La petite femelle de Philippe Jaenada
Je ne vous retracerai pas la vie de Pauline Dubuisson je l'ai déjà racontée dans un autre post après la lecture de
Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle .
Le livre de Philippe Jaenada aborde l'affaire Pauline Dubuisson, comme un enquêteur qui veut prouver que cette femme si détestée ne méritait pas ce qu'elle avait connu comme enfer.
Il va éplucher son dossier, suivre ses traces pour rendre justice à Pauline.
Ce qui est extraordinaire c'est qu'à travers tous les événements qu'a vécus l'accusée, il nous distille son humour qui apporte une belle bouffée d'oxygène.
De plus, j'ai appris grâce à lui ce que fut l'horreur de la guerre sur Saint Malo les bains, que je connais bien, ainsi que de Dunkerke. Il arrive encore dans ces moments là à valser entre humour et émotion.
Pauline Dubuisson n'a eu qu'un tort c'est de vivre comme il lui semblait, sans se préocupper des autres. Elle voulait être libre et cette liberté, elle l'a recherchée jusqu'à sa mort. Le carcan des années après guerre n'acceptait pas ce genre de femme. Les hommes dominaient et les femmes n'avaient qu'une place, celle d'être mère de famille. Telle le voulait la bonne morale.
Et Pauline n'en avait que faire, perverse, égoiste, et d'autres noms la décrivirent lors de son procès. Elle incarnait le vice, elle devait disparaitre
On pourrait penser qu'à notre époque, tout a évolué. Que non, lorsque j'ai commencé la lecture du livre, le soir même passait à la tv l'histoire d'une jeune américaine accusée de crime en Italie, à Pérouse, plus particulièrement. Jeune femme qui menait une vie libre comme Pauline. Le procureur s'est acharnée sur elle malgré les preuves de sa non culpabilité. L'opinion publique, les journalistes, la décrivaient de la même manière que Pauline Dubuisson. Les temps ont changé ? Pour Certains oui pour d'autres non malheureusement.
"Tous ces gensde vingt et trente ans qui se rangent aux côtés des vieux magistrats pour défendre de bonne foi et à raison leur ancien copain,mais aussi la morale, la famille, la fidélité obligatoire et la place traditionnelle des femmes, sont la jeunesse et prétendument la force de l'époque, mais les parents de ceux qui manifesteraont contre eux en 68. Pauline a une génération d'avance sur eux"
Que reste t-il de Pauline Dubuisson ? Rien. Sa tombe même sans nom n'existe plus. Elle reste un souvenir dans la mémoire de Patrick Modiano étrangement.
Elle nous sourit tristement à travers les pages de ce magnifique livre ne la condamnant pas. Philippe Jaenada lui a rendu une belle justice.
Malgré ses airs de moi on me la fait pas, il a un coeur immense. La fin du livre est rempli de tendresse.