J.M.G Le Clézio
Dans un petit village du sud de la France, proche de l'Italie, des familles juives sont regroupées sous la surveillance des carabinieri. Esther grandit entre sa mère Elisabeth et son père qui ne cesse de l'appeler sa petite étoile.
Esther va à l'école, court dans la forêt, joue mais tout au fond de son coeur, une certaine angoisse grandit.
Son père disparait souvent dans la montagne et peu à peu elle apprend qu'il aide des familles à passer vers l'Italie. Sa meilleure amie, Rachel, est mal considérée car elle la maitresse du chef des carabinieri. Les adultes lui prédisent qu'à la fin de la guerre Rachel aura la tête tondue. Esther ne comprend pas.
Tout ce petit monde cohabite sans incident, espérant que les allemands ne les découvriront jamais.
Mais, malheureusement l'Italie signe l'armistice et tout change.
Esther et sa maman doivent fuir avec les autres juifs par la montagne afin d'atteindre l'Italie. Esther espère voir apparaitre son père mais il ne revient pas. Peu à peu elle va comprendre durant sa fuite qu'il a été tué.
Les deux femmes arrivent en Italie, logent un petit temps dans une auberge où Elisabeth aide en échange d'un peu de nourriture.
Le but de leur voyage est d'atteindre cette terre qu'on dit promise, leur terre.
Elles vont embarquer sur un bateau italien avec d'autres fugitifs mais au large de Chypre, les anglais arrêtent le navire. Elles sont enfermées à Toulon et c'est avec l'aide d'un avocat qu'elles peuvent enfin reprendre le même bateau qui les conduit enfin en Israêl.
Le jour de leur arrivée, les anglais s'en vont car le peuple juif a obtenu d'être maitre de sa terre natale.
Durant son voyage, Esther, croise une file de réfugiés arabes. Son regard est capté par celui de Nejman. Cette dernière lui tend un cahier à couverture noire sur lequel, elle inscrit son nom. Esther prend le cahier et y trace les lettres de son propre nom...
Le Clézio nous décrit dans ces si belles phrases qui lui sont propres la vie de fugitifs aussi bien du côté juif que du côté arabe. Les deux héroines vont vivre chacune de leur côté la peur, la faim, la mort, comme si elles avaient le même destin.
Quelle paradoxe quand Esther enfin libre de tout arrive en Israêl et que son chemin croise une file de réfugiés tout comme elle dut le faire par la montagne. Deux jeunes filles qui pourraient être amies mais dont le destin malheureusement n'est pas le même.
Pendant que je lisais, je ne pouvais m'empêcher de penser aux événements qui se déroulent en Palestine. Qui a tort, qui a raison ? Dans le roman, Le Clezio ne prend aucun parti. On aimerait tellement que Nejman ne soit pas encore morte dans un camp de réfugiés et qu'Esther la retrouvera comme elle l'espère tellement. C'est à nous d'y croire, c'est à nous d'espérer.
Après ce deuxième roman de cet écrivain, je peux affirmer qu'il fait partie des grands écrivains avec un grand E.