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Les couleurs de la vie
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24 mai 2015

La poésie du samedi

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, 
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : 
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. 
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : 
Mais l'amour infini me montera dans l'âme, 
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, 
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

 

 

Arthur Rimbaud

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20 mars 2015

Poésie résistance

En ce printemps des poètes, Aifelle et ClaudiaLucia proposaient un rendez-vous poésie dont l'intutilé est "l'insurrection poétique".

 

J'ai choisi

 

Le Déserteur de Boris Vian

Monsieur le Président je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
je ne veux pas la faire
je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C’est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
je m’en vais déserter

Depuis que je suis né
J’ai vu mourir mon père
J’ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Qu’elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j’étais prisonnier
On m’a volé ma femme
On m’a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J’irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens
Refusez d’obéir
Refusez de la faire
N’allez pas à la guerre
Refusez de partir
S’il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer.

 

Boris Vian

 

Mort bien trop tôt d'une crise cardiaque, il fut un poète de mots, de musique, de théâtre, des couleurs

Ce poème chanson est un cri contre toute autorité d'absurdie.

D'où ce choix....

 

À l'origine, il s'agit d'un poème dont la première interprétation a été diffusée en mai 1954 par Mouloudji.

Boris Vian la publie à la fin de la guerre d'Indochine

En novembre 1954, la chanson est interdite une première fois de diffusion à la radio pour « antipatriotisme », notamment à cause de son dernier couplet Paul Faber, conseiller municipal de la, avait été choqué par le passage à la radio de cette chanson, et avait demandé à ce qu'elle soit censurée en janvier 1955. En guise de réponse, Boris Vian écrit une lettre mémorable qu'il diffuse partout sous forme de lettre ouverte, sous le nom de « Lettre ouverte à Monsieur Paul Faber »; mais la radiodiffusion et la vente de ce chant antimilitariste furent interdites, Boris Vian se voyant, de plus, refuser par son éditeur la partition de la première version de la chanson L'interdiction fut levée en 1962.Vian est considéré  comme « compositeur engagé », un engagement qui est d'abord une révolte.

Il s'est tourné vers la chanson par nécessité et par curiosité après l'échec de sa pièce L'Équarrissage pour tous. Il y transpose son amertume avec un sens pratique étonnant, parce que la chanson a l'avantage d'« aller plus vite dans un art et un commerce brefs, quelques rimes et aux suivantes, un juste rapport entre l'objet et le temps passé, même si c'est encore du temps perdu

 

resister

 

res

 

3 novembre 2013

Soir d'automne Dans les forêts dépouillées, Déjà

Soir d'automne

 
Dans les forêts dépouillées,
Déjà les feuilles rouillées
Font un tapis de velours,
Et l'on entend, de l'automne
Gémir le chant monotone
Coupé par des sanglots lourds.
 
Les frileuses hirondelles,
Rasant le sol de coups d'ailes,
Se rassemblent à grands cris,
Et tous les oiseaux sauvages
S'appellent sur les rivages
Près des étangs défleuris.
 

J. RICHEPIN

18 octobre 2013

Les matins sont plus doux, Les noix brunissent,

Les matins sont plus doux,
Les noix brunissent,
La joue des baies se fait plus ronde,
La rose est en voyage.

L’érable porte un foulard plus joyeux,
Et la prairie une robe écarlate.
Pour ne pas être démodée
Je mettrai un bijou.

Emily Dickinson

2 septembre 2013

Photo Cig Haynes Je voulais dans mon

001-cig-harvey-theredlist

Photo Cig Haynes

 

Je voulais dans mon cartable
Emporter mes châteaux de sable,
Mon cerf-volant, des coquillages
Et le portique de la plage.

Maman m’a dit
" Ce n’est pas permis !
Et puis tout ça,
Ça ne rentre pas !"

Alors j’ai pris un beau stylo,
Pour le goûter quelques gâteaux
Et que des choses raisonnables.
Plus trois petits grains de sable !

Pierre Ruaud

 

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29 août 2013

Les bulles de savon que cet enfantS’amuse à tirer

Les bulles de savon que cet enfant
S’amuse à tirer d’une paille
Sont translucidement toute une philosophie
Claires, inutiles, et passagères comme la Nature.
Amies des yeux comme les choses,
Elles sont ce qu’elles sont
Selon une précision bien rondelette et aérienne,
Et personne, pas même l’enfant qui les abandonne,
Ne prétend qu’elles sont plus que ce qu’elles semblent être.

Quelques unes se voient à peine dans l’air lucide…
Elles sont comme la brise qui passe et touche à peine les fleurs
Et dont nous savons qu’elle passe pour la seule raison
Que quelque chose en nous se fait plus léger
Et accepte tout avec plus de netteté.

(Fernando Pessoa)

 

25 février 2013

Partir 1. Le poèmeC'est un jardin,une machine,une

Partir 1. Le poème
C'est un jardin,
une machine,
une scène, 
une maison,
c'est une devinette.
Sur le seuil, il y a un gardien.
Il compte les numéros impairs.
Ce n'est pas ton tour, mais tu entres.
C'est un jardin, 
c'est un piège, 
c'est un poème, c'est
le désir de partir.

Partir 2. Le souvenir
Partir
en protégeant un souvenir
sous la blouse du dimanche.
Le serrer si fort qu'il
éclate, comme un fruit.
Avoir honte alors 
de la tache qui s'étend
et qui mouille le tissu.

Partir 3. Le pas
Partir
en comptant ses pas.
S'étonner de ce que l'un d'eux
s'est attardé et nous empêche
de continuer à compter.

Partir 4. Le trajet
Partir un peu,
très peu,
si peu qu'il n'est jamais possible
de faire un horizon du point de départ.

(...)


Chantal Maillard


 

7 décembre 2012

Il a neigé Il a neigé dans l'aube roseSi

Il a neigé

Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que le chaton croit rêver.
C'est à peine s'il ose
Marcher.

Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que les choses
Semblent avoir changé.

Et le chaton noir n'ose
S'aventurer dans le verger,
Se sentant soudain étranger
A cette blancheur où se posent,
Comme pour le narguer,
Des moineaux effrontés.

Maurice Carême

1 novembre 2012

La poussière s'étend sur tout le mobilier, Les

La poussière s'étend sur tout le mobilier,
Les miroirs de Venise ont défleuri leur charme;
Il y rôde comme un très vieux parfum de Parme,
La funèbre douceur d'un sachet familier.

Plus jamais ne résonne à travers le silence
Le chant du piano dans des rythmes berceurs,
Mendelssohn et Mozart, mariant leurs douceurs,
Ne s'entendent qu'en rêve aux soirs de somnolence.

Mais le poète, errant sous son massif ennui,
Ouvrant chaque fenêtre aux clartés de la nuit,
Et se crispant les mains, hagard et solitaire,

Imagine soudain, hanté par des remords,
Un grand bal solennel tournant dans le mystère,
Où ses yeux ont cru voir danser les parents morts.

E Nelligan
27 octobre 2012

Si j’étais oiseau J’entrerais Par la fenêtre Où

Si j’étais oiseau
J’entrerais
Par la fenêtre
Où tu écris
Et te caresserais
Les joues
Du bout de mes ailes

Oiseau que ne suis-je !

Si j’étais fenêtre
Cette fenêtre
Où tu écris
Mes vitres te seraient
Miroir
Et je t’y caresserais
Le visage
Du bout de mes reflets

Fenêtre que ne suis-je !

Si j’étais plante
Cette plante entourant la fenêtre
Où tu écris
Je me tresserais
En couronne
Et t’en ceindrais le front
Et te caresserais
Les cheveux
Du bout de mes feuilles

Cette plante que ne suis-je !

Si j’étais l’Autre
Cet Autre
Auquel tu écris…

Moi qui
Jamais
N’ai
Caressé
Tes joues
Tes cheveux
Ni ton front
Même du bout de mes doigts…

Cet Autre que ne suis-je !

Esther Granek

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