Kinderzimmer de Valentine Goby
Tu n’y es pas ! Etre vivant, elle dit, c’est se lever, se nourrir, se laver, laver sa gamelle, c’est faire les gestes qui préservent, et puis pleurer l’absence, la coudre à sa propre existence. Me parle pas de boulangerie, de robe, de baisers, de musique ! Vivre c’est ne pas devancer la mort, se tenir debout dans l’intervalle mince entre le jour et la nuit, et, personne ne sait quand elle viendra. Le travail d’humain est le même partout, à Paris, à Cracovie, à Tombouctou, depuis la nuit des temps, et jusqu’à Ravensbruck. Il n’y a pas de différence.
Suzanne a été donnée, elle la résistante. Embarquée dans un train avec sa cousine Lisette, elle ne sait pas quelle est leur destination. Elle ne s’appelle plus Suzanne mais Mila. Mila sait qu’elle est enceinte dès le départ.
Comment pourrait-elle savoir que ce camp où elles débarquent porte le nom de Ravensbruck.
Les françaises sont toutes logées dans le même baraquement. Elles porteront l’étoile rouge, celle des déportées politiques.
Ici c’est l’enfer sur terre, coups, cris, faim, froid, au fil des mois les femmes se transforment en des êtres cadavériques qui marchent sur des jambes qui ne ressemblent plus qu’à des bout de bois, couvertes de pustules.
Il ne faut pas qu’on sache qu’elle est enceinte, surtout pas. On ne sait pas ce que deviennent les femmes enceintes et leurs bébés. Avant, on les tuait alors surtout se taire.
Les seuls enfants du camp ressemblent à des vieillards dont la tête est trop grosse mais ce sont déjà des enfants.
Lors de la première consultation gynécologique, elle nie quand le médecin déclare qu’elle attend famille. Nein, Nein. Il la laisse repartir.
Comment arrive t-il à grandir dans son ventre avec le peu de nourriture qu’elle absorbe.
Lisette, sa soeur, sa cousine meurt. A quoi bon vivre, se laisser aller est tellement plus simple.
Teresa, la polonaise, va lui insuffler l’énergie, la secouer. Mila doit vivre, pour elle, pour le bébé et pour toutes les autres.
Mila se jette un défi. Elle va brouter l’herbe et si le chien ne la mord pas. Oui elle décide que le bébé, que sa vie, vaut la peine.
Le chien ne la mord pas.
Perte des eaux, conduite à l’infirmerie où l’infirmière lui interdit de crier lors de l’accouchement pour ne pas déranger le docteur. Petit être contre sa peau, couvert de sang. Elle le lave avec un peu de café.
Mon bébé, Mon James où est-il ?
Stupéfaction ! Kinderzimmer, il existe une kinderzimmer dans le camp et James n’est pas unique.
On ne peut pas pénétrer dans la Kinderzimmer. Sabine en interdit la porte. Les mères doivent allaiter dans une autre salle. Silencieuses, elles viennent chacune à leur tour.
Mila se faufile, elle découvre des bébés couchés par rang. Certains ressemblent à de petites vieilleries. Sabine lui avoue que les bébés ne vivent que trois mois. Impossible de les nourrir. Quand l’un d’entre eux meurt, sa ration est donnée immédiatement aux survivants qui ont encore l’espoir de vivre.
James son James doit vivre. Plus de lait qui coule des seins. C’est une mère russe qui a perdu son bébé qui va nourrir James. Mila assiste à chaque tetée.
Entre prisonnières, c’est une entraide pour que James puisse vivre. Vol de tissu, un peu de pain, du charbon pour chauffer la Kinderzimmer. Mais James, son James n’a plus la force.
Alors ce sera Sacha. Mila il faut que tu les prennes celui là, sa mère est morte. James n’est plus mais Sacha lui ne demande qu’à grandir....
Mila et Sacha-James, elle se battra pour lui, pour toutes les autres, pour la vie.
Mais Lisette est morte.
Georgette est morte.
Violette est morte.
La mère de Louise est morte.
James est mort.
Marianne est morte.
Cili est morte.
La mère de Sacha est morte.
Les juives hongroises de la tente ont disparu.
Adèle meurt, et toutes celles qui n’ont pas de nom : l’Allemagne n’aura jamais perdu.
Qu’est-ce que ça veut dire, gagner ou perdre ?
Térésé répondrait : tu perds seulement quand tu abandonnes.
Si vous vous décidez à ouvrir les pages de ce livre, préparer vous à un choc. Vous ne serez pas épargné par les cris, la peur en un seul mot l’horreur.
Magnifique roman qui dépouille les humains de leur physique tout en ne réussissant pas à fondre leur pensée. Un hymne à la vie, à la survie.
La Kinderzimmer a bel et bien existé à Ravensbruck à la fin de la guerre. Pourquoi les nazis décidaient-ils de laisser vivre les bébés tout en sachant qu’ils étaient de toute façon condamnés par la faim et la diarrhée ? Impossible à comprendre. On peut compter sur les doigts d’une main, ceux qui survécurent
Un roman inoubliable.
La grâce des brigands de Véronique Ovaldé
1989, la sonnerie du téléphone retentit. Maria Cristina décroche : sa mère dont elle n’a plus entendu la voix depuis 10 ans, lui demande de venir chercher son neveu, fils de sa soeur Moona.
Ayant gagné sa liberté face à cette famille à la limite de la névrose, Maria Cristina va t-elle encore une fois obéir à sa mère ?
C'est le début d'une longue histoire....comme un film qui passe du noir et blanc en technicolor
Maria Cristina quitte le village isolé de Lapérouse à l’âge de 16 ans. Elle fuit surtout sa mère qui est d’une bigoterie qui la fait devenir folle ainsi que cette culpabilité qui se niche dans sa tête vis à vis de sa soeur qui l’a toujours jalousée.
Elle part vers la Californie, poussée par son père, être inodore et incolore. La maison rose ne devient plus qu’un mirage. Vive Santa Monica
Complètement perdue, elle a la chance de devenir la colocataire de Joanne qui est l’opposée de Maria Cristina. De plus, Joanne attend famille et désire de la compagnie. Les deux femmes s’entendent à merveille dès le premier contact.
Maria-Cristina, n’allant plus aux cours de la fac, il faut absolument qu’elle se trouve un boulot.
Quand elle découvre qu’un certain écrivain Claramunt cherche une secrétaire, elle n’hésite pas.... Elle qui veut devenir elle-même écrivain, c'est la chance de sa vie.
Jamais lu Véronique Ovaldé, Me suis enfin décidée et c’est une magnifique suprise.
J’aime cette manière qu’elle a de passer du dramatique vers le rire grâce à une pirouette humoristique.
C’est léger tout en étant sérieux, cela se sirote avec délectaction. A lire absolument.
N’ayant lu aucun de ses précédents livres, je ne peux pas juger si ce dernier est excellent par rapport aux autres. Mais j’avoue que je me suis déjà précipitée à la librairie. Véronique Ovaldé compte une nouvelle lectrice.
Voir l'avis de Cathulu (malheureusement, je n'arrive pas à coller le lien vers son post)
Samedi ce fut temps de pluie sur les Ardennes
Depuis dimanche, seule à la maison avec mister chien junior
Abandon
Enthousiaste au début, enthousiasme qui s'est émoussé petit à petit. Abandon à la moitié. C'est bien écrit, l'intrigue est bonne, mais il y a parfois de longueurs et ce livre ne m'a rien appris de plus sur la guerre 14-18 que je ne savais déjà. Il manque une petite étincelle qui m'aurait donné envie de le lire dans sa totalité.
Première déception de cette rentrée.