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Les couleurs de la vie
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17 mars 2016

Une île, une forteresse d'Hélène Gaudy

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« Tous, ils font la même chose que ceux qui écrivent, ceux qui jouent, ceux qui dessinent ou peignent, qui ont laissé derrière eux des poèmes ou juste le souvenir de leur corps sur la scène, ils font la même chose que Friedl, se ménagent un espace, et même s’ils savent qu’il sera investi, déformé, qu’on l’utilisera pour inventer une ville qui n’existe pas et s’en servir contre eux, même s’ils le devinent ou le craignent, ils se tiennent encore là, parce qu’il n’y a que là qu’on peut encore se tenir.

C’est Eichmann, m’a dit Georges-Arthur Goldschmidt, c’est Eichmann, entre autre, qui a connu ça, cette histoire d’une ville où l’on démontrerait que les juifs sont des parasites qui se parasiteraient eux-mêmes, qui s’auto-dévoreraient. Ca ne s’est pas produit. Les nazis ont réussi le contraire de ce qu’ils voulaient puisque c’ étaient une floraison extraordinaire de littérature, d’art, en présence de la mort ».

 

 

On leur avait fait croire qu’ils allaient découvrir une ville pour eux, ils allaient se reposer, pouvoir nager dans la rivière, vivre heureux. Ils donnèrent toute leur fortune pour pouvoir vivre dans une belle maison. En guise de villégiature, ils eurent droit à tenter de survivre dans une ville forteresse imaginée par Vauban en forme d’étoile. 

 

C’est à TerEzin que furent déportés les juifs tchèques avant d’être emmenés vers Auschwitz. Pour les demi juifs allemands ainsi que ceux de plus de 65 ans, pour la plupart des artistes à tous les niveaux, ce fut le ghetto. 

 

Les tchèques qui y vivaient furent chassés pour permettre d’y installer les juifs.

 

Le sadisme des nazis fut tel qu’ils imaginèrent de réaliser un film dont tous les prisonniers furent les figurants.  Ils embellirent la ville facticement pour tromper les représentants de la croix rouge, qui fermèrent les yeux par trois fois durant les années de guerre. 

 

Il reste des archives de ce film où l’on découvre des enfants qui chevauchent des chevaux de bois le temps d’une scène. Après les chevaux ne firent plus jamais une gambade. 

 

Mêmes enfermés, les artistes luttèrent pour ne pas sombrer, pièce de théâtre, dessin, classe aux enfants dans l’attente , sans savoir qui disparaitrait en premier. Création d’un orchestre, chant….

 

Ce fut le dernier lieu où fut déporté Robert Desnos qui y mourut du typhus car comme dans tous les autres ghettos, les conditions de survie y furent du nom de l’horreur. 

 

 

 

La ville forteresse est toujours là, elle est devenue un lieu de mémoire qu’Hélène Gaudy a voulu découvrir, s’en imprégner, tenter de cerner ce qui reste en suspens, comprendre, écouter et essayer de saisir la silhouette de son grand-père qui fut déporté en France. Elle raconte le paysage, les rencontres. 

 

 

Elle nous emmène à Birkenau et à Drancy, le jumeau de TerEzin. Drancy qui fut le camp dirigé par les français, devenu une cité HLM. Que ressent-on à vivre entre des murs qui se sont imprégnés de tristesse passée  ? 

 

Un récit percutant. A lire, et à relire. 

 

A TerEzin furent enfermés 139 654 humains.

33 419 y moururent.

86934 furent déportés vers les camps d’extermination.

17 320 survécurent
Sur les 15 000 enfants qui y furent emmenés, il n’est resta qu’un millier.

 

 

« Les souvenirs ne sont pas tous incrustés de la même façon. Moi, je ne me souviens pas du degré de souffrance. On n’avait plus la force d’avoir des sentiments. C’est pour ça, quand les gens me disent vous avez été courageuse…Non, c’est la chance. Je ne peux pas parler pour les autres mais, moi, j’étais devenue, tout de suite un robot. Comme si on m’avait tapé sur la tête. Vous rentrez par une porte, vous êtes normale, vous sortez ce n’est plus vous. Une fois de temps en temps, quand on pouvait se reposer, j’essayais de faire venir dans mon cerveau les visages des miens. Impossible, mon cerveau était vide. Il ne savait plus penser. Je crois que c’est ça, qui m’a sauvée ».

 

 

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Les enfants durant la visite de la croix rouge, le bonheur factice.

 

 

 

 

 

 

 

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7 mars 2016

Tombeau de Pamela Sauvage de Fanny Chiarello

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Tombeau de Pamela Sauvage est tout simplement génial. Je suis consciente que certaines et certains seront déroutés par ce genre d’écriture, pour ma part c’est tout bonheur.

 

Un livre qui se décortique en deux parties. 

 

 

23 personnages qui sont liés selon l’hypothèse de Stanley Milgram , selon une chaine de relations qui arrivent à former une boucle. Je peux vous assurer que dans mon métier, j’ai déjà constaté les preuves de cette hypothèse.

 

Donc Pamela Sauvage meurt et l’on découvre chez elle des K7 VHS ainsi que le livre « Mille films qu’il faut avoir vus avant de mourir ». Livre écrit par Jean Bertrand Coursier et la cent millième acheteuse de ce livre est Angelina Feccia …..et ainsi de suite, 23 personnages vont se succéder.

 

On découvre aussi bien un animateur de tv qu’un homme qui devient sdf ainsi qu’un chien, une cliente mystère etc etc…

 

 

En fait vous n’êtes pas le seul à lire la vie de ces personnes. Un homme ou une femme dans une société future, décortique à travers des explications en bas de page, la vie telle qu’elle était dans notre société actuelle. 

 

Notre société est si bien décortiquée qu’à un moment j’en ai ri, tellement à travers les explications du deuxième lecteur, elle nous apparait ridicule dans ses travers. 

 

Je n’en dirai pas plus. 

 

Lors de ma lecture, je n’ai pu m’empêcher de penser à Georges Perec qui aurait pu imaginer cette double manière d’écrire.

 

Un grand bravo à Fanny Chiarello qui écrit divinement.

 

28 février 2016

Etta et Otto (et Russel et James) d'Emma Hooper

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Au fin fond du Canada, la famille Vogel est composée de nombreux enfants. Un jour, Otto, constate que sa place est prise à table. Ce sera la demi portion en plus : Russel qui vit non loin de chez eux.

Pendant ce temps, Etta, voit sa soeur partir dans un couvent pour une raison cachée. Quand sa soeur décède, Etta décide de suivre des études d'institutrice. 

Otto et Russel ne se quittent pas. Russel perd l'usage d'un de ses jambes lors d'un incident avec un tracteur. A l'école, ils s'échangent leur place jour après jour.

Etta n'a pas hésité lorsqu'on est venu parler de la place vacante, là bas.

Elle arrive dans ce lieu où tout est poussière et devient l'institutrice des enfants dans la petite école du village.

La guerre, cette maudite, qui entraîne les jeunes à sa suite. Otto s'engage, Russel est réformé.

Etta et Otto vont s'écrire...

Des années beaucoup plus loin, à 83 ans Etta décide de quitter son mari Otto pour aller voir l'océan. Lui, il l'a déjà vu, en partant là bas où l'on se battait.

Elle prend le fusil, du chocolat. Elle espère revenir. Pour qu'Otto n'oublie pas de se nourrir, elle lui laisse des feuillets de recettes de cuisine.

Otto acceptte mais Russel, qui attend toujours la venue des cerfs près de sa ferme, décide de partir à la recherche d'Etta pour la ramener. 

 

Fabuleux, les personnages nous entrainent dans une poésie des sentiments. En quelques mots, on les accompagne. 

Tout est voilé dans les souvenirs qui se mêlent au fur et à mesure de ces pas qu'Etta lancent dans les rêves. On soulève la page tout doucement et l'on ressent les non dits. 

Et James, réalité ? fumerolle dans le vent ? Vous ne pourrez que l'aimer.

Sans oublier le bestiaire d'Otto tout simplement féérique.

 

Je n'ai pas résisté à l'envie de choisir une deuxième couverture, tellement plus belle que celle de la version française.

 

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Voir l'avis de Cathulu qui a également eu le coup de foudre pour James :). Celui d'Isabelle tout aussi positif, celui d'Antigone qui ne pouvait qu'aimer la poésie de ce livre 

 

24 février 2016

Les nouvelles aventures d'Arsène Lupin de Benoit Abtey et pierre Deschodt

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Je tiens tout d'abord à préciser que ce livre m'a été proposé en service presse. Comme il traitait d'Arsène Lupin pour qui j'ai une tendresse particulière, j'ai accepté. 

Un peu inquiète avec d'en commencer la lecture ne sachant si j'en aimerais le contenu, dès la première page, j'ai été rassurée. Une excellente lecture.

Nous sommes au début du XXième siècle. Certains hommes politiques et militaires ne rêvent qu'au déclenchement d'une guerre. Certains par intérêts financiers et d'autres par haine de la France.

Arsène continue à se cacher sous diverses identités. Son ennemi de jeunesse Bérenger de la Motte est toujours amoureux de la même femme, tout autant que Lupin : Athena. Bérenger propose à cette dernière de l'épouser mais sans succès. Lorsqu'il apprend qu'elle a rendez vous avec Lupin,  , au Bon Marché, dans l'intention de partir ensemble, le jeune Béranger qui est devenu député devient enragé.

Le jour prévu, le Bon Marché brûle. Athéna y perd la vie et Lupin est accusé d'avoir provoqué l'incendie. 

Dix ans plus tard, Arsène Lupin qui a disparu entretemps on ne sait où, décide de revenir en France où on l'accuse de pactiser avec l'ennemi. 

Il veut rétablir la vérité et rien ne l'arrêtera.

 

Un très bon roman d'aventures, on y retrouve avec joie le gentleman cambrioleur, qui ne cesse de se déguiser et de duper ses ennemis. 

Sans gâter notre plaisir, on découvre des personnages historiques tels Clémenceau, Gustave Moreau. Une belle chronique de l'Epoque. 

J'ai été heureusement suprise et conquise par cette lecture. J'ai hâte d'en lire la suite. 

 

Le livre est edité par les Editions XO et sort le 03 mars dans toute bonne librairie. 

Un tout grand merci à Mélanie Rousset qui m'a proposé de recevoir ce roman. 

 

 

 

8 février 2016

Le chat andalou de Eugen Ruge

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Après la lecture  du chat andalou, je suis plutôt mitigée. 

 

Si l’on résume l’histoire, c’est celle d’un homme qui se lève un matin et qui décide de quitter ses habitudes qu’il ne supporte plus.

 

Il laisse derrière lui son ex femme, sa belle-fille, son appartement, son père et Berlin.

 

Sans avoir d’idée de destination, il prend le train qui va à Barcelone et comme la ville ne lui plait pas, il se trouve par hasard en Andalousie à gabo de Gata, petit village au bord de mer.

 

Il s’installe dans une chambre qu’une vieille dame loue et les jours s’écoulent.

 

Il s’assied sur le même banc tous les jours et croisent quelques personnages : un anglais, un américain, une femme avec la jambe dans le plâtre et un chat roux se lie d’amitié pour lui. Chat qui s’avère être en fait une chatte. Il arrive enfin à écrire. 

 

Il regarde, se laisse vivre, prend le temps

 

Quand on lit la quatrième de couv, on considère que c’est un roman dans la ligne de Georges Perec, ce qui est loin d’être le cas. En fait dans « le chat andalou », il manque de tendresse tout simplement. 

 

Un bon livre mais sans plus….

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6 février 2016

La renverse d'Olivier Adam

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Je ne vais pas mentir mais j'avais décidé de ne pas lire le nouveau roman d'Olivier Adam, mais ...bon après tout pourquoi pas ? 

Je l'avoue j'adore l'écriture d'Olivier Adam, cette absence de dialogues, ses descriptions de quartiers comme si on regardait par le bout de la lorgnette en catimini. iI décrit si bien les pensées qui nous reviennent comme en ricochet sur les nôtres. 

Et dès la première phrase j'étais conquise...

Oui Antoine le personnage principal est en rupture avec sa famille, oui le monde n'est pas constitué que de  Barbapapa, oui c'est du Olivier Adam mais que voulez vous j'en redemande à chaque fois.

Antoine a quitté sa famille depuis dix ans. Il vit en Bretagne et travaille dans une librairie. Sa petite amie Chloé est monitrice de sport pour jeunes enfants. Il n'a plus de nouvelle de son frère parti au Canada, pas plus que de ses parents.

Il est en pause dirons nous jusqu'au jour où il apprend par les nouvelles à la télé que Jean-François Laborde est mort dans un accident d'auto. Antoine ne réalise pas tout de suite, comme s'il zappait sa mémoire.

Mais les souvenirs reviennent, le scandale qui a éclaboussé sa famille par la faute de sa mère et de ce fameux Laborde...

Et la vague approche ..

On découvre bien vite quel est l'homme politique qui a inspiré Olivier Adam pour composer le personnage de Laborde. Mais ce fait divers est complètement transformé dans le roman. 

Tout est manipulation même au sein d'une famille autant que dans les médias mais surtout cette impunité des orgueilleux de ce monde qui s'imaginent être différents de vous et moi.

Oui c'est du Olivier Adam mais c'est si...si  que je ne peux résister.

 La vie peut toujours rebondir si on le désire. Antoine en fait le choix. 

30 janvier 2016

Les cercueils de zinc de Svetlana Alexievitch

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Ils sont partis là bas, de leur plein gré ou forcés, femmes et hommes d'à peine vingt ans. On leur a dit qu'ils allaient bâtir le socialisme en Afghanistan. Mais la vérité était toute autre.

En URSS, le peuple les admirait car ils y plantaient des pommiers, aidaient la population. Au lieu de pommiers, ils tuaient des femmes et des enfants dans leur habitation, envoyaient des grenades. Ils voyaient leurs camarades éclater devant eux. Ils voyaient la haine dans les yeux de ceux qu'ils étaient venus aider selon leurs dirigeants. Ils volaient, recevaient des coups, se droguaient pour supporter l'horreur. 

En URSS, peu à peu on a compris ce qu'ils faisaient là bas et c'est le mépris qui les accueillis lors de leur retour. Les femmes n'étaient que des prostituées, les hommes des assassins. 

Ils sont revenus entourés de honte. Certains à moitié fous, d'autres sans jambes, et beaucoup dans un cercueil de zinc. 

L'armée prévenait la famille qu'elle pouvait venir chercher ledit cercueil, ensuite débrouiller vous.

On leur avait promis les honneurs, ils n'eurent que des os à ronger. Ils avaient à peine vingt ans dans cette dernière guerre entre le bloc de l'est et le bloc de l'ouest. 

Svletana Alexievitch est allée interroger les mères, les veuves, les soldats encore vivants. Témoignages accablants d'une idéologie mensongère.

Lors de la parution d'extraits de ces interviews, certains de ceux qui avaient témoignés ont porté plainte contre l'auteur. Selon eux, elle avait déformé leurs propros qui a entrainé un procès.

 

"J'ai compris qu'on n'avais pas besoin de nous ici. Pas besoin de notre expérience. C'est de trop, ça gêne. Nous aussi nous sommes de trop, nous gênons"

"On nous traite d'occupants. Qu'avons nous pris là bas , qu'en avons-nous rapporté ? Le fret"deux cents", les cercueils avec nos camarades ? Qu'avons-nous acquis ? Des maladies, depuis l'hépatite jusqu'au choléra, des blessures, des infirmités ? Je n'ai pas à me repentir. J'ai le peule frère afghan. J'en suis pérsuadé !"

"A l'école de cuisine où je travaille nous sommes cent. Je suis la seule à avoir perdu mon mari à la guerre, une guerre que les autres ne connaissent que par le journaux. Quand j'ai entendu pour la première fois la télévision expliquer que l'Afghanistan était une guerre honteuse, j'ai failli casser le poste. Ce jour là, j'ai enterré mon mari pour la deuxième fois"

 

"Le plus terrible c'est que nous sommes partis d'un Etat qui avait besoin de cette guerre, et nous revenons dans un Etat qui n'en a plus besoin. Ce qui nous blesse, ce n'est pas qu'on nous refuse tel ou tel avantage, pas du tout. C'est le fait d'avoir été tout simplement effacés"

"Je me réveille en pleine nuit et je mets du temps à réaliser si je suis ici ou là-bas. Qu a dit que les fous n'étaient que des effarés ? Je vis comme si j'étais un observateur extérieur...J'ai une femme, un enfant...Autrefois, j'aimais les pigeons...J'aimais les matins...Maintenant, je suis comme un observateur étranger...Je donnerais n'importe quoi pour retrouver ma joie de vivre"

 

Les Russes ont occupés l'Afghanistan de 1979 à 1989. On estime les pertes humaines dans l'armée à environ  15 000. 

Plus d'un million de civils afghans furent tués durant cette guerre. 

 

 

 

28 janvier 2016

Balkans-transit de François Maspero

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"C'est peut-être cela le pari du voyage : au-delà de tous les dépaysements, des émerveillements ou des angoisses de l'inconnu, au-delà de toutes les différences, retrouver soudain, chez certains, le sentiment d'être de la même famille. D'être les uns et les autres des humains. Parfois ça rate. Parfois même ça tourne mal. Mais le pari vaut d'être fait".

Tout débute par la seconde guerre mondiale. Son frère, résistant, y a été abattu. Son père n'est pas revenu de Buchenwald et sa mère a été sauvée de Ravensbruck, les cheveux devenus gris. Mais comme tous les jeunes, François, ne veut plus de cela, plus jamais. Alors il part dans les ruines des pays de l'Europe à la rencontre d'autres jeunes car pour lui les survivants ne sont pas responsables des atrocités commisent par les gouvernants. 

Plus jamais cela et pourtant début des années nonantes, la guerre résonne du côté de l'ancienne Yougoslavie. Le mur de Berlin s'est effacé et les anciens pays des Balkans prennent leur indépendance vaille que vaille.

François Maspero décide de réaliser le même style de voyage que celui effectué et relaté dans son livre "les passagers du Paris Roissy". Il avait parcouru soixantes kilomètres de lignes RER. Il va en parcourir 3000 dans les Balkans.

"N'être que ce que je suis et rien d'autre. Spécialiste de rien, mais pas non plus touriste innocent. Tout juste porter le regard sur des êtres et des choses dont on est fondé à croire qu'en fin de compte, ils vous regardent"

Il ne part pas seul, accompagné du photographe slovène Klavdij Sluban qui a été elevé en grande partie en France. Ils se sont un jour rencontrés un jour à Tirana. Et c'est à lui que propose François Maspero de partir dans cette aventure.

Les deux hommes vont donc se rendre en Albanie, Macédoine, Bulgarie, Roumanie. Des pays qui sortent du communisme et qui d'un jour sont propulsés vers ce qu'on nomme la démocratie, à la sauce Balkane. 

Tout est à reconstruire dans ces pays qui comme l'Albanie est restée coupée du reste du monde et dont le pays est jonché de bunkers, comme la Roumanie qui a été délivrée d'un autre dictateur mais réappropriée par une autre intellegentsia. 

En quelques années, Maspero découvre le changement sous forme de banques dans certaines villes. Là où de petites boutiques de change existaient, le capitalisme voit ses premières pousses fleurir. 

François Maspero nous décrit les femmes et hommes qu'ils rencontrent, qu'ils retrouvent, le tout ponctué de l'histoire de ces pays qui fut un mélange de peuples différents et qui à nous occidentaux de l'ouest est très complexe.

Chronique de Sarajevo en état de guerre très émouvante. 

Et les photos de Sluban qui nous renvoit des clichés si noirs.  

En 1999, François Masparo sait que la vie n'a pas été merveilleuse pour certaines de ses connaissances, d'autres ils n'en a aucune nouvelle.

La guerre du Kosovo a changé toute la donne des Balkans. Les peuples de ces pays ne désiraient que vivre fiers et heureux. La démocratie qu'en fait-on quand on vous la lance au visage ? 

Nous sommes en 2016, François Maspero est mort l'année dernière et des Balkans continue à affluer des réfugiés qui fuient la pauvreté. 

Oui plus jamais cela....

 

 

24 janvier 2016

Le Garçon sauvage carnet de montagne de Paolo Cognetti

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Un hiver qui l'a laissé avec un goût amer  point de vue relationnel, une envie d'écrire qui a disparu et ne plus supporter de se cogner à cette foule dans la ville. Il décide alors de suivre les traces de Thoreau, Elisée Reclus qui eux aussi dans la trentaine ont changé de route. 

 

Il part là haut, loin des autres, dans cette montagne où il ne s'est plus rendu depuis dix ans. Pourtant dans son enfance et sa jeunesse, il y passait les étés. Il veut trouver un lieu où il pourra réflechir et se retrouver. Ce sera à 2000 mètres d'altitude, dans une baita maison de pierre et de bois dans un hameau qui a été abandonné mais dont les quatre baitas qui le composent ont été reaménagées. La sienne porte le numéro 1. 

Il emporte un livre de Mario Rigoni Stern.

Il retourne dans la vallée qu'il connait si bien mais sur l'autre versant. 

Il retrouve la montagne au printemps et ses peurs des nuits car là haut, le silence vous fait découvrir des bruits insolites. 

Seul non pas pour longtemps, car au printemps les bergers montent avec le troupeau des vaches. Pas bavards mais c'est une présence.

A t-on besoin de solitude quand on chante par trois fois et que la marmotte vous écoute avant de rentrer dans son terrier. Les chiens de bergers ne sont jamais loin. Décidé de vaincre sa peur de la nuit, dormir à la belle étoile et plonger son regard dans celui du renard. 

Retrouver la montagne, murmurer avec la nature, une neige au mois de mai, une envie de cultiver un jardin en pure perte, couper du bois et ne pas vouloir connaitre ce qui se passe en bas.  

Là haut, il faut bien croiser des hommes outre les bergers qui passent, chercher l'amitié avec les animaux mais aussi celle des humains isolés comme lui.

Remigio, est le propriétaire des baitas, il aime redonner vie à ces vieilles maisons et l'hiver il dame les pistes au village. Il a décidé à 45 ans de lire tous les classiques car il manque de mots via son dialecte pour comprendre et exprimer ce qu'il ressent. 

Gabriele qui doit avoir le même âge vit là haut durant les belles saisons, gardien de troupeau de vaches. Il a femme et enfants mais on ne pose pas de question. On s'invite à des repas l'un chez l'autre. 

Le jeune homme décide de quitter la baita durant trois jours pour monter encore plus haut. Il va vivre au refuge avec les gardiens pour ensuite retourner d'où il vient, plus bas. Au retour, ce sera l'instant des pleurs quand il sera arrêté par un obstacle qu'il croit insurmontable.

 

En octobre, il décide de repartir en même temps que Gabriele et Remmigio après avoir partager un repas où les deux hommes qui ne se parlent pas vont être réunis. 

 

"Comme ermite, je ne valais pas un clou : j'étais monté là haut pour rester seulet n'arrêtais pas de me chercher des amis"

"Cela devait bien finir par arriver, et au bout du compte, entre tous les endroits tristes possibles et imaginales, c'est dans l'une de mes caillasses préférées que je fondis en larmes"

"A la baita, le mois de juillet était déjà bien avancé. Quand l'herbe nous arriva à la taille et commenç à jaunir, partout sur les alpages sortirent les faucheuses, les tracteurs, les remorques, les botteleuses. A la saison des foins, tout le monde mettait la main à la pâte, même les enfants. C'était beau de voir la montagne ratissée comme un jardin : avec les crocus qui fleurissaient dans l'herbe fraiche, croyant à un retour du printemps"

Par deux fois, étrangerment, j'ai pensé à "la petite lumière dans la nuit " de Moresco. Moment magique quand le jeune homme découvre une nuit des lueurs de feux dans la montagne de toutes ces vies isolées mais non loin de lui. Pas si seul que cela là haut. 

Il n'est pas certain que Paolo Cognetti a trouver les réponses à son mal être passager lorsqu'il redescend vers la civilisation. Il emporte avec lui du bonheur partagé, des souvenirs qui ne s'estompéront pas. Il s'est remis à écrire durant l'été. Il quitte la baita comme une belle connaissance. 

Magnifique, magique, à lire et à relire. 

 

10 janvier 2016

Guerre et Thérébenthine de Stefan Hertmans

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"Pendant plus de trente ans,, j'ai conservé sans les ouvrir les cahiers où soigneusement, de son écriture incomparable d'avant-guerre, il a consigné ses souvenirs; il me les donnés quelques mois avant sa mort en 1981. Il avait alors quatre-vingt-dix ans. Il était né en 1891, sa vie semblait se résumer à l'inversion de deux chiffres dans une date."

 

En 1891, Emile Claus exposait ce tableau 

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Tout débute par un souvenir d'enfance de l'auteur se déroulant à la mer. Son grand-père remontant le bas de son pantalon en compagnie de sa grand-mère, assis dans le sable sur la plage. 

Tout en nous retraçant l'enfance et la jeunesse de son grand-père, il nous ramène sur les lieux dans la ville qui ont un goût d'enfance aussi bien pour l'auteur que pour son grand-père. 

Les parents de son grand-père s'étaient mariés suite à un coup de foudre. Celine la fille de marchand qui avait étudié, voulait absolument faire sa vie avec Franciscus, peintre dans les Eglises. Celine qui portaient de belles bottines aux pieds du les échanger contre les sabots des pauvres.

Ils furent parents de cinq enfants dont Martien. Si l'on tend l'oreille, on pourrait percevoir le claquement dans les rues de Gand d'un gamin qui court pour trouver de la nourriture et ainsi aider sa mère qu'il adore. Son père, il l'aime tout aussi fort.

Quand on est pauvre, on n'a pas le choix et dès que l'on peut on part travailler, pour Martien ce sera la fonderie où il doit absolument maintenir en équilibre l'immense cuve dans laquelle bout le liquide. 

Il adore accompagner son père dans les Eglises, lui donner ses pigments et rester en silence ensemble.

Son père est amené à partir un an en Angleterre pour son métier malgré le désespoir de Celine. Elle s'inquiète car il est asthmatique et le climat de là bas ne lui conviendra pas mais surtout être séparée de lui pendant une longue année.

Martien désire appreindre à peindre également, le soir après le travail, il se rend à l'école des Beaux Arts mais tracer des lignes à n'en plus finir il abandonne. Alors il va apprendre par lui même petit à petit. 

Son père revient d'Angleterre affaibli et meurt. Celine devient comme folle, elle ne s'occuppe plus de ses enfants jusq'au jour où elle se réveille. Les prétendants se présentent. Celine acceptte la proposition de Henri mais selon un accord, elle l'épouse mais il ne pourra jamais la toucher. 

Martien déteste son beau-père qui se permet de s'asseoir dans le fauteuil  de son père.

Etant pauvre, il n'a que deux solutions, la prêtrise ou l'armée. Il choisit l'armée dans laquelle il va servir quatre ans. 

1914, Martien part à la guerre.

Les écrits du petit carnet sont un témoignage bouleversant de cette guerre qui fut une boucherie. Martien a participé à la bataille de l'Yser. Entre les lignes, on découvre un pan d'histoire de mon pays. L'arrogance des officiers qui parlaient français comme ce l'était à l'époque dans les milieux huppés, et ce mépris qu'ils avaient pour les flamands. Les soldats wallons s'en excusaient même auprès de Martien car entre soldats, ne se posait aucun problème.

La guerre entre francophones et flamands date en partie de cette époque.

Blessé trois fois, convalescence en France et en Angleterre, il va monter de grade, recevoir des médailles. Et enfin la libération tant attendue.

A son retour à Gand, il découvre son beau-père qui s'est mis à boire, sa mère dont les cheveux sont devenus gris, ses soeurs si jolies et la voisine du marchand de grains à l'arrière de leur maison. Maria, comme il va l'aimer, ils sont prêts à se marier mais la grippe espagnole en décide tout autrement.

Alors après la mort de Maria, son futur beau-père lui demande de ne pas quitter la famille. Martien comprend et après reflexion, il épouse la soeur de Maria, Gabrielle.  

Dans la dernière partie du livre, Stefan Hertmans par à la recherche des traces du passé de la grande guerre, sur les traces laissées par son grand-père. Naturellement, les paysages de l'époque sont modifiés, les monuments sont pour la plupart laissés à l'abandon sur un bord de route mais l'Yser lui, est tel que son grand-père l'a décrit lors des embuscades. 

"Tout cela remonte à si longtemps, cela fait un siècle, je marche ici en portant ses gênes dans mon corps, plus seul que solitaire et en retard pour tout. Et, voilà encore le coucou, cette fois proche, fort comme dans un rêve, ce qui me fait sursauter. Il vole au-dessus des arbustes dans la fraicher du printemps, lançant son appel comme certains jours de mon enfance. Il imite la pendule à coucou dans la pièce sombre du milieu, c'est mon grand-père qui relève les poids de cuivre et dit quelque chose d'indisinct à ma mère à propros du temps"

Martien n'a jamais cessé de peindre. Même durant la guerre, il esquissait les croquis de moment de repos, il faisait le portrait de ses camarades. De ces croquis, il n'en reste rien.

Il n'a jamais peint pour gagner sa vie. Il peignait comme s'il était le relais de son père. Il fut l'ami du peintre Baeyens. Il était daltonien mais ne le comprit que plus tard. Il était un excellent copiste et même plus âgé quand ses doigts étaient déformés, qu'il ne voyait plus rien, il persévérait. 

 

Comment expliquer, l'inexplicable. Pourquoi certains livres vous bouleversent et d'autres pas ? Je flotte encore au milieu de ses pages, le coeur encore ébahi. 

Le récit d'un autre monde qui s'évanouit en 1918, les souvenirs d'un enfant accompagnant son grand-père, mais surtout cette envie de le comprendre en parcourant le même chemin, un vrai coup de coeur. 

Sans oublier la description de la ville de Gand où j'ai été en voyage scolaire en primaire et que je n'ai jamais oubliée. 

 

 

 

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