Galeristes Anne Martin-Fugier
Anne Martin-Fugier historienne de formation, s’est intéressée aux galeries d’art contemporain au milieu des années septantes. Son doctorat de fin d’étude avait pour thème les bonnes à Paris, bien éloigné de l’art c’est certain mais au fil des années, l’histoire et l’art contemporain se sont entremêlés dans sa vie.
Ce livre comporte une série d’entretiens de ces découvreurs d’art dont les plus anciens sont Nicole et Lucien Durant parents de Guillaume Durant le journaliste ainsi que Rodolphe Stadler.
J’ai eu un petit coup de coeur pour Catherine Thiek. Le livre se clôt par Emmanuel Perrotin dont j’avais pu admirer l’expo des artistes qu’il aime , au Tri postal de Lille.
Chacune et chacun raconte son parcours. Ils viennent de tous horizons, riches, pauvres. Enfants d’immigrés, Suisse. Certains ont baigné dans l’art depuis la naissance, d’autres pas du tout. Mais tous ont été attirés par cette envie d’ouvrir une galerie et de faire connaitre des artistes contemporains. Tous se sont lancés dans une aventure atypique et extraordinaire. Certains depuis ont fermé leur galerie, suite à la crise et d’autres continuent le combat pour l’amour de l’art.
Je leur laisse la parole :
« Je vous tiens des propos pessimistes sur le marché de l’art mais, moi je suis très heureux. Je suis en accord avec moi-même. Même si le reste du monde n’approuve pas mon choix, j’aime vivre avec les tableaux de Guinan, j’aime en parler, j’aime rencontrer des gens qui adhèrent à son oeuvre »
Albert Loeb
Je n’aime pas l’expression « mes artistes », je ne voudrais pas non plus que les artistes disent « ma galerie ». J’aime l’indépendance, je n’ai jamais désiré constituer une écurie et je n’ai pas besoin de camaraderie avec les artistes. J’ai travaillé sur le long terme avec des personnes auxquelles j’étais attachée mais j’ai essayé de regarder davantage les oeuvres que les artistes. j’ai toujours eu cette passion pour l’oeuvre importante, magistrale… »
Catherine Tiek
« L’art est devenu aujourd’hui un produit social. Depuis les années 2000, nous sommes dans un star-système. Phénomène de mode et démence des prix. Est-ce qu’un Peter Doig vaut huit millions de dollars ? Mieux vaudrait acheter un Gauguin. Voilà ce que je combats mais c’est un combat d’arrière-garde »
Jean Brolly
« Je ne crois pas aux contrats écrits : pour moi, tout est fondé sur la parole et la confiance. Je n’aurais jamais signé un contrat avec un artiste : pourquoi ligoter et être ligoté ? De toute façon, je n’aime pas les problèmes. J’ai toujours arrondi les angles mais je dis aussi clairement les choses »
Nello Di Meo
« Mon père était employé de banque, mes parents avaient des intérêts culturels-d’ailleurs, ils m’ont infligé des vacances en camping-car à travers toute l’Europe en visitant la moindre église, le moindre musée. Mon frère et mes soeurs, beaucoup plus âgés, avaient eu des vacances plus classiques dans leur enfance : eux, on les emmenait à la plage! Mais pour mes parents , l’art s’arrêtait à l’impressionnisme, le contemporain n’existait pas : même Picasso c’était trop »
Emmanuel Perrotin.
« Ma vie maintenant est indissociable de celle de la galerie. Je n’imagine nullement m’arrêter un mou. S’occuper d’une galerie permet de rester jeune. Lorsque je vois des gens de mon âge qui ont d’autres types d’activités, je me sens loin d’eux, même dans des domaines qui n’ont rien à voir avec l’art. «
Bruno Delavallade
Je continue le périple vers l’art en découvrant Artistes du même auteur.