Il faut encore croire en l'insouciance
Insouciance
Moi je préfère vivre dans l’insouciance
D’un jour qui finit d’un autre qui commence
C'est terrible de penser que tout est joué d'avance
Que tout est écrit, qu'on ne peut rien y changer
Se dire que vivre c'est avant tout exister
La matière inerte est vivante
Sentir son corps en mouvement
Moi je veux vivre dans l'insouciance
D'un jour qui finit d'un autre qui commence
Ouvrir les yeux avant que la Terre
Se dérobe, avant que tout ne soit plus
Ouvrir les ailes qui portent le poids
De nos vies attachantes
Se dire qu'une nuit qui s'achève et une aube qui naît
Moi je préfère vivre dans l'insouciance
D'un jour qui finit et d'un autre qui commence
De mon univers hybride, distribuer les parcelles
Souvenir d'une vie en dentelle
Les heures claquent leurs secondes insipides
L'horloge vide sa clepsydre
On meurt un peu chaque jour mais on renaît
Tout s'étend dans l'infini
Auteur anonyme
Juste un moment
Automne
Matins frileux
Le vent se vêt de brume ;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l’aile.
Panache au clair et glaive nu
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
L’air est rugueux et cru ;
Un chat près du foyer se pelotonne ;
Et tout à coup, du coin du bois résonne,
Monotone et discord,
L’appel tintamarrant des cors
D’automne.
Émile Verhaeren