Artistes Anne Martin-Fugier
Anne Martin-Fugier s'est entretenue avec douze artistesfrançais d'art contemporain . Elle désirait connaître l'impact de la mondialisation sur leur vie d'artiste.
Ces artistes proviennent de milieux différents, certains ont baignés dans l'art dès leur jeunesse, d'autres pas du tout tout comme les galeristes dont j'ai lu les entretiens précédemment. Par contre, il est à noter que beaucoup n'aimaient pas l'enseignement traditionnel. Ils se sont donc lancés dans des études artistiques, souvent en passant le concours des Beaux Arts. Pour survivre par rapport à leur art, ils enseignent ou ont enseigné dans des écoles d'Art ou alors ils travaillent dans la société familiale ou passent d'un petit boulot à un autre.
Mais tous ont un commun, ce sentiment que la France reste plantée dans un archaisme de fonctionnalité au niveau artistique. Comme si elle se suffisait à elle-même, La preuve en est que la France n'a plus la cote auprès des autres pays, passée à côté de cette mondialisation.
Laissons leur la parole :
"Ensuite, je voudrais que mon travail soit reconnu comme une démarche intellectuelle et plastique intéressante.Qu'il ne soit plus seulement chez les collectionneurs mais dans les musées. Qu'il puisse parler à tout le monde, contribuer à l'échafaudage humain. J'aimerais avoir ma carte dans l'édifice, ce n'est pas une mince ambition!"
Fabien Merelle.
"Car la diffusion est un problème spécifique à la France : on ne trouvera jamais un livre d'art français sur les rayons d'un musée étranger. Les revues c'est pareil, nous n'avons aucune revue internationale. Pour que les étrangers s'intéressent à nous, il faut leur montrer comment on s'intéresse à eux"
Mathieu Mercier.
"Mais les artistes ont aussi une part de responsabilité, ils ne cherchent pas à s'exporter. Quant ils commencent à être connus,ils se contentent de leurs liens avec les institutions, les collectionneurs et les galeries en France. ils jouissent de leur mini-réseau. C'est une erreur, les jeunes générations l'ont bien compris et commencent à sortir tôt de l'hexagone"
Clément Bagot
"Mon père ne voulait pas que je devienne artiste, il pensait que c'était un métier de misère, il avait l'image d'Epinal, de la bohème, des crêve-la-faim"
"La vie d'artiste ne pardonne pas. Le moindre faux pas vous coule. C'est dur parce que vous êtes seul, vous assumez tout.
"Il y a une écologie dans mon travail, j'utilise le moins de moyens possible, le moin de matière possible, c'est une obsession chez moi. Etre au plus près du poète, qui avec une feuille et un crayon, change le monde"
Philippe Mayaux
"Je crois que je n'aimerais pas être une jeune artiste aujourd'hui. Quand j'ai commencé, je ne savais rien, il n'y avait pas d'internet.Maintenant on parle tellement tout de suite de prix, de ventes publiques...Pour un jeune artiste, c'est affreux, Et puis on les prend très vite, on les expose, on les jette aussi vite. Tout est très rapide. Le monde de l'art actuel est dur."
Annette Messager
"La peinture avait toujours à voir pour moi avec l'interdit. Dans la vie, il fallait faire des choses utiles et je n'ai jamais pensé que l'art est utile"
"Peindre c'est résister à la dérive culturelle qui fait que l'exposition est devenu l'événementiel dans la grande industrie du loisir organise.Pour moi le tableau comme la rencontre avec un texte, avec une personne, est une expérience intime, une poussée vers l'autre qui est déstabilisante parce qu'on ne peut pas désigner le pourquoi. Le vivant n'a rien à faire avec le blabla dont les médias nous abreuvent du matin au soir"
François Rouan
Tout comme dans le livre qui traitait des galeristes, c'est encore une femme qui remporte le coup de coeur : Annette Messager.
Elle raconte tellement bien ses oeuvres et la manière dont elle crée, qu'on ne peut que succomber.
Oeuvre d'Annette Messager
Il me reste à lire les collectionneurs pour que cette trilogie très intéressante referme le cercle.