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Les couleurs de la vie
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6 mars 2018

Seuls les enfants savent aimer de Cali

cali

 

Avant tout, sachez que je ne suis aucunement fan de Cali donc je ne savais à quoi m’attendre en ouvrant ce roman autobiographique et ce fut une belle surprise.

 

Dans ce roman, Cali à travers les mots du petit Bruno qu’il était à six ans, nous dévoile sa plus grande blessure : le décès de sa maman Mireille alors qu’il n’avait que six ans.

 

 

Du jour de l’enterrement, il n’a qu’un souvenir, le volet mal fermé, le soleil, les pleurs de la famille. Il assiste au chagrin des siens sans pouvoir y participer.  Il est trop petit pour cela. 

 

Il faut retourner à l’école avec les regards des autres. 

 

Il faut assister à tout le reste de la famille qui fait un grand feu de tout ce qui rappelle maman. 

Mireille ne cesse de mourir dans le coeur de Bruno.

 

« Tu brûles. Je te vois derrière les volets te défaire en flammes et en cendres, et je n’y comprends rien.

J’ai six ans. Et une famille a décidé de creuser  plus encore ce trou béant laissé depuis ton départ. »

 

 Il y a papa qui pleure en cachette dans sa chambre. Aldo, Gina, Sandra les plus grands. Comment font-ils pour survivre ? Bruno n’y arrive pas.

 

 

Et un jour Alec, un nouveau à l’école. Il sera son meilleur ami. La maison est si triste qu’il préfère passer son temps chez ce dernier d’autant que papa s’est mis à boire.

 

Sans oublier Carole dont il est fou. Elle est si belle. A la fête de l’école, il attend le moment où dans la danse, il va lui donner un baiser. Le paradis. Le lendemain, dans la cour, elle fait semblant de ne pas le connaitre.

 

Je ferai toujours partie des perdants maman. 

 

Un soir avec Frank, un copain, ils sont allés regarder leurs deux pères attablés au comptoir. Bruno a ramené papa à la maison.

 

Maman ne cesse de mourir. Bruno pousse des crises d’agressivité et on lui pardonne. 

 

Cet été là, papa, l’emmène avec une de ses soeurs à la colonie. Pourquoi l’abandonne t-on ainsi ? Il décide qu’il ne parlera pas. Il s’en fout des autres. Il veut être avec Alec, se blottir contre lui. Il ne participe à rien. Comment les autres peuvent -ils s’amuser ?  La vie sans toi maman c’est impossible.

 

« Tu n’es juste pas là quand je voudrais que tu sois là. Tu te tiens dans l’ombre du jour, et je ne peux être avec toi. La mort n’existe pas? C’est ça maman ? La mort n’existe pas. Maman ? »

 

Bruno ne demande qu’à aimer aimer aimer…

 

 

Un très beau roman mais quelle tristesse ressentie quand on le referme.  Une année de la vie d’un petit garçon qui veut survivre à la disparition de sa maman. A six ans on pense que les mamans ne meurent jamais.

 

Premier roman lu dans le cadre des 68 premières fois. Une magnifique découverte.

logo

 

 

 

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2 mars 2018

Petites chroniques d'une maison d'hôtes de Veronique Cambier

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Veronique Cambier parisienne jusqu’au bout des talons et quiche en cuisine de ce fait a franchi le pas en totale adhésion avec son mari et changer de vie. 

 

Tenir une maison d’hôtes, y louer des chambres : une véritable gageure. 

 

« Un jour enfin, nous sommes arrivés dans le village de Bilhères pour visiter une propriété et en repartant nous sommes tombés sur un panneau en bois marqué terrain à vendre.

Et là, coup de foudre ! Pour le village, son exposition bien ensoleillée, l’emplacement du terrain et la vue : fabuleuse et imprenable! »

 

Ils voulaient acheter une maison. Ils en firent construire une. Et les voilà partis pour une belle aventure en famille car Véronique et Hervé sont les parents d’un garçon et d’une fille.

Le chapitre où elle évoque la désinvolture de son fils au début m’a bien fait rire. 

 

 

Depuis douze ans, Veronique court dans tous les sens, nettoyage, repassage, pâtissière (j’en rêve de ses pâtisseries). Se lever avant ses clients pour préparer le petit déjeuner même si elle avoue qu’elle n’est pas du matin.  Une véritable fourmi  qui se doit d’être impeccable.

 

Douze ans après l’ouverture de la maison, elle nous raconte sans langue de bois ses déboires et ses bonheurs d’hôtesse. Je ne sais pas comment elle fait pour ne pas hurler sur certains clients. Je suppose que tous les autres compensent par leur gentillesse et leur amitié car oui certains sont devenus des amis.

 

Des chroniques à lire si vous avez le blues. Des chroniques à lire si vous désirez ouvrir une maison d’hôte car ce n’est pas vraiment de tout repos. Veronique vous explique avec un humour décapant, car je pense qu’il en faut parfois de l’humour face à certains grossiers personnages, dans quel monde vous allez plonger.

 

 

« Par jeu on n’avait d’ailleurs soulevé l’idée de ne plus faire maison d’^hotes QUE pour les gentils habitués, en mode club privé. »

 

 

Non je n’oublie pas qu’Hervé, le mari de Véronique, est un fin cuisinier et s’occupe de tout quand ils font table d’^hotes également.  Derrière la femme se cache toujours le mari. 

 

 

 

J’avoue qu’avec mes deux chiens, je ne loge jamais chez l’hôte car j’aime être comme chez moi en vacances et j’ai surtout horreur de déranger les autres . Cela ne m’a pas empêchée de rencontrer des propriétaires de locations de vacances super généreux.  

 

Véronique laisserait sous entendre qu’elle et son mari pensent  parfois à arrêter. Vous êtes certains ? 

 

Alors précipiter vous chez eux  http://www.arrajou.com dans ce village des Pyrénées. 

Vous pouvez également les suivre sur facebook. Je rêve quand j’y découvre ses photos de transhumance moutonnière. 

 

A oui j’oubliais, Véronique est une addict lectrice. Et je rajouterai une excellente chroniqueuse. 

 

 

 

 

 

1 mars 2018

Marcher à Kerguelen de François Garde

kerguelen

 

 

« Les trésors de Kerguelen ne sont ni monétisantes ni exploitables. Cette île n’a jamais enrichi personne. Tout ce que la nature donne à profusion reste sur place. Un seul produit d’exportation, le rêve-le rêve décliné en souvenirs, en désirs, en timbres, en nostalgies, en images, en contemplations…De ce fret là, je me revendique négociant. »

 

 

La première fois que j’ai découvert le nom de Kerguelen ce fut à travers le livre de Jean-Paul Kauffmann « l’archipel de Kerguelen ». Une terre sauvage au bout du monde de quoi me plaire.

 

 

Cette île porte le nom du navigateur qui  la découvrit. Une terre aride où les vents ne cessent de souffler, une terre qui ne désire accueillir aucun humain. Au fil des siècles l’homme a tente de la conquérir, peine perdue. Paradis des manchots, des éléphants de mer, des oiseaux tels les pétrels, les rennes y sont un produit importé humainement ainsi que d’autres formes de vie.

Très peu de flore : du lichen semblable à l’île, des plantes singulières et des pissenlits. Même les couleurs sont différentes comme ternies. 

 

« L’intérieur reste superbement inutile . Seuls les mammifères introduits transgressent malgré eux cette loi d’airain. Pour eux seuls, Kerguelen est une prison. L’illégitimité de leur présence leur colle à la peau-tout autant que pour nous »

 

 

François Garde fut un temps administrateur de ces terres. Il s’y rend plusieurs fois puis déchu, il niche sa tristesse dans la découverte d’autres endroits  jusqu’au jour où il décide d’y retourner pour un voyage de 25 jours. Traverser l’île comme pour redécouvrir une amante délaissée.

 

Pour ce voyage, il est accompagné de trois compagnons, deux photographes et un médecin qui eux aussi connaissent bien cet endroit. 

 

Quelle est la motivation de François Garde : écrire ? Lui qui a endossé le Fagnard de cette profession grâce à ses romans. En fait il ne connait aucun sens à sa motivation et il ne demandera  pas à ses compagnons quelle est la leur. A chacun son monde intérieur. 

 

Les voilà partis du 23 novembre au 17 décembre 2015. Un hélicoptère les dépose. Il n’y a plus de recul possible. La peur et la joie se mêlent. Il faut faire le premier pas. 

« Je m’assieds par terre un moment. Je ne bouge plus. Après toutes ces journées dans les montagnes désertes, je savoure cette éruption de vie, cette faune qui ne connait pas l’homme et ne le craint pas. Adultes, juvéniles, tous sont occupés par leur projet, la continuation du cycle, et m’oublient. Des papous retournent à  la colonie, affairés. De jeunes manchots royaux errent çà et là, tels des adolescents un peu rebelles mais un peu perdus. Des poussins se dandinent en marchant sur la carcasse d’un parent. Un éléphant de mer dort dans la rivière. Un pétrel géant tourne au-dessus et cherche une proie. Ils ne sont dans aucun temps. Moi seul connais les horloges et les calendriers. Ils sont l’éternité et je la contemple par effraction ».

 

 

Bardés de leurs sacs pesant 25 kilos, les quatre hommes vont arpenter cette terre où les lacs disparaissent et réapparaissent, où le vent souffle à tout moment, où la pluie peut « tomber à l’horizontale ». Leurs nuits de bivouac, ils vont les passer dans une tente de trois bien qu’ils soient au nombre de quatre. L’humidité est omniprésente. Ils n’ont qu’un choix marcher pour atteindre chaque maison qui leur permettra de se reposer et découvrir des vivres en suffisance afin de repartir. Ces maisons sont en fait le lieu où des scientifiques cohabitent durant leurs missions. Maisons en métal avec le minimum vital mais dans cette terre tout semble plus luxueux dès lors qu’on est l’abri de cette froidure. A côté de chaque maison, des bacs qui contiennent toutes sortes de conserves pour les futurs arrivants.

 

« Je ne sais toujours pas si ces paysages sont beaux, je ne suis plus trop sûr de ce que la beauté signifie. Les philosophes en débattent depuis l’Antiquité. Comment percevoir une beauté qui ne serait jamais regardée, ou si peu et si furtivement ? Une beauté qui serait sans aucun lien avec l’homme ? Ici je ne vois pas la beauté mais la force. »

 

 

Il n’y a pas d’alternative dans ce voyage. Chacun doit être solidaire de l’autre perdus dans cette nature valonnée, sauvage où l’on traverse  les rivières à mi cuisse, où les pieds s’enfoncent dans la souille. 

 

Le monde s’est arrêté. Pas de nouvelles de l’autre monde dit civilisé. Les pensées volent vers les attentats perpétrés avant leur départ. Le nouveau roman qui passe par le comité de lecture.  Pas le temps de s’apitoyer sous le ciel qui parfois montre un coin de ciel bleu.  

 

« Partout ailleurs, aux pays où vivent les hommes, au commencement était le Verbe ». Ici, au sud du jardin d’Eden, au commencement était le Vent »

 

 

 

Kerguelen ne s’apprivoise pas , elle n’a  aucunement besoin de l’homme. Elle est la nature et se suffit à elle même. Pourtant François Garde aura difficile à la quitter. Elle ne sera plus qu’un souvenir. Des mots, des phrases pour expliquer aux autres. Même son journal ne retranscrira que des impressions déjà  perdues dans le passé. 

 

 

François Garde va découvrir un seul livre sur cette île. Perdu dans un des refuges, un roman de Le Clezio, le cadeau d’une mère à son fils. Cadeau resté là bas sur ces terres. 

 

 

Et cette émotion quand il s’imagine qu’il n’y a plus de bébés manchots.

 

« J’avance, j’avance dans ce paysage immobile et je m’ennuie, pour la première fois depuis le départ. Je m’ennuie dans cet espace sans enjeu. Je m’ennuie dans la plaine Ampère ? Tout d’un coup, à cette assertion saugrenue, j’éclate de rire »

 

 

 

« Un cairn sur une terrasse confirme que des hommes sont passés par là avant nous. Ce très modeste monument d’abord me réjouit, en me reliant aux précédents marcheurs; il m’amuse par son inutilité, tant le trajet est évident; il m’inquiète aussi, par tout ce dont il symbolise les prémices : les marques de peinture des deux couleurs vives sur les rochers; les poteaux indicateurs; les sentiers aménagés à la pelle et à la pioche; les groupes randonnant en sens inverses; les refuges gardés; les buvettes et les offices du tourisme. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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