Le parfum des fleurs la nuit de Leila Slimani
Je n'ai jamais lu de romans de Leila Slimani. C'est à travers l'art que j'ai désiré esquisser cette rencontre. Rencontre inoubliable avec cette auteur en suivant ses mots dans lesquels elle se dévoile.
Leila Slimani qui est une solitaire aime se réfugier dans son bureau pour tracer son écriture, rideaux fermés, n'est pas très enthousiaste quand on lui propose une nuit au musée. Mais elle accepte après tout de vivre cette expérience dans la Douane de mer à Venise.
'Je sonne à la porte du musée. J'attends longtemps, je songe qu'on m'a peut etre oubliée, que je suis en retard. Je m'apprete à rebrousser chemin quand un homme ouvre la porte."Je suis Leila.Je suis l'écrivain qui doit dormir ici."
Leila Slimane doit passer sa nuit face à une expo d'art contemporain"Lieux et signes" qui developpe le rapport de l'homme avec la nature. En réalité, elle se demande ce qu'elle doit faire de sa nuit face à ces oeuvres. Ce qui la ramène à ses souvenirs face à l'art en arrivant en France. N'ayant pas grandi dans la culture de cet art, elle ne savait que faire lors de sa première visite dans un musée. Imiter les autres. Regarder religieusement ce que les autres regardent. Pencher la tete comme les autres jusqu'au jour où un ami à Florence lui a fait comprendre que l'art cela se ressent. C'est une rencontre entre votre regard et le regard du peintre ou de l'artiste.
"Le musée reste pour moi une émanation de la culture occidentale, un espace élitiste dont je n'ai toujours pas saisi les codes".
Leila Slimane déambule, pieds nus dans le musée, tentant de comprendre ce que les artistes expriment à travers les oeuvres. Pas toujours évident de saisir l'art contemporain et l'importance que certains lui pretent. Mais ce qu'elle examine la ramène à des souvenirs de jeunesse, de sa relation avec son père et la barrière d'amour entre eux. Cette impossibilite de mots dans les relations pere fille. Le desarroi de ce père avant sa mort. Sa rehabilitation. Ses mots qui auraient pu etre dits mais qui sont vains à présent.
Durant sa promenade, elle se confronte à un parfum d'enfance. Un arbre fait partie de l'expo. Un galant de nuit.
"A Rabat, il y avait un galant de nuit près de la porte d'entrée de ma maison. En été, quand le soir tombait, nous gardions la fenetre ouverte pour provoquer des courants d'air et mon père disait :" Vous sentez ? C'est le galant de nuit !" Année après année cela ne cessait de l'émerveiller. Il suffit que je ferme les yeux pour me souvenir de ce parfum entêtant et sucré. Les larmes me montent aux paupieres. Les voilà mes revenants. La voilà, l'odeur du pays de l'enfance, disparu, englouti."
C'est ce meme parfum qui sera son dernier souvenir avant de sortir du musée le matin.
Outre ses souvenirs, Leila Slimane, décrit ce fil d'équilibre de tout enfant parti de son pays pour grandir dans un autre. Le centre du fil est le mélange de culture. Ni d'ici ni de là. Comment faire pour ne pas perdre l'équilibre ?
Et comme une enfant, elle va s'allumer une cigarette dans les wc du musée. Elle s'accorde cet instant interdit.
Si je vous avoue que c'est un coup de coeur....