Je lis
"maman m'avait affirmé qu'avec le temps les livres pouvaient changer au moins autant que les humains, avec cette différence que les hommes te plaquen tôt ou tard, dès qu'ils ne trouvent plus en toi de profit, de plaisir, d'intérêt ou de sentiment, tandis que les livres ne te laissent jamais tomber. Toi tu les dédaigneras parfois, tu en délaisseras certains pendant de longues années, ou pour toujours. Mais même si tu les trahis, ils ne te feront jamais faux bond , eux : ils t'attendront en silence, humblement sur l'étagère. Des dizaines d'années s'il le faut. Sans une plainte. Et puis, une nuit, quand tu éprouveras soudain le besoin, peut-être à trois heures du matin, et même s'il s'agit d'un libre que tu aurais négligé, voire pratiquement rayé de ta mémoire pendant des années, il ne te décevra pas mais descendra de son perchoir pour te tenir compagnie quand tu en auras besoin. Sans réserve, sans chercher de mauvais prétextes, sans se poser la question de savoir si cela en vaut la peine ou si tu le mérites, il répondra immédiatement à ton appel. Il ne t'abandonnera jamais"
Amos Oz