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Les couleurs de la vie
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30 janvier 2016

Les cercueils de zinc de Svetlana Alexievitch

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Ils sont partis là bas, de leur plein gré ou forcés, femmes et hommes d'à peine vingt ans. On leur a dit qu'ils allaient bâtir le socialisme en Afghanistan. Mais la vérité était toute autre.

En URSS, le peuple les admirait car ils y plantaient des pommiers, aidaient la population. Au lieu de pommiers, ils tuaient des femmes et des enfants dans leur habitation, envoyaient des grenades. Ils voyaient leurs camarades éclater devant eux. Ils voyaient la haine dans les yeux de ceux qu'ils étaient venus aider selon leurs dirigeants. Ils volaient, recevaient des coups, se droguaient pour supporter l'horreur. 

En URSS, peu à peu on a compris ce qu'ils faisaient là bas et c'est le mépris qui les accueillis lors de leur retour. Les femmes n'étaient que des prostituées, les hommes des assassins. 

Ils sont revenus entourés de honte. Certains à moitié fous, d'autres sans jambes, et beaucoup dans un cercueil de zinc. 

L'armée prévenait la famille qu'elle pouvait venir chercher ledit cercueil, ensuite débrouiller vous.

On leur avait promis les honneurs, ils n'eurent que des os à ronger. Ils avaient à peine vingt ans dans cette dernière guerre entre le bloc de l'est et le bloc de l'ouest. 

Svletana Alexievitch est allée interroger les mères, les veuves, les soldats encore vivants. Témoignages accablants d'une idéologie mensongère.

Lors de la parution d'extraits de ces interviews, certains de ceux qui avaient témoignés ont porté plainte contre l'auteur. Selon eux, elle avait déformé leurs propros qui a entrainé un procès.

 

"J'ai compris qu'on n'avais pas besoin de nous ici. Pas besoin de notre expérience. C'est de trop, ça gêne. Nous aussi nous sommes de trop, nous gênons"

"On nous traite d'occupants. Qu'avons nous pris là bas , qu'en avons-nous rapporté ? Le fret"deux cents", les cercueils avec nos camarades ? Qu'avons-nous acquis ? Des maladies, depuis l'hépatite jusqu'au choléra, des blessures, des infirmités ? Je n'ai pas à me repentir. J'ai le peule frère afghan. J'en suis pérsuadé !"

"A l'école de cuisine où je travaille nous sommes cent. Je suis la seule à avoir perdu mon mari à la guerre, une guerre que les autres ne connaissent que par le journaux. Quand j'ai entendu pour la première fois la télévision expliquer que l'Afghanistan était une guerre honteuse, j'ai failli casser le poste. Ce jour là, j'ai enterré mon mari pour la deuxième fois"

 

"Le plus terrible c'est que nous sommes partis d'un Etat qui avait besoin de cette guerre, et nous revenons dans un Etat qui n'en a plus besoin. Ce qui nous blesse, ce n'est pas qu'on nous refuse tel ou tel avantage, pas du tout. C'est le fait d'avoir été tout simplement effacés"

"Je me réveille en pleine nuit et je mets du temps à réaliser si je suis ici ou là-bas. Qu a dit que les fous n'étaient que des effarés ? Je vis comme si j'étais un observateur extérieur...J'ai une femme, un enfant...Autrefois, j'aimais les pigeons...J'aimais les matins...Maintenant, je suis comme un observateur étranger...Je donnerais n'importe quoi pour retrouver ma joie de vivre"

 

Les Russes ont occupés l'Afghanistan de 1979 à 1989. On estime les pertes humaines dans l'armée à environ  15 000. 

Plus d'un million de civils afghans furent tués durant cette guerre. 

 

 

 

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30 janvier 2016

La poésie du samedi

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En voyage

Quand vous m’ennuyez, je m’éclipse,
Et, loin de votre apocalypse,
Je navigue, pour visiter
La Mer de la Tranquillité.

Vous tempêtez ? Je n’entends rien.
Sans bruit, au fond du ciel je glisse.
Les étoiles sont mes complices.
Je mange un croissant. Je suis bien.

Vous pouvez toujours vous fâcher,
Je suis si loin de vos rancunes !
Inutile de me chercher :
Je suis encore dans la lune.

Jacques Charpentreau

29 janvier 2016

Le tableau du vendredi Peder Monsted

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28 janvier 2016

Balkans-transit de François Maspero

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"C'est peut-être cela le pari du voyage : au-delà de tous les dépaysements, des émerveillements ou des angoisses de l'inconnu, au-delà de toutes les différences, retrouver soudain, chez certains, le sentiment d'être de la même famille. D'être les uns et les autres des humains. Parfois ça rate. Parfois même ça tourne mal. Mais le pari vaut d'être fait".

Tout débute par la seconde guerre mondiale. Son frère, résistant, y a été abattu. Son père n'est pas revenu de Buchenwald et sa mère a été sauvée de Ravensbruck, les cheveux devenus gris. Mais comme tous les jeunes, François, ne veut plus de cela, plus jamais. Alors il part dans les ruines des pays de l'Europe à la rencontre d'autres jeunes car pour lui les survivants ne sont pas responsables des atrocités commisent par les gouvernants. 

Plus jamais cela et pourtant début des années nonantes, la guerre résonne du côté de l'ancienne Yougoslavie. Le mur de Berlin s'est effacé et les anciens pays des Balkans prennent leur indépendance vaille que vaille.

François Maspero décide de réaliser le même style de voyage que celui effectué et relaté dans son livre "les passagers du Paris Roissy". Il avait parcouru soixantes kilomètres de lignes RER. Il va en parcourir 3000 dans les Balkans.

"N'être que ce que je suis et rien d'autre. Spécialiste de rien, mais pas non plus touriste innocent. Tout juste porter le regard sur des êtres et des choses dont on est fondé à croire qu'en fin de compte, ils vous regardent"

Il ne part pas seul, accompagné du photographe slovène Klavdij Sluban qui a été elevé en grande partie en France. Ils se sont un jour rencontrés un jour à Tirana. Et c'est à lui que propose François Maspero de partir dans cette aventure.

Les deux hommes vont donc se rendre en Albanie, Macédoine, Bulgarie, Roumanie. Des pays qui sortent du communisme et qui d'un jour sont propulsés vers ce qu'on nomme la démocratie, à la sauce Balkane. 

Tout est à reconstruire dans ces pays qui comme l'Albanie est restée coupée du reste du monde et dont le pays est jonché de bunkers, comme la Roumanie qui a été délivrée d'un autre dictateur mais réappropriée par une autre intellegentsia. 

En quelques années, Maspero découvre le changement sous forme de banques dans certaines villes. Là où de petites boutiques de change existaient, le capitalisme voit ses premières pousses fleurir. 

François Maspero nous décrit les femmes et hommes qu'ils rencontrent, qu'ils retrouvent, le tout ponctué de l'histoire de ces pays qui fut un mélange de peuples différents et qui à nous occidentaux de l'ouest est très complexe.

Chronique de Sarajevo en état de guerre très émouvante. 

Et les photos de Sluban qui nous renvoit des clichés si noirs.  

En 1999, François Masparo sait que la vie n'a pas été merveilleuse pour certaines de ses connaissances, d'autres ils n'en a aucune nouvelle.

La guerre du Kosovo a changé toute la donne des Balkans. Les peuples de ces pays ne désiraient que vivre fiers et heureux. La démocratie qu'en fait-on quand on vous la lance au visage ? 

Nous sommes en 2016, François Maspero est mort l'année dernière et des Balkans continue à affluer des réfugiés qui fuient la pauvreté. 

Oui plus jamais cela....

 

 

24 janvier 2016

Le Garçon sauvage carnet de montagne de Paolo Cognetti

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Un hiver qui l'a laissé avec un goût amer  point de vue relationnel, une envie d'écrire qui a disparu et ne plus supporter de se cogner à cette foule dans la ville. Il décide alors de suivre les traces de Thoreau, Elisée Reclus qui eux aussi dans la trentaine ont changé de route. 

 

Il part là haut, loin des autres, dans cette montagne où il ne s'est plus rendu depuis dix ans. Pourtant dans son enfance et sa jeunesse, il y passait les étés. Il veut trouver un lieu où il pourra réflechir et se retrouver. Ce sera à 2000 mètres d'altitude, dans une baita maison de pierre et de bois dans un hameau qui a été abandonné mais dont les quatre baitas qui le composent ont été reaménagées. La sienne porte le numéro 1. 

Il emporte un livre de Mario Rigoni Stern.

Il retourne dans la vallée qu'il connait si bien mais sur l'autre versant. 

Il retrouve la montagne au printemps et ses peurs des nuits car là haut, le silence vous fait découvrir des bruits insolites. 

Seul non pas pour longtemps, car au printemps les bergers montent avec le troupeau des vaches. Pas bavards mais c'est une présence.

A t-on besoin de solitude quand on chante par trois fois et que la marmotte vous écoute avant de rentrer dans son terrier. Les chiens de bergers ne sont jamais loin. Décidé de vaincre sa peur de la nuit, dormir à la belle étoile et plonger son regard dans celui du renard. 

Retrouver la montagne, murmurer avec la nature, une neige au mois de mai, une envie de cultiver un jardin en pure perte, couper du bois et ne pas vouloir connaitre ce qui se passe en bas.  

Là haut, il faut bien croiser des hommes outre les bergers qui passent, chercher l'amitié avec les animaux mais aussi celle des humains isolés comme lui.

Remigio, est le propriétaire des baitas, il aime redonner vie à ces vieilles maisons et l'hiver il dame les pistes au village. Il a décidé à 45 ans de lire tous les classiques car il manque de mots via son dialecte pour comprendre et exprimer ce qu'il ressent. 

Gabriele qui doit avoir le même âge vit là haut durant les belles saisons, gardien de troupeau de vaches. Il a femme et enfants mais on ne pose pas de question. On s'invite à des repas l'un chez l'autre. 

Le jeune homme décide de quitter la baita durant trois jours pour monter encore plus haut. Il va vivre au refuge avec les gardiens pour ensuite retourner d'où il vient, plus bas. Au retour, ce sera l'instant des pleurs quand il sera arrêté par un obstacle qu'il croit insurmontable.

 

En octobre, il décide de repartir en même temps que Gabriele et Remmigio après avoir partager un repas où les deux hommes qui ne se parlent pas vont être réunis. 

 

"Comme ermite, je ne valais pas un clou : j'étais monté là haut pour rester seulet n'arrêtais pas de me chercher des amis"

"Cela devait bien finir par arriver, et au bout du compte, entre tous les endroits tristes possibles et imaginales, c'est dans l'une de mes caillasses préférées que je fondis en larmes"

"A la baita, le mois de juillet était déjà bien avancé. Quand l'herbe nous arriva à la taille et commenç à jaunir, partout sur les alpages sortirent les faucheuses, les tracteurs, les remorques, les botteleuses. A la saison des foins, tout le monde mettait la main à la pâte, même les enfants. C'était beau de voir la montagne ratissée comme un jardin : avec les crocus qui fleurissaient dans l'herbe fraiche, croyant à un retour du printemps"

Par deux fois, étrangerment, j'ai pensé à "la petite lumière dans la nuit " de Moresco. Moment magique quand le jeune homme découvre une nuit des lueurs de feux dans la montagne de toutes ces vies isolées mais non loin de lui. Pas si seul que cela là haut. 

Il n'est pas certain que Paolo Cognetti a trouver les réponses à son mal être passager lorsqu'il redescend vers la civilisation. Il emporte avec lui du bonheur partagé, des souvenirs qui ne s'estompéront pas. Il s'est remis à écrire durant l'été. Il quitte la baita comme une belle connaissance. 

Magnifique, magique, à lire et à relire. 

 

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23 janvier 2016

Le tableau du samedi Vuillard

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22 janvier 2016

Figés

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21 janvier 2016

Le tableau du jeudi

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21 janvier 2016

Le tableau du vendredi

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21 janvier 2016

Parfum d'Asie

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