La vie effaçant toutes choses de Fanny Chiarello
Lire Fanny Chiarello est toujours un pur moment de bonheur. Et ce dernier roman n’échappe pas à la règle.
Dans la vie effaçant toute chose, elle nous raconte la révolte qui gronde dans la tête de neuf femmes. Marre de vivre comme une femme, comme on doit percevoir les femmes. Marre d’être dans le carcan de ces jours qui passent selon les règles établies parce qu’elles sont femmes.
Elles ne se connaissent pas. Pourtant tout le long du livre, elles vont se croiser sans connaitre la révolte de l’autre. Neuf femmes qui sentent qu’il y a ce quelque chose qui pourraient les rendre enfin totalement heureuses. Et selon leurs désirs à elles. Pas celui de la famille, des enfants, des hommes….
Atteindront-elles le but ultime ? Au bout de la plume de Fanny Chiarello, rien n’est moins certain.
Le roman est parcouru de titres de musique, de poésie et des paysages du nord que Fanny Chiarrello connait si bien, de visions étranges de la mort, d’une chambre au chiffre 127, d’une émission de radio.
Portrait de dix femmes, pourrait-on dire en fait car Rita la sdf va croiser leur route également. On ne sait pas grand chose de Rita. Est -elle folle ou non ? Peu importe.
« Janice considère avoir en commun avec Rita de ne pas entrer dans la case cubique qui lui est réservée. Certes Rita rêve d’en avoir une où se ranger à l’abri du vent, des abrutis de tarés de malades mentaux, de la gale et des araignées, tandis que Janice rêve de dynamiter celle qui lui a été attribuée, certes Rita aspire à ce que Janice abhorre, mais de fait elles sont deux dans fantômes dans la ville, immobiles au coin des rues, le regard fixe et une révélation au bord de la conscience. Les vrais adultes, ne vivent pas cela, les citoyens équilibrés, bien intégrés n’ont pas ces occupations. Les citoyens ordinaires ne se rendent pas malades à l’idée que d’autres êtres humains doivent subir la pluie, les citoyens ordinaires ne pleurent pas en mettant le chauffage. »
« Les gens au sommeil régulier n’imaginent pas qu’à toute heure de la nuite, même dans une ville si petite et si dévitalisée qu’elle mérite à peine le nom de ville, il se trouve quelqu’un pour promener un chien, fumer une cigarette ou se cogner aux réverbères comme un moustique prisonnier d’un abat-jour, esseyant de se rappeler où il habite. Il est quatre et demie les jeunes d’en face rentrent tout juste sans un bruit; Millie les observe avec sympathie. »
Si la révolte gronde en vous, lisez ce roman.