La téméraire de Marine Westphal
Dès les premiers mots, je savais que ce roman percutant avait gagné son pari.
Dans un pavillon qui ressemble à un cube, une pièce apparemment en désordre. Une femme avachie dans un fauteuil et le lit qui trône au milieu de la pièce de séjour. Dans le lit, le corps d’un homme victime d’un AVC.
« avant c’était la pièce à vivre »
Lo Meo et Sali sont mariés depuis plus de trente ans. Le couple qu’ils forment a donné naissance à une fille et un garçon.
Lo Meo aime la nature. Son métier est de préserver cette nature intacte. Il maintient les sentiers en état et surveille les randonneurs. C’est en octobre que s’est arrivé. Il discutait sur les hauteurs du lac l’Oredon . Il discute avec un collègue de leur travail et en une fraction de seconde c’est la chute dans un autre monde.
Il va rester quelques mois à l’hopital mais il vit sans les machines donc il peut retourner à la maison.
Aidée de deux infirmières, Sali veille sur lui. Espérant jour après jour, nuit après nuit, un signe, un geste infime d’un doigt, un clignement de paupière qui lui ramène son Bartoloméo tel qu’il était avant.
Leurs enfants sont complètement perdus face à ce père. Maia se noie dans l’alcool et danse avec des corps inconnus. Gabin est figé dans sa peine.
Sali contemple son mari et peu à peu une idée germe en elle. S’il doit mourir, ce sera dans un endroit qu’il aurait aimé. Elle reprend des forces pour accomplir son magnifique geste d’amour.
Marine Westphal est infirmière et nous raconte non pas de manière chirurgicale mais poétique ce bouleversement du corps lors d’un AVC.
« C’est une poussière qui se perd dans l’espace et vient percuter le destin, comme une aiguille un ballon d’anniversaire. Poc »
Comment vit-on l’état végétatif de l’homme qu’on aime ? Sali ne peut le supporter mais son amour est si grand qu’elle va accomplir ce que certains se refuseraient.
Ce premier roman, je l’ai lu dans le cadre des 68 premières fois mais je l’avais déjà choisi auparavant car le thème m’intriguait.
Un premier roman écrit avec des mots dans toute leur simplicité et qui nous entraine dans une danse d’émotions. Marine Westphal nous met face à face avec la maladie, en tout humanisme.
Premier roman qu’il ne faut pas manquer de lire.
On le referme avec un uppercut au coeur.