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Les couleurs de la vie
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2 janvier 2014

Le parfum de ces livres que nous avons aimés Will Schwalbe

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"Ma mère était une lectrice rapide. Et je dois aussi signaler un autre détail : impatiente de connaitre le dénouement, elle commençait toujours par la fin. Quand j'ai entrepris l'écriture de ce livre, j'ai réalisé qu'elle en avait en quelque sorte déjà lu la fin : quiconque est atteint d'un cancer du pancréas connait le diagnostic dès le début et sait que tout happy end est exclu. Le destin a déjà parlé.

 

Mary Ann Schawlbe est une femme de tous les combats lorsqu'elle apprend qu'elle est atteinte du cancer. Elle préside la commission des femmes réfugiées. Elle a fait plusieurs voyages en Asie ainsi qu'en Afrique dans des camps. Elle s'est rendue en Afghanistan où elle a eu la joie de rencontrer Massoud. Elle aurait aimé être actrice. Elle a été directrice d'école . etc Son dernier combat, lors de la triste nouvelle, est de fonder une bibliothèque à Kaboul. 

Mary Ann demande à Will, s'il veut bien l'accompagner lors de ses séances de chimio. Ils formeront à deux un club de lecture et s'échangeront leurs points de vue sur les livres parcourus.

David a toujours vu sa mère lire, il est d'emblée heureux de ce projet bien singulier, lui même étant éditeur, les livres font partie intégrante de sa vie.

L'idée d'un blog se forme également. Ce sera Mary Ann  qui écrira les posts tout en faisant croire que c'est Will qui donne des nouvelles de sa mère.

 

Durant deux ans, ils vont parler de ces livres qui ne seront que le prétexte pour se parler l'un l'autre, de se souvenir, de se comprendre. Parler de la vie en fait. Et comprendre ce que chaque livre apporte dans sa propre existence. 

Mary Ann Schwalbe ne baisse pas les bras un seul instant : elle fête les anniversaires, elle voyage, elle continue son combat pour la bibliothèque. 

"En regardant Maman, à ce moment là, je n'ai pas vu une femme malade, mais ma mère telle que je l'ai connue toute ma vie. Après tout ce temps passé à lire ensemble et toutes ces heures dans les cabinets médicaux, j'avais la sensation d'avoir rencontré une personne un peu différente, quelqu'un d'un peu plus excentrique et plus drôle. Ma mère allait horriblement me manquer, mais cette autre personne aussi. Cela allait me manquer de ne pas l'avoir connue.

Elle veut que ses enfants continuent à vivre durant la maladie comme si tout était normal. Ils ont leur vie, la sienne se termine mais elle ne veut aucun apitoiement. Elle envoie et reçoit des mails, elle téléphone. Elle aime avoir des nouvelles de tous ceux qu'elle rencontre ou qu'elle a rencontré dans sa vie. 

Elle s'est éteinte en 2009 entourée de tous les siens à la maison. Elle aura eu la joie de voir l'aboutissement de son combat pour la bibliothèque en Afghanistan

"Ils étaient les compagnons et les professeurs de maman. Ils lui avaient montré le chemin. Et elle pouvait les voir tandis qu'elle se préparait pour la vie éternelle qui l'attendait, elle le savait . Quel réconfort pourrais-je espérer en regardant ma tablette sans vie ?"

 

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J'ai tourné très longtemps autour de ce livre car le sujet macabre me rebutait. Pourtant c'est un livre dans lequel on ressent le bonheur.

Bonheur d'un fils qui vit des moments privilégiés avec sa mère, bonheur de la lecture, bonheur de comprendre que chacun n'aime pas un livre de la même façon. La liste des livres figure en fin du récit. Certains auteurs me sont totalement étrangers et d'autres bien connus. Mais quelle richesse!!

Du point de vue cancer, il m'a semblé mais c'est mon point de vue personnel, qu'il peut permettre de comprendre par où les malades passent dans les épreuves, ce qu'ils ressentent et ce que l'autre démuni face à cette maladie peut ressentir également. Sans oublier qu'un malade n'est pas l'autre et que chacun a un parcours de vie différent.

Une très belle leçon d'humilité qui démontre à quel point la vie peut être si belle...malheureusement, on l'oublie bien souvent empêtré dans des problèmes que l'on se crée soi même bien souvent.

Et surtout, surtout, l'amour des livres qui apporte tant et qui nous apprend à être humain....

 

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21 décembre 2013

Flétrissure Nele Neuhaus

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Un vieillard juif est assassiné, une balle dans la tête. Un homme très influent et apprécié de la communaute. Les enquêteurs découvrent un chiffre écrit avec le sang de la victime. Lors de l'autopsie, on découvre qu'en fait cet homme était un ancien SS. Il porte un tatouage caractéristique sur le bras, son groupe sanguin. Un juif déporté qui est en fait SS : incompréhensible

Très vite, le ministère de l'intérieur empêche les enquêteurs d'aller plus loin dans leurs recherches Le corps du vieillard est emporté par son fils.

Un autre vieillard est également assassiné de la même manière, avec toujours cette inscription de sang. Dans sa maison, on découvre un sanctuaire dédié à Hitler. Il porte également un tatouage SS.

Ces deux hommes étaient amis avec Vera Kaltensee, une dame âgée faisant partie de la belle société. 

Un troisième cadavre mais cette fois, c'est une vieille dame, également amie des autres victimes et de Vera. Sera t-elle la prochaine victime, cette grande dame si hautaine.

C'est avec un réel plaisir que j'ai découvert une nouvelle équipe d'enquêteurs mais allemands cette fois ci. Pia et son chef  Boldenstein en sont les principaux personnages, entourés de toute leur équipe et déjà je les adore. 

Et suprème bonheur, je n'ai jamais découvert le nom du meurtrier, l'auteur nous entrainant dans de nombreuses pistes qui nous fait tourner en rond en fait afin de nous embrouiller.

Roman dans lequel il est question de trahison, de secrets de famille et de ce passé nazi qui hante toujours l'Allemagne. 

Initule d'avouer que les deux prochains romans sont déjà dans ma PAL

 

 

Ces deux hommes étaient amis avec Vera 

9 décembre 2013

La fin de l'homme rouge Svetlana Alexievitch

«En avant marche vers la victoire du capitalisme! C’est ça non ? Pendant cent ans, nous avons tapé sur le capitalisme, c’était quelque chose de monstrueux, une horreur,... Et maintenant nous sommes fiers parce que nous allons être comme les autres. Si nous devenons comme les autres, qui allons-nous intéresser ? 

 

 

Svletana Alexietvitch nous trace sous forme de conversations enregistrées sur magnetophone ou écrites sur bout de papier, la vie de femmes et d’hommes qui vivent ou ont vécu dans ce qui fut le paradis du communisme pour certains et l’enfer pour d’autres. 

 

l’Urss a disparu pour faire place à la Russie entourée par d’anciennes provinces devenues indépendantes. Svletana a rencontré toutes les générations, le petit peuple de Staline, les enfants de la Pererstroika, les défenseurs de la démocratie sous Eltsine ainsi que les jeunes modernes sous Poutine. Certains s’accomodent, d’autres sombrent en se suicidant. Le passage du communisme au capitalisme comme une fusée, juste le temps de se retourner et tout était différent. C'est à toi d'accepter les nouvelles donnes. 

 

«Les plus forts et les plus agressifsse sont lancés dans le business. On a oublie Lenine et Staline. C’est comme ça qu’on a évité la guerre civile, sinon, il y aurait eu de nouveaux Rouges et des Blancs. «Eux et nous». Au lieu de faire couler le sang, on s’est acheté des objets. On s’est mis à vivre! Nous avons choisi de vivre mieux. Personne n’avait envie d’une belle mort, tout le monde voulait avoir une belle vie. Quant au fait que le gâteau n’était pas asez gros pour tout le monde, ça c’est un autre problème...»

 

 

Beaucoup d’amertume chez les anciens communistes. Sous Staline, ils avaient combattu, soufferts également. On leur promettait une vie future magnifique et de vie magnifique, ils n’en ont que les miettes. Leur vie meilleure est pareille et même pire que du temps du petit père des peuples. Colère, désenchantement.

 

 

Il n’y a plus de peuples russes, il n’y a plus que le peuple russe. Les habitants des provinces devenues indépendantes, sont forcés de venir chercher du travail à Moscou. Il n’y a plus de chez eux là-bas, les moscovites n’en veulent pas, ils ne sont plus leurs frères...Misère, insultes, coups. Pour survivre, il vaut mieux se terrer dans des caves et froler les murs.

 

«»Tu vas chez toi en Russie». Voilà, j’étais arrivée chez moi. Personne ne nous attendait. Personne ne nous a accueillis. Personne ne faisait attention à nous, personne ne nous posait de question. Aujourd’hui, Moscou tout entière est une gare, une énorme gare»

 

Pour échapper à la misère certains jeunes préfèrent rejoindre la milice qui stoppera tout espoir de démocratie en Bielorussie. Une jeune femme parle du dernier etat communiste. 

Ils s’engagent également pour partir en Afghanistan, en Tchetchenie

Parfois, on vous rapatrie un corps et vous mère ne comprenez pas ce qui s’est déroulé là bas. Votre fille ne s’est pas suicidée, non ce n’est pas possible. Toutes les portes se ferment sous le flot de ses questions. 

 

«Pourquoi j’aimerais la Patrie? On nous avait promis que la démocratie se serait bien pour tout le monde. Que ce serait la justice pour tous. Le règne de l’honnêteté. Ce sont des mensonges tout cela... L’homme n’est que de la poussière, un grain de poussière....La seule chose, c’est que maintenant on trouve tout dans les magasins. Allez-y ! Servez-vous! Ce n’était pas comme cela du temps du soclalisme. Vous voulez savoir ce que je pense ? Bien sûr, je suis une simple Soviétique...Personne ne m’écoute parce que je n’ai pas d’argent. Si j’en avais, là , ce serait autre chose ! Ils auraient peur de moi, tous ces petits chefs...Maintenant c’est l’argent qui fait marcher le monde....

 

 

Un livre terrible, dans ce que l’homme peut être de plus beau ou de plus laid. Un microcosme de la société dans laquelle nous vivons mondialement. 

Des témoignages inoubliables.

 

 

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7 novembre 2013

L'ïle aux Grues de Jean O'Neil

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"Or il y eut un matin où les oies tombèrent du ciel dans un vacarme assourdissant. Je me sortis la tête par la fenêtre du grenier; où je couchais, et je les vis s'abattre comme de la neige sur la batture.

Je m'habillai en vitesse et descendis, un peu énervé pour commenter le grand événement.

Mon père était assis à table, raide comme une statue dans sa chaise,. Il avait le sourire triomphant et figé comme s'il m'avait prépraré cette surprise depuis longtemps.

Ma mère se promenait  avec une cafetière, sans dire un mot.

-Tu parles d'un vacarme.

Mon pètre était radieux.

-Elles sont arrivées cette nuit."

 

Divorcé, ses enfants lui manquant, il décide de prendre une année pour voyager vers l'Europe. Avant son départ, il va passer quelques jours près de ses parents sur l'île aux grues. 

Il ne partira jamais en Europe. 

C'est par un pur hasard que j'ai choisi ce livre en librairie, le titre me faisait un clin d'oeil et c'est un coup de foudre pour le récit de cet auteur canadien.

Jean O'Neil nous entraine sur le chemins de l'île. Il nous conte les gens, les animaux, la nature, la mer, tout ce qui fait partie de cet petit monde ilien.

Quel bonheur...

Je lorgne déjà vers l'île aux oies.

 

 

8 octobre 2013

Ailleurs de Richard Russo

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Richard Russon est né à la fin des années quarantes. Il a vecu dans une petite ville de l'Etat de New York, Gloversville, durant son enfance et son adolescence.

Sa mère séparée de son mari, joueur invétéré, travaillait chez General Electric dans une ville voisine. Ne devant compter que sur son salaire, Richard et sa mère vivaient dans la même maison que les grands parents maternels. Son grand-père gantier de son métier, avait travaillé dans la tannerie de la ville et avait eu la bonne idée de s'acheter une petite maison. L'enfant et la mère occupaient l'appartement du dessus.

Enfant Richard Russo réalisait parfois que sa mère était bizarre dans ses réactions et ses colères mais quand on est enfant, cela vous apparait comme un détail.

Le jour où Richard Russo décide de s'inscrire dans une université, il le fait loin du domicile. Sa mère a l'air d'accord mais ce qu'il ne réalise pas tout de suite, c'est qu'elle est d'accord car elle va suivre son fils. Les grands-parents tentent de la dissuader car ils savent qu'elle reviendra. La mère de Richard Russo va enfin vivre sa vie, elle le clame haut et fort. Elle veut être indépendante. 

 

Disputes s'ensuivent mais le jour J Richard et sa mère partent avec tous leurs bagages dans une voiture en très mauvais état, et l'argent juste nécessaire Suprème folie, Richard apprend à leur arrivée que sa mère n'a même pas de place en vue dans cette nouvelle ville alors qu'elle prétendait qu'elle était déjà engagée. Naturellement, ce qui était prédit par les grands parents s'ensuit, ils reviennent au bercail.

Durant les 35 ans qui vont suivre, Richard et sa mère ne se sépareront jamais car cette femme qui l'a mis au monde souffre d'un problème psychique. Certains disaient qu'elle était cinglée. Elle souffre de TOC, elle fait des crises qui la laisse epuisée.

Le jour où il décide d'épouser Barbara, son beau père lui préduit que prendre sa mère avec eux est une regrettable erreur.

Cette femme que Richard va soutenir toute sa vie est à la recherche d'un ailleurs qu'elle entrevoit dans sa tête mais qu'elle n'arrive pas à trouver. Elle s'imagine que son fils est capable de lui découvrir cet ailleurs, ce qu'il n'arrivera jamais à réaliser.

Richard Russo va enseigner, devenir écrivain, papa. Durant trente cinq ans son ménage va subir les lubies de sa mère, durant trente cinq ans Richard Russo tendra toujours la main à sa mère même épuisé par cette femme qui ne trouvait pas la paix.

Elle desirait être indépendante et malheureusement a dépendu des autres toute sa vie.

Très émouvante évocation de ce couple mère fils.  Beaucoup de moment de la vie de Richard Russo se retrouvent dans ses romans, On s'en rend compte en découvrant ce si bel hommage. 

Je souhaite à tout homme de vivre avec une femme aussi admirable que celle de Richard Russo qui a vécu également durant toutes ces années au grè des folies de sa belle-mère.

Après la lecture de ce livre, il est impossible de ne pas avoir une autre ouverture en parcourant les romans de ce grand écrivain.

 

 

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12 septembre 2013

Immortelles de Laure Adler

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Judith, Florence et Suzanne. Trois prénoms qui chantent. Elles furent les amies de la narratrice qui nous raconte leur vie.

Trois petites filles en manque de père qui ont essayé de se construire de manière différente.

"Toutes trois ont souffert de l'absence de père. Toutes trois n'ont pas vraiment compris qu'elles étaient des filles et ont découvert tardivement leur féminité. Toutes trois, sans le savoir, ont eu peur de leur force, de leur énergie."


Florence grandit entre sa soeur et sa mère. Son père travaille la plupart du temps à l'étranger. Une mère qui n'en est pas une et qui sombre peu à peu au fil du temps dans la folie.Florence et ses fugues, Florence et les drogues.

"Phèdre l'avait sauvée. Elle reprenait confiance. Elle ressentait cette langue, jugée parfois précieuse, et lointaine, comme naturelle, proche d'elle même, sinon protectrice. Elle savait comment s'y ébrouer et y trouvait une manière de respirer. Elle prit appui sur ce plaisir intense, cette jouissance inconnue d'elle, pour sauter, ainsi qu'à la marelle lorsqu'on atteint le paradis, tous les autres obstacles, devenus tout à coup dérisoires à ses yeux"

Suzanne vit chez sa grand-mère, mère absente, père inconnu. Sa mère infirmière à l'étranger toujours à la recherche du médecin avec lequel elle a eu une aventure. Mais il faut tourner la page et la mère revient prendre possession de Suzanne. Cohabitation toujours pas évidente d'autant que la mère repart encore une fois. 

"C'est moi qui l'ai abordée. Je n'en menais pas large, mais j'étais si désireurse de connaître le nom de l'auteur et le titre du livre qui la captivait tant, que j'ai réussi à briser ce cercle qu'elle fermait autour d'elle. Elle a levé les yeux tout doucement. Elle avait les yeux bleus très foncés, de longs cils et des sourcils brousailleux qu'elle n'avait jamais dû épiler. D'une voie enrouée et grave, elle m'a dit : Je lis les Nourritures terrestres d'André Gide, tu connais"

Judith est l'enfant de juifs qui ont n'ont pas voulu subir le nazime en Pologne  pour se retrouver en Argentine. Des parents qui suivent les préceptes de leur religion. Et un jour elle se retrouve en France d'où ses parents avaient déja fuis. La boucle est bouclée.

"Un livre peut changer l'orientation d'une existence. C'est ce qui est arrivé à Judith à la lecture des Tristes Tropiques"

 


La narratrice nous entraine sur le chemin de la vie de ses amies. Chacune va s'évader dans d'étranges méandres pour se sentir libre et enfin grandir. Comment devient on heureuse ? 

Très touchée par ce livre car oh combien certaines amitiés féminines de jeunesse ont construit notre propre vie. Arrivée à un certain âge, parfois on y repense aux sourires de ces amies qui ont disparu de notre regard. Que sont-elles devenues ? Souvenirs chéris des instants passés en leur compagnie comme un brin de nostalgie.

L'amitié féminine est indissociable de nous les femmes. Laure Adler l'écrit avec une telle tendresse sans oublier au bout de sa plume, le féminisme qui pointe.

Très très beau roman 

 

 

10 septembre 2013

Kinderzimmer de Valentine Goby

Tu n’y es pas ! Etre vivant, elle dit, c’est se lever, se nourrir, se laver, laver sa gamelle, c’est faire les gestes qui préservent, et puis pleurer l’absence, la coudre à sa propre existence. Me parle pas de boulangerie, de robe, de baisers, de musique ! Vivre c’est ne pas devancer la mort, se tenir debout dans l’intervalle mince entre le jour et la nuit, et, personne ne sait quand elle viendra. Le travail d’humain est le même partout, à Paris, à Cracovie, à Tombouctou, depuis la nuit des temps, et jusqu’à Ravensbruck. Il n’y a pas de différence.

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Suzanne a été donnée, elle la résistante. Embarquée dans un train avec sa cousine Lisette, elle ne sait pas quelle est leur destination. Elle ne s’appelle plus Suzanne mais Mila. Mila sait qu’elle est enceinte dès le départ.  

Comment pourrait-elle savoir que ce camp où elles débarquent porte le nom de Ravensbruck.  

Les françaises sont toutes logées dans le même baraquement. Elles porteront l’étoile rouge, celle des déportées politiques.  

Ici c’est l’enfer sur terre, coups, cris, faim, froid, au fil des mois les femmes se transforment en des êtres cadavériques qui marchent sur des jambes qui ne ressemblent plus qu’à des bout de bois, couvertes de pustules. 

Il ne faut pas qu’on sache qu’elle est enceinte, surtout pas. On ne sait pas ce que deviennent les femmes enceintes et leurs bébés. Avant, on les tuait alors surtout se taire. 

Les seuls enfants du camp ressemblent à des vieillards dont la tête est trop grosse mais ce sont déjà des enfants. 

Lors de la première consultation gynécologique, elle nie quand le médecin déclare qu’elle attend famille. Nein, Nein. Il la laisse repartir.

 

Comment arrive t-il à grandir dans son ventre avec le peu de nourriture qu’elle absorbe.

 

Lisette, sa soeur, sa cousine meurt. A quoi bon vivre, se laisser aller est tellement plus simple. 

Teresa, la polonaise, va lui insuffler l’énergie, la secouer. Mila doit vivre, pour elle, pour le bébé et pour toutes les autres.  

Mila se jette un défi. Elle va brouter l’herbe et si le chien ne la mord pas. Oui elle décide que le bébé, que sa vie, vaut la peine.

 

Le chien ne la mord pas.

 

Perte des eaux, conduite à l’infirmerie où l’infirmière lui interdit de crier lors de l’accouchement pour ne pas déranger le docteur. Petit être contre sa peau, couvert de sang. Elle le lave avec un peu de café. 

Mon bébé, Mon James où est-il ?

Stupéfaction ! Kinderzimmer, il existe une kinderzimmer dans le camp et James n’est pas unique.

 

On ne peut pas pénétrer dans la Kinderzimmer. Sabine en interdit la porte. Les mères doivent allaiter dans une autre salle. Silencieuses, elles viennent chacune à leur tour.

 

Mila se faufile, elle découvre des bébés couchés par rang. Certains ressemblent à de petites vieilleries. Sabine lui avoue que les bébés ne vivent que trois mois. Impossible de les nourrir. Quand l’un d’entre eux meurt, sa ration est donnée immédiatement aux survivants qui ont encore l’espoir de vivre.

 

James son James doit vivre. Plus de lait qui coule des seins. C’est une mère russe qui a perdu son bébé qui va nourrir James. Mila assiste à chaque tetée. 

 

Entre prisonnières, c’est une entraide pour que James puisse vivre. Vol de tissu, un peu de pain, du charbon pour chauffer la Kinderzimmer. Mais James, son James n’a plus la force.

Alors ce sera Sacha. Mila il faut que tu les prennes celui là, sa mère est morte. James n’est plus mais Sacha lui ne demande qu’à grandir....

 

Mila et Sacha-James, elle se battra pour lui, pour toutes les autres, pour la vie.

 

 

Mais Lisette est morte.

Georgette est morte.

Violette est morte.

La mère de Louise est morte.

James est mort.

Marianne est morte.

Cili est morte.

La mère de Sacha est morte.

Les juives hongroises de la tente ont disparu.

Adèle meurt, et toutes celles qui n’ont pas de nom : l’Allemagne n’aura jamais perdu.

Qu’est-ce que ça veut dire, gagner ou perdre ?

Térésé répondrait : tu perds seulement quand tu abandonnes.

 

 

Si vous vous décidez à ouvrir les pages de ce livre, préparer vous à un choc. Vous ne serez pas épargné par les cris, la peur en un seul mot l’horreur. 

 

Magnifique roman qui dépouille les humains de leur physique tout en ne réussissant pas à fondre leur pensée. Un hymne à la vie, à la survie.

 

La Kinderzimmer a bel et bien existé à Ravensbruck à la fin de la guerre. Pourquoi les nazis décidaient-ils de laisser vivre les bébés tout en sachant qu’ils étaient de toute façon condamnés par la faim et la diarrhée ? Impossible à comprendre. On peut compter sur les doigts d’une main, ceux qui survécurent

 

Un roman inoubliable.

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31 août 2013

Une part du ciel de Claudie Gallay

Elle revient dans sa vallée. C'est par la poste que la  boule de neige est arrivée. Message du père : le dénommé Curtil.

Là haut elle retrouve Philippe et Gaby,ses  frère et soeur. Eux aussi, ont reçu leur boule de neige mais pour chacun un univers différent sur lequel tombent les flocons.

Dans le Val elle s'y rendait quelquefois avec son mari et les filles mais le mari s'est envolé, besoin de liberté et les filles vivent en Australie alors pourquoi pas répondre à l'appel du père.

Quand ils étaient petits, la mère recevait aussi sa boule, Le père revenait d'on ne sait où. La mère confectionnait alors un gâteau par jour d'attente et se peignait les ongles de rouge.

Dans son village d'enfance, peu de monde, le frère est garde forestier et il rêve de retracer le chemin d'Hannibal à travers les Alpes, Son fils Ludo rêve d'être cinéaste, sa femme Emma est infirmière 

 Gaby, la soeur, vit dans un bungalow composé de bric et de broc. Elle y vit avec la Môme : gamine trouvée un jour et dont Gaby à la tutelle. Elle la considère comme sa fille, donc pas touche. Elle travaille à l'hôtel et son homme c'est Ludo qui purge une peine de prison.

Francky tient le bar, aidé par la serveuse dont une des jambes est estropiée, Guido ,en cuisine, passe son tempslibre a assembler les pièces de puzzle dont il ne veut absolument pas la photo. Il découvre par lui même.

Le vieux Sam tient la boutique du village, un vieux philosophe. C'est le père de Jean 

 

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Il y a aussi la Baronne et son refuge de chiens abandonnés et Jean qui tient la scierie, le si beau Jean.

A côte de chez Gaby, l'oncle et ses vauriens de fils. L'oncle et la fratrie ne se parlents plus depuis l'incendie. Dans les vauriens, seul Marius semble différent, plus fragile. 

Pour terminer, il y a la tante et les quatre cousines qu'on ne voit presque jamais et heureusement. 

C'est dans cet univers que Carole revient pour quelques jours. Philippe et Gaby sont restés là haut, Carole est partie et cette différence plane au-dessus de leurs paroles.

Carole porte une culpabilité en elle et des questions qui ennuient tout le monde. C'est elle qui ressemble le plus au père en fin de compte.

On parle de transformer le village en une belle station de ski : certains sont pour et d'autres n'en veulent pas. 

Mais quand Curtil daignera t-il se montrer ?

 

Si vous avez aimé "Les déferlantes, il est impossible que vous ne succombiez pas à ce nouveau roman.

On y retrouve ces silences qui entourent les personnages, les non dits, les peurs, les souvenirs, la vie qui ne fait pas de cadeau.

Il faut parfois pousser la porte des mots pour se comprendre car le silence n'est pas le plus fidèle ami. Il faut parfois accepter de pleurer.

La poésie de Claudie Gallay vous emporte là haut, tout là haut et il est très difficile d'en redescendre.

 

"Philippe dit qu'un chemin sans homme n'est rien. Qu'il existe seulement si des hommes l'empruntent. De même, une maison vide. De même encore, les choses ne sont réelles qu'à partir du moment où on les nomme"


"J'ai tourné la boule. La neige a tourbillonné autour du cheval à bascule. Un cheval qui semblait me dire des choses, adoucir mon dedans pierreux. Un flocon s'est déposé sur l'un de ses yeux, transformant le regard en clin d'oeil.

J'avais promis au vieux Sam de faire des jours à venir de purs moments de grâce"

 

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30 août 2013

La route du retour Jim Harrison

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Ne faisant pas partie des lectrices dont le ventre se tord lors d'une lecture, dont les larmes coulent en fusion totale avec le livre, il est très rare quand un livre me prend le coeur, ce dernier fait partie de ces lectures émotions.

J'ai débuté le voyage avec cet auteur en lisant "Les légendes d'automne", ensuite "Dalva". La route du retour est en fait la suite de Dalva tout en n'étant pas la suite, c'est une continuité tout simplement.

Roman divisé en quatres parties : le chemin du grand-père de Dalva vers la mort car il sait que c'est la fin de sa vie. La route parcourue par Nelse le fils que Dalva avait du abandonné et la piste permet au jeune homme de retrouver sa mère. Naomi, mère de Dalva ainsi que Paul, oncle de Dalva, mais beau frère de Naomi (vous me suivez ?) cheminent l'un vers l'autre et se décident à vivre ensemble et pour terminer Dalva qui lance de cailloux sur la route de son fils retrouvé, elle le regarde, l'aime et malheureusement leur route devra se séparer. Un livre qui débute par la mort et se termine par la mort.

Un roman qui magnifie la nature, revient sur l'histoire des USA avec cette non acceptation de ce que l'on a fait subir aux indiens, un tout grand Jim Harrison. Un roman d'amour de la vie, un roman qui donne envie de se poser un instant et regarder ...tout simplement regarder le temps qui passe.

Ne me demandez pas d'être objective, Jim Harrison fait partie des écrivains que je porte au pinacle littéraire

 

 

 

 

14 août 2013

Les trois soeurs Andreas deEleanor Brown

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Trois soeurs qui portent un prénom tiré des héroînes de Shakespaere, leur père ne vivant et ne respirant que par cet auteur.

Rose, Bean et Cordy, toutes les trois si dissemblables. Cordy a roulé sa bosse, gouté à des rencontres. Bean est partie à New York et s'est bien amusée en séduisant les hommes. Rose quant à elle est restée près des ses parents.

Leur mère étant atteinte d'un cancer, les deux fugitives reviennent dans la petite ville de leur naissance mais portant un secret sur leurs épaules.

Rose ne voit pas cette arrivée d'un bon oeil, elle qui aime s'occuper de tout et qui pense que sans sa présence la maison de ses parents s'écroulerait.

Fiancée à Jonathan, elle ne désire pas se rendre en Angleterre où il l'attend. Sans elle, rien ne pourrait plus fonctionner.

Bean cache qu'elle a été prise au fait de voler ses patrons et de sitot mise à la porte, Cordy quant à elle est enceinte d'un peintre rencontré lors de ses périgrinations.

Les trois soeurs sont à nouveau réunies. 

J'ai adoré ce livre que l'on pourrait au premier abord traiter  comme un livre à l'eau de rose, pourtant il recèle un petit quelque chose, une étincelle qui parle de bonheur.

Le thème de ce roman serait tout simplement : peut-on changer sa vie malgré son passé ? La réponse se développe tout au long des pages.

Qu'il est bon de s'évader dans une histoire qui vous enveloppe de douceur.

 

 

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