiller au contact de la dure réalité d’une vie qui ne voulait pas les abandonner, finalement - des dettes, des factures, des emprunts, des emplois à trouver. »

 

 

9 février 2017

Une femme au téléphone de Carole Fives

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Une mère telle que Charlène, il faut du cran pour la supporter. La soixantaine, seule dans la vie, elle ne cesse de téléphoner à sa fille. A toute heure. 

 

Pour lui annoncer qu’elle s’est inscrite à Meetic, se plaindre de tout et de rien. Un jour son fils l’énerve, l’autre jour il a toutes les qualités. Et puis elle l’écrivain, il faut y mettre du sien pour connaitre le succès, d’ailleurs elle a quelques idées de romans en tête. Bref, la mère super envahissante. 

 

Même quand elle on lui annonce son cancer, pas de perte d’énergie. Elle se rase la tête avant que les cheveux ne tombent et hop un perruque blonde. Elle n’arrête pas de fumer, pourquoi ? elle a déjà ce foutu cancer, on ne vas pas encore la chicaner  sur ça. 

 

Elle passe son temps à raconter au téléphone tout ce qui se déroule à l’hôpital. 

Quand elle retrouve sa maison, elle décide de peindre à tout vent. Mais oui j’ai peint du Matisse, comment cela pas du Matisse ! Picasso peut-être. 

 

Et zou, embarquée à l’hôpital psychiatrique. Sus à sa bipolarité. Et re appel téléphonique pour démontrer à quel point les gens sont bizarres dans ce genre d’endroit mais qu’on y est si bien. 

 

 

Re retour à la maison. La fille de son frère est insupportable. Sa belle fille enfin bref c’est sa belle fille. 

 

Et à nouveau recherche sur le net dans les sites de rencontre après l’homme , enfin l’homme car ma petite après cinquante ans il faut ramer.

 

 

Sans oublier la copine Colette qui parfois n’en peut plus et c’est la rupture très brève il faut bien l’avouer. 

 

Et voilà que sa fille, l’auteur, attend famille.  Tricoti tricotons.

 

« Allo, tu ne dors pas au moins ? Ca y est ils sont repartis, oh là là, quelles histoire. Qu’ils ne reviennent pas ici avec leurs gamins. Ca gueule, ça débranche les perfusions, ça saute sur le lit, ça se met des piqûres  dans le nez….Mais je suis calme, je suis calme, je tricote. Je termine ton pull, au moins si je meurs tu pourras porter quelque chose que je t’ai fait, il ne me reste que l’encolure et les finitions ». 

 

« C’est à quelle heure déjà ? Il faut vraiment que ça soit toi pour qu’on mette France Culture ! Tu stresses parce que tu passes à la radio ? Mais il n’y a pas de quoi. Tu te fais un monde avec ça alors que personne n’écoute. C’est pas RTL tout de même »

 

Un livre tragico comique qui amène le rire mais on n’ose imaginer ce que ressent la fille au bout de la ligne :   la colère, de l’angoisse et de la colère suivant les réponses de la mère. 

 

Et ce fond de tendresse  qui traverse l’humour. La mère raconte son enfance qui n’a pas été aussi heureuse que celle de ses petits enfants. Une mère qu’elle détestait. La séparation d’avec le père qu’elle adorait. Et cette solitude quand les enfants sont partis et qu’ils ne viennent pas vous voir assez souvent. 

 

Faut s’accrocher quand on  a une mère de cet acabit. 

 

A lire de toute urgence si vous êtes en perte de moral.

 L'avis de Cathulu

7 février 2017

Ma mère du nord de Jean Louis Fournier

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« Notre mère n’a jamais eu de chauffeur. Elle a toujours été aux commandes. C’est elle toute seule qui a dû conduire sa vie, et la vie des autres. Elle n’a jamais pu compter sur son mari, il était irresponsable. C’est elle qui a tenu le volant toute la route. 

Elle a conduit prudemment. Elle devait faire attention, derrière, il y  avait quatre enfants et, dans le coffre, un mari qui ronflait. 

Elle nous a menés à bon port ».

 

La maman de Jean Louis Fournier est née de vieux parents, élevée dans l’encens. Pas très gai comme enfance certainement. Rue de la Paix à Arras. Elle y passera une grande partie de sa vie, à peine mariée, elle y reviendra avec des enfants. 

 

Elle va suivre des études de lettres et obtiendra un poste de professeur en Français à Lens.  

 

Et comme de bien entendu, elle rencontre un garçon mais ce ne sera pas celui là l’heureux élu. Non ce sera Paul le médecin. L’avenir lui semble si beau aux bras de cet homme. 

C’est à Calais que l’auteur voit le jour mais son père se sent à l’étroit. Direction l’Artois où Marie -Therèse va vite comprendre qu’elle a épousé un alcoolique. Alcoolisme connu de tous mais caché par tout le monde. 

 

Après la naissance des deux frères, installation à la case départ : rue de la Paix à Arras avec la grand mère qui y garde un appartement en compagnie d’une de ses filles.

 

La maman de Jean Louis Fournier était une rêveuse. Elle aimait jouer du piano, regarder un tableau, découvrir. Elle aurait pu être heureuse, si heureuse mais elle avait épousé la mauvaise personne. 

 

Une soeur est née 14 ans après l’auteur : Catherine. Elle n’as pas connu son père longtemps car il est mort dans la trentaine.

 

Marie Therese aurait peut-être pu refaire sa vie. Ce ne fut pas le cas. Elle aurait tellement voulu qu’on s’occupe d’elle mais les enfants ayant leur propre vie…

Elle était adorée de ses petits enfants. 

« Je pense à ma mère, à ses longues soirées d’hiver, à ses longues années de solitude.

Dans le tourbillon de la jeunesse, on ne sait pas que ça existe, on comprend plus tard. Maintenant, je sais ce que veut dire le mot solitude. J’ai de plus en plus besoin de mon chat »

 

 

Superbe portrait de la maman de l’auteur mais les fils ne reviennent-ils pas toujours chez leur maman après leurs mauvais coups  ? Et ce fut le cas de Jean Louis Fournier qui lui en a fait voir à Marie-Therese.

 

Superbe message d’amour entouré d’humour.

La mère du nord n’est pas loin de la mer du nord car chaque chapitre est bordé par une évocation des effets naturels.

 

Un portrait très émouvant.

 

L'avis de Cathulu

 

6 février 2017

Brunetti entre les lignes de Donna Leon

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Chaque année, j’attends avec impatience le nouveau Brunetti. Pas de gros meurtres bien ensanglantés, pas de psychopathe. Loin de tout cela, Guido Brunetti vogue sur les canaux et les rues de Venise tentant de découvrir le pourquoi et le comment de l’assassinat concerné. 

 

 

 

Dans cette dernière enquête, il est confronté à un vol de livres anciens. 

 

 

Il est appelé par une bibliothécaire la Dottoressa Fabiani. Elle est en charge de la Merulla, qui conserve des livres très anciens. Certains ont été volés, d’autres ont des pages arrachées.

 

Guido se rend à la bibliothèque où outre la bibliothécaire, il fait la connaissance de Santor qui y travaille également.

 

La bibliothécaire soupçonne un chercheur  américain d’être l’auteur de ces méfaits. Ce ne peut être l’ancien prêtre défroqué FranChINI toujours plongé dans des textes religieux. 

 

Ledit Franchini se faisant assassiner, l’affaire prend une nouvelle tournure.

 

 

« Certes, il y avait désormais un ordinateur, chose qui n’existait pas à l’époque où Brunetti était étudian, mais l’odeur était restée la même. Les vieux livres l’avaient toujours empli de nostalgie  pour les siècles où il n’avait pas vécu ».

 

 

Comme d’habitude à travers les paroles de Brunetti, Donna Leon lance quelques critiques sur la manière dont est gérée Venise : les gros paquebots touristiques provoquent des remous dans les canaux qui affecteront surement la ville lacustre mais d’ici quelques années. J’ai appris que le grand concepteur des digues qui doivent sauver Venise, est en prison pour détournement d’argent et que lesdites digues ne sont peut être pas si protectrices comme on veut bien nous le faire entendre. Corruption, chantage, l’Italie telle qu’elle est gangrenée mais Brunetti commence à devenir philosophe avec les années et semble de plus en plus apprécier les petits plats que son épouse Paola lui concocte.

 

Dans cette dernière aventure, le printemps commence à envoyer de petits signes dans l’air et Brunetti comme à son habitude poétise sur la nature. 

 

31 janvier 2017

Sur les chemins noirs de Sylvain tesson

Que fait-on quand on valse dans le vertige et que l’on se réveille à l’hôpital la gueule de travers, le dos brisé ? On décide de se reconstruire. Pas question de partir vers une destination lointaine mais découvrir le pays où l’on est né, aller à la rencontre de sa mère décédée dans l’année. 

 

tesson

Découvrir oui mais à la manière Sylvain Tesson. 

 

« Ces tracés en étoile et ces lignes piquetées étaient des sentiers ruraux, des pistes pastorales fixées par le cadastre, des accès pour les services forestiers, des appuis de lisière, des vide antiques à peine entretenues, parfois privées, souvent laissées à la circulation des bêtes. La carte entière se  veinait de ces artères. C’étaient mes chemins noirs. Ils ouvraient sur l’échappée, ils étaient oublies, le silence y régnait, on n’y croisait personne et parfois la broussaille se refermait aussitôt après le passage. Certains hommes espéraient encore dans l’Histoire. Nous étions quelques-uns à préférer disparaitre dans la géographie »

 

Et voilà le marcheur prêt à parcourir entre fin aout jusque début novembre les kilomètres qui séparent le Mercantour à la pointe de la France La Hague.

 

Petit détail : il lui est interdit de boire une goutte d’alcool, s’étant perdu durant des années dans ses volutes. 

 

Egal à lui même, Sylvain Tesson s’en va loin de la foule. Se sentir en communion avec la nature. Coucher à la dure, marcher, marcher. Croiser quelques paysans dans ces chemins inempruntés. 

 

Faire l’état du monde. Quelques kilomètres avec un ami, puis un autre et une étape en compagnie de sa soeur. Passage épique du livre. Se sentir en parfaite harmonie avec la nature n’est pas donné à tout le monde.

 

« Chaque matin, le soleil escaladait une barrière de nuages et peinait à passer la herse. A midi c’était l’explosion. L’Aubrac, cravache de rayons, me projetait en souvenir dans les steppes mongoles. C’était une terre rêvée pour les marches d’ivresse. »

 

Et malheureusement, il y a d’autres chemins noirs, ceux qui vous donnent envie tout à coup de mourir mais heureusement la solitude n’est pas de mise ce jour là. Heureusement. 

 

 

Ceux qui me connaissent à travers mes lectures savent que j’adore les récits de voyage de Sylvain Tesson. J’ai eu du mal à entrer dans ces chemins noirs car d’autres me traversaient l’esprit. Petit à petit j’ai pénétré dans les broussailles, franchi les monts et chanté sur les plateaux.

Un très beau livre où l’on découvre un homme qui veut se reconstruire, qui sait que sa vie ne sera plus jamais pareille à avant,  suite à son accident. Un combat contre les trous noirs qui nous happent parfois. Je le garde précieusement.

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