Le Musee des contradictions d'Antoine Wauters
"De bien des manières, on ecrivait de guinguois.
Des mots ennardés.
Enforestés."
Douze discours qui pourraient s'emmeler. Douze discours de voix qui s'elèvent. Douze discours pour crier ou susurrer l'envie d'autre chose.
Cette envie d'un meilleur dont nous rêvons mais contradictoirement, la peur de perdre ci ou cela nous stoppe dans notre élan, Antoine Wauters la fait voguer sous ses mots.
Il y a de la colère mais jamais de la fureur. Chacun et chacune vous expliquent pourquoi ils n'en peuvent plus de ce systeme qui leur promettait le bonheur qui ne vient que par petites doses homéopathiques et puis s'en va.
Ils s'échappent de l'Ephad, elles n'écrivent plus pour plaire mais dans leur propre langue, elles regrettent d'être devenues mères, ils racontent au juge comme sur une estrade, ils décident de vivre dans les arbres. Douze discours.
"Certes,nous pourrions etre contaminés par la joie, mais les temps sont ce qu'ils sont et la douleur nous frappe. Elle frappe. Un jour, on se suprend à avoir mal aux arbres, aux oiseaux. Le lendemain à l'avenir , aux jeux de nos enfants. On cherche le moyen de guérir. Où espérer ? A quoi s'accrocher ? On cherche un nom pour les siècles à venir.Un nom décent. Un nom possible."
Après Mahmoud et la montée des eaux, Antoine Wauters nous offre à nouveau un cadeau d'écriture. Les mots accrochent, le gout de l'enfance nostagique au gout de fraise poétise. Et l'on se suprend à désirer ardemment à ouvrir la porte d'un autre monde.
A chacun et chacune d'ecrire son discours.
Seyvoz de Maylis de Kerangal et Joy Sorman
Tomi Moz est chargé par son entreprise de contrôler le barrage de Seyvoz. Il a rendez vous au lieu dit avec un certain Brignolle. Mais arrivé sur place, Tomi constate qu'il n'y a personne pour l'acceuillir. Pas de réseau.
Une femme apparait qui lui crie que Brignolle ne viendra pas. Etonné, Tomi décide de la suivre en voiture quand au détour d'un lacet dans montagne, elle disparait. Totalement impossible.
A l'hotel, tout lui semble également bizarre. Pas de personne à l'acceuil, juste un post it qui lui indique son numero de chambre et le code wifi. Et suprise, on vient lui déposer un plateau repas devant sa porte.
Durant quatre jours, Tomi Moz va flotter dans un autre monde. Il va croiser quelques personnes qui lui semblent irreelles. Sans oublier le barrage et ce mur qui se dresse entre les rochers.
Roman ecrit par le duo Maylis de Kerangal et Joy Sorman, qui nous entraine dans une fiction dont le barrage est le personnage principal. Entrelacé à la pure fiction, l'historique de l'ancien village sous encre bleue, mais fictionnel, nous conte la révolte etouffée des habitants. Au nom du progrés, leur village va etre sacrifié. Noyé sous les eaux. Meme les morts seront déplacés dans un autre cimetière.
"Les rues sont vides, seulement percees du croassement sinistre des corbeaux, comme un avertissement, ou une menace"
"Le sandwich lui a redonné des forces mais aux vertges de Tomi a succede un malaise d'une autre nature, la sensation d'être prisonnier d'aun champ magnétique étranche qui brouillerait tout accès aux autres, la sensation d'un éloignement progressif qui le rend de plus en plus friable, irascible;"
Durant la lecture, je n'ai pu m'empecher de penser au Musee des contradictions d'Antoine Wauters car ces deux livres nous interpellent sur cette société qu'on nous a créee au nom du progrès et du bonheur, ce mot tellement volatil qu'on nous assène à longueur de temps.
Au nom de l'électricité, les barrages dans le monde furent édifiés et continuent à etre édifies. L'ironie du sort, cet été suite au changement climatique, certains de ces villages réapparaissent. Pour nous rappeler qui sait, la futilité de ce monde qui ne cesse de changer malgré nos dénégations.
Climax de Thomas B Reverdy.
Climax, le point ultime d’équilibre en écologie. Avant la fin du monde.
Un petit village de pêcheurs en Norvège au bord de l’antarctique. Dans ce village, ils ont grandi.
A présent adultes, ils racontent chacun à leur tour.
Le village a pris de l’expansion grâce au pétrole. Au large flotte Sigrud, la plateforme. Le pétrole coule coule tandis que le glacier fond, se fissure et provoque un accident sur ladite plateforme.
Noa est appelé pour déterminer d’où provient l’accident, si le danger est réel car le pétrole est vital.
Anders, qui était sur le glacier au moment du séisme a déjà la réponse. Le monde, leur monde de pécheurs est en danger, tout comme beaucoup de points sur la carte du monde. Dans ses carnets, il note le changement dans la vie animale suite au changement climatique.
Noa, l’amour d’adolescence, le grand amour de sa vie, a elle Anna, la seule fille du quatuor comment va t’elle réagir son retour ?
Knut, a décide de vivre à l’écart, dans la foret logeant dans l’Eglise de son oncle. Ses amis sont des chiens qui ressemblent à des loups. Chaque semaine, il est visite par deux hommes car Dimitri le Russe aimerait qu’il déguerpisse de cet endroit afin de s’y installer au nom de la cupidité.
Le quatuor du temps de l’adolescence, avait joué durant des heures des jeux de rôles mêlant mystères et légendes norvégiennes jusqu’à la fin du monde. Mais ce n’était qu’un jeu.
La fin du monde approche…ce n’est plus un jeu.
Dans ce roman Thomas B. Reverdy mêle fiction et légendes. Il vous entraine dans ce monde futur que nous façonnons de jour en jour, de minutes en minutes depuis des décennies.
Avec ce dernier roman Thomas B Reverdy nous tient en haleine, donne envie de pleurer mais c’est sans compter sur la magie qu’un écrivain tient au bout des doigts.
Roman excellentissime.
Mahmoud ou la montée des eaux d'Antoine Wauters
Mahmoud n’a plus aucune illusion sur le monde qui l’entoure. Que reste t-il de son pays la Syrie ?
Il s’est réfugié dans le cabanon près du lac.
Il se cogne à ses souvenirs enfouis sous les eaux. Son village y baigne depuis des années.
Il prend sa barque, son tuba et plonge pour retrouver un semblant de bonheur en apercevant les silhouettes de ce passé.
Mahmoud a décidé de vivre enclavé dans la solitude.
Ses parents, Laila, son premier et grand amour, Sarah sa seconde femme. Celle qui qui l’a épaulé dans l’écriture. Sarah et les enfants, tous ne sont plus que des fantômes dans sa mémoire.
Mahmoud, l’écrivain qui était lu dans le monde entier. Mais qui le lit encore ? Il imagine les lecteurs qui peuvent etre amoureux de ses poèmes.
Mahmoud qui n’en pouvait plus de ces mensonges proférés par la famille du lion. Pour quelques bribes de poèmes, ils l’ont puni durant trois ans suite à sa désertion.
Il pensait comme ses enfants, que la révolution du printemps allait embellir leur pays. Et tout redevint pire.
Mahmoud observe la désintégration du monde tout en rêvant devant un brin d’herbe.
Il entend la guerre de plus en plus proche.
Il ne sait ce qu’est cette blessure qui grossit sur sa joue. Il est seul près du lac.
A ses cotes, l’âme de Sarah veille.
Les romans d’Antoine Wauters sont tous si beaux mais celui ci vous emporte sur un chemin d’une poésie infinie. Un coup de coeur inoubliable.
Apeirogon de Colum McCann
Smadar fillette israelienne fut tuée à l’âge de 13 ans durant un attentat en 1997. Cette meme année Abir, petite fille palestinienne vint au monde et perdit la vie à l’âge de 10 ans le crâne fracassé par une balle de caoutchouc tirée par un jeune soldat israélien.
De la colère de deux pères que tout opposait, de leur douleur est née une incroyable amitié. Tellement improbable. Bassam, palestinien né dans une famille pauvre, emprisonné pour terrorisme, humilié dans les prisons et Rami israélien dont la shoah fait partie de sa vie, ancien soldat sont devenus les meilleurs amis du monde. Au nom de leurs filles, au nom de la paix.
Vous faire un résumé de ce livre est mission impossible.
Un roman qui vous mène vers de multiples chemins. Le plus important à gravir est celui de l’amitié qui vous mènera vers des sentiers philosophiques, historiques, musicaux et tant d’autres. En bas de ce chemin, le plus gros qui se nomme conflit entre deux peuples.
Un roman qui débute par la migration des oiseaux qui envahissent le ciel de ces lointaines régions. Ces oiseaux vous guideront sur les pas de deux fillettes que leurs pères aimaient tant et plus.
Colum McCann nous offre une symphonie d’émotions, de bonté, de paix. Il nous raconte deux pères qui ont tenté de comprendre et pas seulement juger. Il leur a suffit de s’écouter, de se regarder et de tendre la main. Imaginez qu’un palestinien aie désiré étudier l’holocauste, impensable et pourtant…
Beaucoup ne les comprennent pas, les injurient mais pour leurs filles, ils continuent.
Je ne remercierai jamais assez C.Z. de m’avoir donné cette envie de le lire.
C’est plus qu’un coup de coeur, c’est une tempête de lecture. Lisez-le, lisez-le.
Judas côté jardin de Juan d'Oultremont
En ce premier jour d'avril débute le mois belge organisé par Anne du blog des mots et des notes. Ce premier roman se deroule dans un quartier de Bruxelles que je connais très bien, plus précisément chaussée de Rodebeek à Woluwe Saint Lambert.
Judas pratique le Tai Shi en toute sérénité. Sa séance terminée, il ouvre le poste de radio et c'est le 22 mars, l'aéroport est dévasté par un un attentat.
Il se réfugie donc dans la propriété familiale dont son père fut le Dieu durant quelques années de son enfance. Maison familiale où cet ancien Dieu vit encore.
Il prend la décision de comprendre à quel moment, Dieu ne fut plus.
"Au delà du récit que j'entame, l'idée est de remonter à la source, afin de retrouver la bifurcation fatale. Là où j'ai perdu le fil de cette lointaine hérésie. Je copie,je coupe, je colle. Je me relis. Je répete tout haut les premières lignes pour en éprouver la musicalité :
N°1 - Cela commence comme l'histoire du monde dans un jardin...
C'est parti."
Oui c'est parti pour le souvenirs d'enfance de Judas plutot Juan. Quelle est la part de vérité ou la part de fiction ? Très difficile de démeler l'écheveau.
Ce qui est certain c'est que la ferme familiale existe belle et bien. Judas grandit donc dans un espace de 40 ares de nature dont la composition n'est décidée que par Dieu. Personne ne peut le contrarier ni tenter d'y mettre sa touche personnelle.
"Ce jardin a fait l'objet de remembrements successifs. Les arbres fruitiers les plus anciens ont été progressivement remplacés par des plus jeunes.Les anciens donnaient des fruits à profusion. Les nouveaux n'ont jamais réussi à en produire"
Pour aider Dieu dans sa tache n'oublions pas la maman de Judas que l'on prénomme Cerise
"De ce jardin et jusqu'au dernier jour, ma mère sera la Reine au point qu'un endroit y a longtemps porté son nom"
Donc Judas grandit dans cet univers et tout ce qui est extérieur est ennemi. Ce qui n'empeche pas ses parents de l'émmener à l'expo 58 en compagnie de sa soeur. De devoir prendre cette horrible avenue des cerisiers dont les fleurs puent. D'être garçon d'honneur à tous les mariages. Quelques instants, quelques détails qui n'est rien à coté de la supreme punition : devoir passer ses vacances hors de son paradis.
Petit aperçu de l'avenue des Cerisiers.
Car chaque été, les parents partent en duo laissant les enfants chez les grands parents. Pour Judas c'est comme un abandon. Il est certain que ses parents ne reviendront pas. Mais peine perdue.
Pour Judas, il y a les grands parents moins et les grands parents plus.
Il adore sa grand-mère maternelle plus qui habite une maison de maitre près du square Vergote mais par contre les grands parents paternels, ce sont les moins que moins. Ils vivent à Spa et les étés se déroulent en compagnie des cousins qui sont des brutes face au maigrichon qu'il est. De plus, cela ressemble à un camp militaire. Imaginez des grands parents qui envoient leurs petits enfants cueillir des myrtilles mais avec interdiction d'en manger une seule. Bon bref, Judas est considéré comme un etre incongru dans cette maison où il passe son temps à pleurer.
Judas-Juan nous explique tout cela en découpage de 40 récits, accompagné d'un plan du jardin avec ses modifications au fur et à mesure dudit récit.
Tout en écrivant, il ecoute les infos et observe son père qui à 93 ans est toujours aussi vif. Il grimpe meme sur un échelle pour examiner les travaux derrière le mur de la propriété. Ah les grues Thomas et Piron, inoubliables.
Je ne vous en dévoilerai pas plus. Ce livre est bourré d'humour mais surtout de tendresse pour sa maman . Un roman qui nous ramène à nos propres souvenirs d'enfants. Un coup de coeur.
J'oubliais : en fait on ne saura jamais pourquoi son père perdit le titre de Dieu.
Peter May Quarantaine
Londres est coupée du monde suite à une épidémie. On ne compte plus les morts. On ne les enterre plus. On les incinere à tour de bras. Le premier ministre a lui meme succombé.
La ville est dévastée par les pillages. Entourée de fils barbelés et surveillée par les militaires, obligation de rester chez soi après 19 heures. La désobéissance n'est pas tolérée sous risque de perdre la vie. Chacun se terre chez soi. Masques et distanciation sont la loi.
Seule l'ile aux chiens, ou résident certains riches, est épargnée par le virus mais gardée par des vigiles privés.
Les contaminés étant si nombreux qu'il faut absolument construire une nouvelle annexe à l'hopital et c'est lors du creusement des fondations que l'on y découvre des os humains.
Mac Neill est à deux jours de sa pension. Separé de sa femme et ne pouvant voir son fils Sean, il n'a plus d'illusions concernant la vie. C'est pourtant lui qui est appelé sur les lieux de la découverte car les hommes sont en sous effectif.
Il est décidé à trouver l'assassin qui a assassiné une petite fille. Et quand son fils Sean succombe à son tour, il s,y lance à corps perdu.
Ce roman, Peter May l'a écrit en 2005 et aucune maison d'édition n'en a voulu.
Ce qui est troublant c'est que certains faits dont l'hopital construit à la hate par les chinois, il l'avait déjà imaginé. La scène de la lockdown party dans une ancienne boite de nuit est tellement d'actualité. Je pourrais encore vous en énumérer.
Outre la fiction, Peter May nous disseque le virus de façon claire sans oublier le vaccin, ce fameux vaccin.
J'avoue que j'étais fort troublée en terminant la lecture. Entre le réel et l'irreel mais terriblement envoutante.
Journal d'une femme noire de Kathleen Collins
Kathleen Collins fut l'une des premieres femmes afro-américaine à réaliser un film. Elle milita pour les droits civiques des noirs, pièce de théatre, ecrivain. Diplomee universitaire dont son cursus fut terminé à la Sorbonne. Et pourtant durant des années elle fut oubliée.
C'est la ténacité de sa fille Nina qui a permis à Kathleen Collins de revenir à la lumière.
Ce journal n'est pas totalement un journal. On peut y découvrir outre le journal, des nouvelles et des lettres écrites à ses parents, à des amies et à sa fille.
Kathleen Collins analysé aussi bien la culture blanche que la culture noire à partir de 1963, année des droits civiques. Dans l'une de ses nouvelles, elle nous raconte, les idées nouvelles de l'époque, la fusion entre femme blanche et homme noir et vice versa qui en fait de compte deboucha sur le black matter car il n'est pas facile dans la société américaine de tenter de changer ce qui perdure depuis des années.
Dans une autre nouvelle, le personnage est un africain du sud, qui connait l'appartheid mais qui considère que la ségrégation raciale aux USA est encore pire. Il ne reve que d'une chose : retourner chez lui.
Kathleen Collins ne délivre pas une analyse sociétale sur la segrégation, elle écrit avec humour la vie de femmes de couleur. Aucune trace de haine envers les autres.
Dans la partie réservée à son journal, elle analyse sa vie en tant que Femme et tente de comprendre son évolution au fil des années ainsi que son rapport aux hommes.
Le journal se termine par des pages d'un roman inachevé.
Kathleen Collins est décédée du cancer le 18 septembre 1988. Elle écrivait divinement.
Le parfum des fleurs la nuit de Leila Slimani
Je n'ai jamais lu de romans de Leila Slimani. C'est à travers l'art que j'ai désiré esquisser cette rencontre. Rencontre inoubliable avec cette auteur en suivant ses mots dans lesquels elle se dévoile.
Leila Slimani qui est une solitaire aime se réfugier dans son bureau pour tracer son écriture, rideaux fermés, n'est pas très enthousiaste quand on lui propose une nuit au musée. Mais elle accepte après tout de vivre cette expérience dans la Douane de mer à Venise.
'Je sonne à la porte du musée. J'attends longtemps, je songe qu'on m'a peut etre oubliée, que je suis en retard. Je m'apprete à rebrousser chemin quand un homme ouvre la porte."Je suis Leila.Je suis l'écrivain qui doit dormir ici."
Leila Slimane doit passer sa nuit face à une expo d'art contemporain"Lieux et signes" qui developpe le rapport de l'homme avec la nature. En réalité, elle se demande ce qu'elle doit faire de sa nuit face à ces oeuvres. Ce qui la ramène à ses souvenirs face à l'art en arrivant en France. N'ayant pas grandi dans la culture de cet art, elle ne savait que faire lors de sa première visite dans un musée. Imiter les autres. Regarder religieusement ce que les autres regardent. Pencher la tete comme les autres jusqu'au jour où un ami à Florence lui a fait comprendre que l'art cela se ressent. C'est une rencontre entre votre regard et le regard du peintre ou de l'artiste.
"Le musée reste pour moi une émanation de la culture occidentale, un espace élitiste dont je n'ai toujours pas saisi les codes".
Leila Slimane déambule, pieds nus dans le musée, tentant de comprendre ce que les artistes expriment à travers les oeuvres. Pas toujours évident de saisir l'art contemporain et l'importance que certains lui pretent. Mais ce qu'elle examine la ramène à des souvenirs de jeunesse, de sa relation avec son père et la barrière d'amour entre eux. Cette impossibilite de mots dans les relations pere fille. Le desarroi de ce père avant sa mort. Sa rehabilitation. Ses mots qui auraient pu etre dits mais qui sont vains à présent.
Durant sa promenade, elle se confronte à un parfum d'enfance. Un arbre fait partie de l'expo. Un galant de nuit.
"A Rabat, il y avait un galant de nuit près de la porte d'entrée de ma maison. En été, quand le soir tombait, nous gardions la fenetre ouverte pour provoquer des courants d'air et mon père disait :" Vous sentez ? C'est le galant de nuit !" Année après année cela ne cessait de l'émerveiller. Il suffit que je ferme les yeux pour me souvenir de ce parfum entêtant et sucré. Les larmes me montent aux paupieres. Les voilà mes revenants. La voilà, l'odeur du pays de l'enfance, disparu, englouti."
C'est ce meme parfum qui sera son dernier souvenir avant de sortir du musée le matin.
Outre ses souvenirs, Leila Slimane, décrit ce fil d'équilibre de tout enfant parti de son pays pour grandir dans un autre. Le centre du fil est le mélange de culture. Ni d'ici ni de là. Comment faire pour ne pas perdre l'équilibre ?
Et comme une enfant, elle va s'allumer une cigarette dans les wc du musée. Elle s'accorde cet instant interdit.
Si je vous avoue que c'est un coup de coeur....
L'hiver du mécontentement de Thomas B Reverdy
Fin des années septantes, Candice à l'energie de sa jeunesse. Elle pedale chaque jour pour distribuer du courrier et parcourt les rues de Londres.
Ce boulot lui permet de prendre des cours de théâtre. De fait elle fait partie d'une troupe de filles nommées les Shakespaeriennes. La troupe dirigée par Nancy va interpreter la pièce Richard III, pièce qui raconte le pouvoir d'un roi qui en rêve.
Candice vit seule clamant avec bonheur sa solitude meme si elle en souffre. Elle pédale vers le changement qui s'annonce. La mue du monde va commencer mais elle ne s'en rend pas compte pour le moment.
L'automne arrivant, les choses comment à changer. Le pays va mal : trop de chomeurs. Leurs colonies étant devenues indépendantes, le trésor se remplit moins vite.
Alors quand il s'agit d'une petite augmentation de salaire chez Ford, le pays commence à rugir de mécontentement.
Le temps des greves debute et Une certaine Thatcher s'infiltre dans la mêlée.
Candice pedale tout en percevant que rien ne sera plus comme avant.
Elle aurait pu avoir une belle histoire d'amour avec Jones le musicien. Plus tard peut etre ....
Le pouvoir est un art, Shakespaere le demontre bien grace au personnage de ce Roi avide de tout dominer. Il n'y a pas de régle pour acquérir ce pouvoir, tout est permis.
J'avais lu le roman à sa sortie et il m'enchante toujours autant.
Les mots de la pièce résonnent en accord avec les événements qui se déroulent en 1978-1979 en Angleterre. Et du chaos peut naitre un etre sans émotion, telle celle qui fut nommée la Dame de fer.
Un excellent roman qui par sa relecture nous interpelle dans cette société actuelle. On s'adapte comme Candice prete au combat ou l'on sombre comme Jones