Seul dans Berlin Hans Fallada
Rue Jablonski, Berlin, un jour comme un autre en ce mois de mai 40. Un jour comme un autre, non pas vraiment.
Anna et Otto Qangel, reçoivent cet mot qui leur apprend que leur fils Otto est mort sur le front tandis que Baldur
Persicke, jeune recrue SS, fête en famille la défaite de la France. A l'étage, la vieille Mme Rosenthal se terre
depuis l'arrestation de son mari.
Anna est effondrée de douleur et de rage elle crie à son mari que son fils est mort à cause de lui et de son damné Hitler. Otto blessé par ces paroles décide d'entrer en résistance à sa manière.
Mais il doit également annoncé la nouvelle à la fiancé d'Otto, Trudel, qui de son côté résiste mais sans conviction.
Otto va écrire des cartes postales. Il va y écrire tout ce qu'il ressent contre ce système d'assassins qui se gorge du troisième Reich. Dans des escaliers, sur le bord de fenêtre, il va placer ces mots pour que d'autres résistent.
Mise dans la confidence, Anna va l'aider.
Pendant des mois, ils vont placer ces cartes s'imaginant qu'on les lit. Mais le système étant tellement terrifiant, ces cartes aboutissent toutes à la Gestapo. La chasse aux intriguants commence....
Hans Fallada est mort en 1947 après avoir terminé ce roman. Hans Fallada est un nom d'emprunt. Un allemand qui a écrit autant de vérités sur le système qu'il a connu c'est inoui.
Il nous démontre dans ce roman que les allemands ont également soufferts du régime hitlérien. Que tous n'étaient pas convaincus par ce totalitarisme et sont entrés en résistance, leur résistance avec les moyens du bord qu'ils possédaient.
Ils faut admirer leur courage car sous le règne de la terreur tel qu'il était bien installé, peu d'entre eux osaient défier l'autorité.
Un roman qu'on referme complètement anéanti émotionnellement, le coeur meurtri. Comment les hommes peuvent-ils avoir été et être encore dans beaucoup de pays si mauvais, si bestiaux ?
Nous qui avons la chance, je dis bien la chance, de vivre dans des pays où l'on peut vivre sans avoir peur d'être épié par son voisin, que ferions-nous si tout basculait? Ce roman nous claque la question en pleine figure.
"Cette prolongation indéfinie de la peur de mourir relève d'une cruauté inimaginable, car elle n'est pas due seulement aux lenteurs des formalités juridiques et des recours en grâce dont il faudrait attendre la réponse. Certains disent que le bourreau est débordé, qu'il doit voyager, car on exécute dans toute l'Allemagne. Mais, dès lors, comment se fait-il que sur deux condamnés dans la même affaire, l'un est exécuté sept mois plus tôt que l'autre ?... Non il s'agit ici d'une méthode voulue et sadique. Dans cette maison, où les corps ne sont plus soumis aux brutalités ni à la torture, ce sont les âmes qui ne doivent pas échapper une minute à la peur de mourir,dont le poison suinte insidieusement dans les cellules."
Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir Depuis huit
Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi. - Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid. Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table Verte : je contemplai les sujets très naïfs De la tapisserie. - Et ce fut adorable, Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs, - Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! - Rieuse, m'apporta des tartines de beurre, Du jambon tiède, dans un plat colorié, Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse Que dorait un rayon de soleil arriéré.
1870
Rimbaud