Chronique de la dérive douce de Dany Laferrière
Que peut bien ressentir une jeune homme de 23 ans arrivant de Haiti à Montréal ? Ses amis, sa famille, tous sont restés à Port au Prince. Seul dans cette grande ville en 1976, il doit apprendre.
C’est sous forme de chroniques que Dany Laferrière nous décrit la nouvelle vie de ce jeune homme. Les chambres glauques, la solitude, la découverte d’une autre société, la faim, le manque d’argent, la pluie, la neige, le travail en usine, l’alcool mais surtout les livres, les filles et une petite souris.
Que va t-il faire de sa vie après cette année qui s'est déroulée ? Il achète une Remingtom et décide de devenir écrivain.
J’ai mis du temps à ouvrir ces chroniques et c’est tout simplement génial. On y croise, le désespoir, l’humour, la poésie, la vie d’un homme exilé . On se régale.
« Je ne serai pas d’ici tant
que je n’aurai pas connu
les quatre saisons. Ce
passé, que j’ignore, est si récent qu’il talonne
encore le présent.
Et se mêle parfois à la
conversation. Quand
cela arrive, je retrouve
instantanément ma
condition d’étranger; »
« Ce n’est que vers la fin d’octobre
que j’ai appris cette vieille règle.
Ne jamais se plaindre du racisme
si tu ne veux pas être perçu comme
un être inférieur. »
« Je retourne à la fenêtre.
Ma première tempête de neige
à vingt-trois ans.
C’est plus impressionnant
que la mer
mais moins émouvant. »
« Il est plus difficile de travailler
quand on sait que dehors,
il fait un soleil éclatant,
que les filles
sont pratiquement nues
et que la glace se vend
à 90 centimes au coin des rues
Saint-Laurent et Sainte-Catherine »
« Je ne peux pas dire
quand exactement
cette ville
a cessé d’être pour moi,
une ville étrangère
Peut-être quand
j’ai arrêté de la regarder. »