1886 Pascal Dessaint
Decazeville, ancienne ville industrielle et minière, érigée dans l’Aveyron a connu un événement dramatique le 26 janvier 1886 : le sous-directeur des Mines, Jules Watrin, est assassiné, plutôt défenestré. Les coupables sont les ouvriers.
Mais peut-on considérer qu’ils sont les seuls coupables ? Les propriétaires ainsi que les dirigeants des Mines n’ont ils pas également leur responsabilité dans cette part de tragédie ?
L’éternel combat entre ceux qui possèdent et ceux qui n’ont que leur colère pour essayer de se faire entendre.
Cet éternel combat qui est toujours d’actualité en 2023.
En 1886, les possédants ne comprennent pas ces ouvriers qui devraient s’estimer heureux d’avoir un travail. Paroles toujours d’actualité en 2023.
De plus, c’est la faute à Zola et son roman Germinal. Comme le souligne Pascal Dessaint : comment Zola pourrait distiller de mauvaises idées aux ouvriers étant donné qu’ils ne savent ni lire ni écrire pour beaucoup. Ont ils d’ailleurs l’argent à dépenser pour la lecture, ils peinent déjà à se nourrir.
Jules Watrin fut la victime de la colère de la foule. Cette colère là est très difficile à stopper. La colère de la foule peut être terrible.
Pascal Dessaint nous entraine donc dans une enquête sociétale. Il nous conte en premier les événements de cette journée. La colère qui monte car les ouvriers sont mal payés entre autre mais surtout cette idée que Watrin évoque qui est de créer une coopérative où les ouvriers pourront effectuer leurs achats. Une nouvelle forme d’asservissement à la Mine.
Les ouvriers veulent que Watrin répondent à leurs revendications tout de suite mais il en doit en référer à ses supérieurs, il ne peut rien décider.
Jules Watrin, personnage sans grande personnalité, a toujours travaillé après ses études dans le monde industriel. Si il n’avait pas été tué, on n’en aurait pas parlé. Pour certains, il est humain avec les mineurs, pour d’autres inhumain. C’est selon. On pourrait le comparer à un manager de notre siècle qui doit répondre de chiffres à ses supérieurs et qui risque sa place si les résultats ne sont pas là.
Tout s’envenime. La colère de la foule enfle. Jules Watrin se retrouvé cloitré dans une maison. On crie à la foule qu’il accepte de démissionner mais malheureusement trop tard. La colère est énorme.
Si l’on tue un homme, on va bien entendu chercher les coupables. Dix personnes sont arrêtées.
Pascal Dessaint nous emmène au coeur de leur procès. Ils nient tous avoir dit ceci ou cela.
C’est le procès contre la pauvreté et leurs avocats l’évoquent ardemment.
Certains seront condamnés et emprisonnés, d’autres acquittés mais on ne retiendra aucune préméditation contre leur acte.
Decazeville doit revenir au calme mais cela prendra du temps.
Dans cette affaire, le maire de Decazeville Cayrade, en sortira grandit. C’est un homme empathique, qui essaiera d’apaiser les tensions. Jules Watrin fut oublié mais pas Cayrade.
On pourrait comparer 1886 au monde dans lequel on vit. Avec la mondialisation et l’absolue nécessité de réaliser du profit, beaucoup d’employés ou d’ouvriers vivent les mêmes injustices dans leur milieu de travail. Pascal Dessaint nous le démontre par un fait divers en 2015 qu’il évoque dans le livre.
Pascal Dessaint à enfilé le rôle d’enquêteur et c’est passionnant.
Le film qu’il a crée à partir de cet événement est tout aussi intéressant.
https://www.youtube.com/watch?v=R9NOQWgEbPY