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Les couleurs de la vie
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15 septembre 2012

Un héros Félicité Herzog

Comment construit-on son enfance lorsque votre père est un héros, vainqueur d'Annapurna, ayant risqué sa vie et amputé des doigts? Comment construit-on son enfance si votre mère est férue de philosophie et y trouve son exutoire ? Certains s'élèvent et d'autres succombent jusqu'à la mort.

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"Mais plus nous étions athlétiques, plus nous étions violents. Plus nous étions violents, plus nous étions désespérés"


May, la grand-mère de Félicité et de Laurent était le fruit d'un amour adultérin. Antoinette, femme d'Eugène Schneider, industriel du Creusot, s'ennuyant un peu près de ce mari austère avait eu une aventure dont May était le souvenir.

May était fière d'appartenir à cette riche famille, fière de ses origines et Marie Pierre sa fille devait absolument répondre à son idéologie.

Marie Pierre, ne l'entendant pas de cette oreille, se sentant libérée, grâce la philosophie, épouse Simon Nora, gauchiste. Ses parents ne veulent plus entendre parler d'elle. Marie Pierre va découvrir par son premier mariage, une vie qui n'est pas celle du luxe mais tendant plutôt vers la pauvreté. Le mariage n'y survit pas. Retour au bercail. May lui fait rencontrer Maurice Herzog, le héros mythique aventurier de l'après guerre.

"jamais, étrangement, il n'emmena l'un de nous, ses enfants, au camp de base de l'Annapurna, nous montrer le lieu de naissance de son épopée"


Maurice Herzog est conquis par la jeune intellectuelle. Mariage. Mais Marie Pierre ne sait pas que son mari est un coureur impénitent de jupons. Et.. qu'une autre femme attend son heure. Leur premier enfant est un garçon Laurent. Félicité sera conçue dans l'idée maternelle que ce premier enfant ne soit pas seul. Maurice Herzog se lasse de cette intellectuelle.

Divorce, le premier à l'amiable dans cette France des années soixantes.

Marie Pierre et ses enfants vont habiter un appartement haussmanien.

Seuls trop seuls, entre un père qui ne s'intérèsse à eux que quand il faut les exhiber une mère très libérée ayant de nombreux amants.

Pour Félicité, les été sont merveilleux dans le château de leurs grands parents. Mais là aussi tout est étrange comme si le monde s'était arrêté au temps des grands industriels.

Pour juguler leur violence, on conseille le sport, toujours le sport mais chez Laurent cette violence ne se jugule pas.

Toujours considéré comme différent, dans son monde, personne ne s'étonne de ses accès de fureur. On fait comme si on ne le remarquait pas.

"La mégalomanie du fils renvoyait à la mégalomanie du père, qui n'hésitait pas à rapport dans l'un de ses livres :"D'égal à égal, je dialoguais avec les 8000, les géants qui m'entouraient".Il y avait entre mon père et mon frère, dans cette inconscience, un écho : l'ignorance des réalités, d'eux mêmes et des autres"


Durant certaines de ses colères, il s'en prend à sa soeur et la frappe.

Laurent va tenter d'être le meilleur en tout autant au point de vue études que métier, être le meilleur comme son père mais son déséquilibre mental lui en barre le chemin.

"Il était intolérable à notre univers, dans lequel tout ne devait être que réussite, puissance, filiation superbe, séduction et légende, d'avoir un malade, mental de surcroit"


Laurent va sombrer au fil des années. Suicide, hopitaux psychiatriques, délires. Il était trop tard pour le soigner, la mal l'avait rongé dès l'enfance.

"La seule marque de vie dans ses yeux était la tristesse et la rage envers ceux et celles qui ne l'aidaient pas ou qui le désiraient mais en étaient incapables. Comment le monde  avait-il pu le lacher ainsi ?"


"Le drame de Laurent, auquel j'assistais années après année, était l'incompréhension viscérale de son entourage pour ce qui l'affectait. Pour les uns, il était un illuminé, un vicieux, un ayatollah, un pervers, un diabolique. Pour les autres un enfant gâté, un vaurien, un fainéant, un profiteur du système, un pauvre type. Mon père n'avait de cesse de répéter avec mépris :"Il doit reconnaitre sa maladie!", considérant que son fils étant en somme un lâche, responsable se son propre mal, l'intimant d'abattre ses cartes"

Félicité est à Londres travaillant pour la finance. C'est par un coup de téléphone de la concierge à Paris, qu'elle apprend que son frère est mort.

 

En parcourant ce livre, j'ai revu en mémoire le livre que l'on m'avait offert dont l'auteur était Maurice Herzog, Au contraire des livres de Roger Frison Roche, je ne l'ai jamais lu. Maurice Herzog n'est donc pas devenu un héros pour l'enfant que j'étais et ne devra donc pas descendre de son pédiestal dans ma mémoire.

Le personnage central du récit n'est pas le grand héros qui apparait en filigrane mais bien Laurent, ce frère avec lequel Félicité a partagé tant de moments.

Une véritable sensibilité se dégage à travers les mots pour ce frère qu'on aurait du protégér et l'on ressent toute la détresse de Laurent.

Un récit magnifique...

 

 

 

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Commentaires
P
Or des Chambres, oui très touchée. je l'ai terminé les larmes aux yeux.
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L
Un très beau billet, on ressent très fortement que ce livre t'a vraiment touché
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