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Les couleurs de la vie
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24 mai 2014

Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce de Lola Lafon.

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Elles se sont rencontrées à ces séances du mardi, victimes toutes deux d'être femme. L'engagée et la danseuse se sont reconnues. 

Emilie, dit Emile vit en ville et se dépense pour tous les autres, ceux que la société délaisse, La danseuse s'est exilée dans son île, avec pour toute habitation un camion. 

La vie coule et s'affole car Emilie est morte, morte le temps d'être ranimée. La danseuse ne peut admettre que son amie ne puisse plus rire alors elle attend que le corps d'Emilie se réchauffe vers la vie, sans les machines. Pour vaince la douleur, elle écrit leur rencontre... Elle cherche les mots qui pourraient lui rendre son regard. 

La danseuse durant ces quelques jours va faire connaissance avec une jeune femme croisée à la cinémathèque. Une perdue, une paumée de la vie. Il parait qu'elle est malade mais ses médicaments elle n'en veut pas. La danseuse va lui donner le nom de la petite fille au bout du chemin.

La petite fille au bout du chemin va apprendre à la danseuse de ne pas accepter les événements tels que les autres le désire. Elles vont s'envoler tels des oiseaux dans d'étranges chemins de révolte.

Pendant ce temps Emilie réapprend peu à peu à se retrouver. Elle fut morte et à présent vivante avec un coeur géré par ordinateur.

La danseuse et la petite fille au bout du chemin virevoltent dans une danse qui ne peut s'arrêter.

Dès les premières lignes, l'écriture de Lola Lafon vous entraine dans un voyage de non retour. Les mots sont ciselés, choisis avec finesse et vous ne pouvez vous échapper. 

Trois portraits de femmes à qui l'on a coupé les ailes et qui vont réapprendre à les redéployer vers la liberté d'être femme. 

Les mains qui se tendent et qui s'entraident car l'amitié est si forte.

 

J'aimerais vous en dire plus mais les mots ne sont pas assez forts pour decrypter ce que le coeur ressent.

Une émotion lecture sans commune mesure.

 

 Voir l'avis de Cath http://www.cathulu.com/archive/2014/05/16/nous-sommes-les-oiseaux-de-la-tempete-qui-s-annonce-5370268.html

 

 

 

 

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22 mai 2014

1Q84 livre 1 de Haruki Murakami

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1Q84 est le premier roman de Haruki Murakami que je découvre. Emportée par ses mots, son univers, je sais d’emblée que je lirai tous ses autres livres.

 Dans le premier livre de 1084 Murakami nous emporte dès les premières pages dans le monde réel qui peut faire face à un autre monde. 

« Il ne faut pas se laisser abuser  par les apparences, il n’y a qu’une réalité »

 

Aomamé est une tueuse mais pas n’importe quelle tueuse, elle assassine des hommes qui font violence sur leurs femmes. Des hommes qui ne pourront plus nuire à d’autres après leur disparition. 

Jusqu’à l’âge de dix ans, elle a fait partie des témoins de Jéhovah dont ses parents étaient adeptes. Pour sauver ce qui lui restait de vie, elle s’est enfuie de chez elle. 

A 29 ans, elle donne des cours de self défense. Sa seule amie s’est suicidée car elle était battue par son mari. Ce fut le premier meurtre d’Aomamé envers un homme. Le suicide de son amie reste comme une cicatrice qu’elle ne peut panser, une plaie à vif.

Lors de ses séances de défense, elle fait la connaissance d’une vieille dame qui l’invite à venir lui donner des cours chez elle et qui petit à petit lui parle de sa fille qui s’est également suicidée. Les meurtres commis par Aomamé sont commandités par cette délicieuse vieille dame qui a créé un refuge pour femmes battues. 

 

Tengo 29 ans également est écrivain. Il donne aussi des cours de mathématiques, science qui lui procure un bonheur absolu.

 Ses dimanches d’enfance, il les passait à suivre son père qui devait réclamer des rédevances aux citoyens qui ne payaient pas. Des dimanches gachés par un père qui pour Tengo n’est pas son père. Il en est certain. Il garde un souvenir fugace de sa mère assez étrange. 

Son éditeur emballé par un roman veut absolument qu’il le réécrive. Ce roman obtiendra le premier  prix du concours jeune romancier, c’est une bombe. Très réticent au début, il accepte de rencontrer la jeune prodigue Fukaéri, une jeune fille de 17 ans. Fukaéri est très étrange mais Tengo tombe sous son charme.

La jeune fille lui apprend que ce n’est pas elle qui écrit le livre « La chrysalide de l’air » et pour le réécrire, il faut l’accord du maitre. Tengo accepte de le rencontrer. 

Le maitre qui est un scientifique éminemment connu  à une époque lui révèle que Fukaéri était la fille d’un de ses amis qui a un jour crée une communauté vivant en autarcie car il croyait au marxisme «  les précurseurs » La jeune fille s’est enfuie de la communauté agricole qui est devenue une communauté religieuse mais dont l’apport en argent est étrange car vendre des légumes bios ne peut pas rapporter autant de richesse. Depuis sept ans, le maitre et la jeune fille n’ont plus aucune nouvelle des parents. Vivent-ils encore.? De cet endroit, Fukaéri en a rapporté l’histoire des Little Poeple et de la chrysalide de l’air.

 

 

1Q94 bien entendu fait référence au roman de Orwell 1984. Le livre 1 se déroule cette année là. 

En 2014, ce roman précurseur prend une autre dimension. le Big Brother qui nous domine n’est-il pas plus insidieux ? Toutes nos connections sont analysées, nos données se retrouvent sur des puces électroniques. Quelle est notre part de liberté réelle dans ce monde de réseaux interconnectés ? 

 

Aomamé perçoit un changement dans le monde où nous vivons. Elle aperçoit deux lunes que d’autres ne voient pas. La question se pose de savoir si le monde dans lequel nous vivons est tel qu’on nous l’impose ou pouvons nous en créer une autre vision par la pensée. Tout à l’air illusoire mais bien réel.

 

Un livre où la littérature tient également une grande place ce qui n’est pas pour déplaire.

 

Etrangement, longtemps j’ai refusé de lire les romans japonais et est ce l’âge, je commence à les apprécier. Répondent-ils à la vision de la vie que je porte ? 

Dès les premières lignes de ce roman, je sais pourquoi depuis que je sais décrypter les lettres pour en former des mots, j’aime lire. La magie de la lecture est irremplaçable, impossible à comprendre et pourtant elle apporte tellement…

 

5 mai 2014

Détails d'Opalka de Claudie Gallay

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Vers l’âge de dix ans, Claudie Gallay s’est amusée a remplir des pages de cahier de chiffres en débutant par le chiffre 0 tout en continuant une série l’une après l’autre.

 

En 1965, Opalka décide de commencer sa série de chiffres par le numéro 1. Début de son oeuvre.

 

Il va peindre sur un fond noir, les listes de nombres mais eux à la peinture blanche et au fur et à mesure de l’avancée de son oeuvre, il va diluer le fond noir afin qu’il devienne de plus en plus blanc et que les chiffres se fondent dans la toile.

 

Par ce procécédé, il veut expliquer la fuite du temps.

 

Trois ans plus tard, il décide de réaliser des auto-portraits après chaque séance de travail. Visage impassible et qui tout au long des années se transforme.

 

Il va également commencé à enregistrer sa voix qui décline le nombre qu’il peint. 

 

 

La véritable rencontre entre l’écrivain et l’artiste, se fera via une toile, dans un musée. Choc, émotion. Compréhension de cette oeuvre 

 

« J’ai emporté cette rencontre avec moi, partout, jusque dans mes romans écrits »

 

Claudie Gallay a failli, je dis bien failli rencontrer l’artiste mais parfois deux êtres qui pourraient se comprendre, ne se croisent jamais. 

 

« J’ai longtemps cru que la peinture, c’étaient des pinceaux, un chevalet, des couleurs et un homme debout devant une toile. Opalka m’a appris que c’était bien plus, que c’était aussi une pensée, il m’a ouvert un espace plus vaste, m’a ancrée plus loin, là où regarder ne suffit pas, quand l’émotion picturale passe par la réflexion, quand le plaisir et le savoir sont mêlés »

 

Opalka est mort à Venise en 2011, son oeuvre étant inachevée mais est-elle si inachevée puisqu’elle a suivi le cours de sa vie ?

 

 

« C’est de cela que nous parle l’oeuvre d’Opalka. Son travail est une causerie du temps qui passe et de l’âge qui nous conditionne, nous impose une façon d’agir, une attitude de vie avec des permissions et des renoncements »

 

 

Dans chaque roman de Claudie Gallay, un de ses personnages peut se référer à l’oeuvre d’Opalka. 

 

« On a tous quelque chose à faire sur cette terre. Opalka a choisi sa vie à représenter  le temps. 

 

« Mes romans sont de la vie qui passe. En apparence, peu de chose, j’écris, une page, et puis une autre, un livre et son suivant. C’est dans leur quotidien que je tiens mes personnages, je cultive cette illusion de répétition pour donner à voir le mouvement profond de ce qui les relie. Je n’écris pas pour laisser ma trace mais pour donner de l’épaisseur au temps que j’ai à vivre »

 

 

Claudie Gallay est une personne qui se dévoile très peu, ce livre ouvre une petite porte et oh combien surprenante et je l’en aime d’autant plus. Comment ne pas changer son regard sur ses romans après avoir perçu son amour pour l’oeuvre d’Opalka ?

 

Comment ne pas être émue en découvrant la manière très particulière qu’elle avait à enseigner les constellations à ses jeunes élèves. Magique tout simplement et cela ne tient qu’à une page mais cette page est inoubliable.

 

Ce livre plaira t-il à toutes et tous ? Certainement à ceux qui aiment et qui sont intéressés par toute forme d’art même abstrait. Les autres lecteurs, s’ils savent lire entre les lignes, dépasser le parcours d’une oeuvre…y seront également sensibles car ce récit est totalement différent des romans de ladite auteur. C’est une lecture passage dans le temps. Un tempo de vie.

 

 

25 avril 2014

En même temps, toute la terre et tout le ciel de Ruth Ozeki

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Ruth et Olivier se sont rencontrés lors d'une résidence. La magie d'internet leur a permis de rester en relation. Ils décident de vivre à New York et ensuite sautent le pas pour vivre dans l'île où Oliver aime être en Colombie Britannique. Ruth considère que ce sera un meilleur environnement pour sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer. Ils emménagent tous les trois à Whaletown un endroit du bout du monde selon Ruth. 

Ruth est auteur à succès mais est en proie a une panne d'écriture. Oliver est artiste environnemental et a des difficultés à faire pousser les arbres dans une nature assez rude.

Les jours s'écoulent mais une boite Bento Hello Kitty va complètement changer le cours des choses. Ruth aime se promener dans la baie de désolation et c'est là qu'elle découvre un sac en plastic contenant la dite boite.

En ouvrant la boite, elle voit un exemplaire d'un livre de Proust "A la recherche du temps perdu".  En réalité la couverture recouvre le journal d'une jeune fille Nao. Journal qui a été écrit dix ans plus tôt. 

Est ce le Tsunami qui a fait dérivé cette boite vers le Canada ?

Ruth et Oliver y trouvent également une montre, des lettres mais écrites en japonais. 

Nao raconte sa vie : ayant d'abord grandi à Sunnyvalle aux USA, elle est rentrée avec ses parents suite à la crise internet. Ruiné, son père n'a plus de travail.

. Rejetée par ses camarades d'école, martyrisée par eux, Nao vivote tout en craignant que son père ne réussisse à se suicider car depuis leur retour, c'est une ombre qui passe son temps à créer des insectes origami en papier, papier qu'il déchire dans les pages de livres traitant de philosophie occidentale.Sa mère a retrouver du travail dans une maison d'édition.

Durant l'été, son père l'emmène chez son arrière grand-mère qui vit dans un temple près de Fukushima. Jiko est en fait devenue une nonne zen.

Jiko par son amour et sa bonté va ouvrir un chemin, d'abord un sentier dans la vie de Nao. 

En parcourant le récit de Nao, Ruth va découvrir que la montre appartenait à l'oncle de son père: un jeune poète, fils de Jiko, engagé dans l'armée des kamikazes durant la seconde guerre mondiale. Lui aussi en butte à la maltraitance d'un officier. Il sait que la seule issue de sa vie de kamikaze est la mort

 Peu à peu Ruth, devient anxieuse. Elle aimerait tellement sauver la jeune fille. Olivier lui fait remarquer que le journal date d'il y a dix ans. 

Et si elle arrivait à changer le cours de la vie de Nao malgré tout ....

"Ruth et Oliver aimaient les livres, tous les livres mais surtout les vieux. Leur maison en était remplie, serrés dans les étagères, empilés par terre, sur des chaises, dans les escaliers,cela ne les dérangeait pas. Ruth était écrivain; en tant que tel, elle se devait d'avoir un chat et des livres, avait déclaré Oliver. Acheter des livres était d'ailleurs sa seule consolation, depuis qu'elle l'avait suivi sur une île reculée de la Baie de Désolation, où la bibliothèque municipale se réduisait à une petite pièce humide, au-dessus de la salle des fêtes, envahie par les enfants."

Comment parler d'un livre qu'on a adoré ? Les mots sont si petits parfois pour parler de ce qui est grand. 

Le livre se divise de chapître en chapître entre le journal de Nao et la vie de Ruth. On passe de l'un à l'autre au fil des pages.

Très symbolique car il ne faut pas oublier que Ruth Ozeki est mi japonaise, mi américaine on se trouve confronté à l'être temps, à la philosophie zen, au monde qui est et qui serait, le tout entouré par la ficelle du monde dans lequel nous vivons en réalité : la souffrance de Nao et de son père, la maladie de la mère de Ruth, la prostitution, les événements qui laissent exsanguent comme le le 11 septembre et le tsunami survenu également un 11. 

Je l'ai lu lentement car je tenais à le savourer entrecoupé d'autres lectures. Un livre qui correspond bien à mon caractère très compliqué. 

Il est à noter que Ruth Ozeki est nonne zen tout comme Jiko. 

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 Photo de la Baie de Désolation

 

 

24 avril 2014

Artistes Anne Martin-Fugier

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Anne Martin-Fugier s'est entretenue avec douze artistesfrançais d'art contemporain . Elle désirait connaître l'impact de la mondialisation sur leur vie d'artiste. 

Ces artistes proviennent de milieux différents, certains ont baignés dans l'art dès leur jeunesse, d'autres pas du tout tout comme les galeristes dont j'ai lu les entretiens précédemment. Par contre, il est à noter que beaucoup n'aimaient pas l'enseignement traditionnel. Ils se sont donc lancés dans des études artistiques, souvent en passant le concours des Beaux Arts. Pour survivre par rapport à leur art, ils enseignent ou ont enseigné dans des écoles d'Art ou alors ils travaillent dans la société familiale ou passent d'un petit boulot à un autre. 

Mais tous ont un commun, ce sentiment que la France reste plantée dans un archaisme de fonctionnalité au niveau artistique. Comme si elle se suffisait à elle-même, La preuve en est que la France n'a plus la cote auprès des autres pays, passée à côté de cette mondialisation.

Laissons leur la parole :

"Ensuite, je voudrais que mon travail soit reconnu comme une démarche intellectuelle et plastique intéressante.Qu'il ne soit plus seulement chez les collectionneurs mais dans les musées. Qu'il puisse parler à tout le monde, contribuer à l'échafaudage humain. J'aimerais avoir ma carte dans l'édifice, ce n'est pas une mince ambition!"

Fabien Merelle.

"Car la diffusion est un problème spécifique à la France : on ne trouvera jamais un livre d'art français sur les rayons d'un musée étranger. Les revues c'est pareil, nous n'avons aucune revue internationale. Pour que les étrangers s'intéressent à nous, il faut leur montrer comment on s'intéresse à eux"

Mathieu Mercier.

"Mais les artistes ont aussi une part de responsabilité, ils ne cherchent pas à s'exporter. Quant ils commencent à être connus,ils se contentent de leurs liens avec les institutions, les collectionneurs et les galeries en France. ils jouissent de leur mini-réseau. C'est une erreur, les jeunes générations l'ont bien compris et commencent à sortir tôt de l'hexagone"

Clément Bagot

"Mon père ne voulait pas que je devienne artiste, il pensait que c'était un métier de misère, il avait l'image d'Epinal, de la bohème, des crêve-la-faim"

"La vie d'artiste ne pardonne pas. Le moindre faux pas vous coule. C'est dur parce que vous êtes seul, vous assumez tout.

"Il y a une écologie dans mon travail, j'utilise le moins de moyens possible, le moin de matière possible, c'est une obsession chez moi. Etre au plus près du poète, qui avec une feuille et un crayon, change le monde"

Philippe Mayaux

"Je crois que je n'aimerais pas être une jeune artiste aujourd'hui. Quand j'ai commencé, je ne savais rien, il n'y avait pas d'internet.Maintenant on parle tellement tout de suite de prix, de ventes publiques...Pour un jeune artiste, c'est affreux, Et puis on les prend très vite, on les expose, on les jette aussi vite. Tout est très rapide. Le monde de l'art actuel est dur."

Annette Messager

"La peinture avait toujours à voir pour moi avec l'interdit. Dans la vie, il fallait faire des choses utiles et je n'ai jamais pensé que l'art est utile"

"Peindre c'est résister à la dérive culturelle qui fait que l'exposition est devenu l'événementiel dans la grande industrie du loisir organise.Pour moi le tableau comme la rencontre avec un texte, avec une personne, est une expérience intime, une poussée vers l'autre qui est déstabilisante parce qu'on ne peut pas désigner le pourquoi. Le vivant n'a rien à faire avec le blabla dont les médias nous abreuvent du matin au soir"

François Rouan

Tout comme dans le livre qui traitait des galeristes, c'est encore une femme qui remporte le coup de coeur : Annette Messager. 

Elle raconte tellement bien ses oeuvres et la manière dont elle crée, qu'on ne peut que succomber.

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Oeuvre d'Annette Messager

 Il me reste à lire les collectionneurs pour que cette trilogie très intéressante referme le cercle. 

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15 avril 2014

Galeristes Anne Martin-Fugier

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Anne Martin-Fugier historienne de formation, s’est intéressée aux galeries d’art contemporain au milieu des années septantes. Son doctorat de fin d’étude avait pour thème les bonnes à Paris, bien éloigné de l’art c’est certain mais au fil des années, l’histoire et l’art contemporain se sont entremêlés dans sa vie.

 

Ce livre comporte une série d’entretiens de ces découvreurs d’art dont les plus anciens sont Nicole et Lucien Durant parents de Guillaume Durant le journaliste ainsi que Rodolphe Stadler. 

J’ai eu un petit coup de coeur pour Catherine Thiek. Le livre se clôt par Emmanuel Perrotin dont j’avais pu admirer l’expo des artistes qu’il aime , au Tri postal de Lille.

 

Chacune et chacun raconte son parcours. Ils viennent de tous horizons, riches, pauvres. Enfants d’immigrés, Suisse. Certains ont baigné dans l’art depuis la naissance, d’autres pas du tout. Mais tous ont été attirés par cette envie d’ouvrir une galerie et de faire connaitre des artistes contemporains. Tous se sont lancés dans une aventure atypique et extraordinaire. Certains depuis ont fermé leur galerie, suite à la crise et d’autres continuent le combat pour l’amour de l’art. 

 

Je leur laisse la parole :

 

« Je vous tiens des propos pessimistes sur le marché de l’art mais, moi je suis très heureux. Je suis en accord avec moi-même. Même si le reste du monde n’approuve pas mon choix, j’aime vivre avec les tableaux de Guinan, j’aime en parler, j’aime rencontrer des gens qui adhèrent à son oeuvre »

Albert Loeb

 

Je n’aime pas l’expression « mes artistes », je ne voudrais pas non plus que les artistes disent « ma galerie ». J’aime l’indépendance, je n’ai jamais désiré constituer une écurie et je n’ai pas besoin de camaraderie avec les artistes. J’ai travaillé sur le long terme avec des personnes auxquelles j’étais attachée mais j’ai essayé de regarder davantage les oeuvres que les artistes. j’ai toujours eu cette passion pour l’oeuvre importante, magistrale… »

 

Catherine Tiek

 

« L’art est devenu aujourd’hui un produit social. Depuis les années 2000, nous sommes dans un star-système. Phénomène de mode et démence des prix. Est-ce qu’un Peter Doig vaut huit millions de dollars ? Mieux vaudrait acheter un Gauguin. Voilà ce que je combats mais c’est un combat d’arrière-garde »

Jean Brolly

 

« Je ne crois pas aux contrats écrits : pour moi, tout est fondé sur la parole et la confiance. Je n’aurais jamais signé un contrat avec un artiste : pourquoi ligoter et être ligoté ? De toute façon, je n’aime pas les problèmes. J’ai toujours arrondi les angles mais je dis aussi clairement les choses »

 

Nello Di Meo

 

« Mon père était employé de banque, mes parents avaient des intérêts culturels-d’ailleurs, ils m’ont infligé des vacances en camping-car à travers toute l’Europe en visitant la moindre église, le moindre musée. Mon frère et mes soeurs, beaucoup plus âgés, avaient eu des vacances plus classiques dans leur enfance : eux, on les emmenait à la plage! Mais pour mes parents , l’art s’arrêtait à l’impressionnisme, le contemporain n’existait pas : même Picasso c’était trop »

 

Emmanuel Perrotin.

 

« Ma vie maintenant est indissociable de celle de la galerie. Je n’imagine nullement m’arrêter un mou. S’occuper d’une galerie permet de rester jeune. Lorsque je vois des gens de mon âge qui ont d’autres types d’activités, je me sens loin d’eux, même dans des domaines qui n’ont rien à voir avec l’art. « 

Bruno Delavallade

 

 

 

 

Je continue le périple vers l’art en découvrant Artistes du même auteur.

10 avril 2014

Les Suprêmes Edward Kelsey Moore

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Chaque dimanche, elles se réunissent avec leurs maris après l'office, chez Big Earl, leur restaurant. Elles sont inséparables depuis leur jeunesse dans les années soixante. Leur table est réservée depuis toujours près de la baie vitrée. Trio de choc à qui on a donné le surnom des Suprêmes. 

Odette la plus ronde de toute et la plus futée également, est la femme oh combien heureuse de James. Elle est née dans un sycomore ce qui a fait la une des journaux à l'époque. Détail non des moindre dans la vie d'Odette : elle cotoie les les fantômes des morts. C'est ainsi que sa mère lui rend visite, elle qu'on prenait pour une folle car elle parlait au fantôme d'Eléonor Roosevelt. Manque de bol Odette a hérité du même don. Mais elle n'en parle à quiconque même pas à ses amies. Faudrait pas qu'on la prenne pour une folle elle aussi. De plus, elle devrait avouer qu'Eléonor Roosevelt picole à qui mieux mieux.

Clarice, elle a voulu épouser malgré les avis contraires Richmond,  qui court le jupon depuis toujours. Pour lui, elle a sacrifié sa carrière de pianiste qui s'annonçait prometteuse, alors pour se consoler, elle donne des cours de pianos à des gosses qui parfois arrivent au sommet ou alors sont des nullités en musique. Mais ne dit-on pas qu'il faut souffrir sur terre pour accéder au paradis, sa mère lui a inculqué cette sentence depuis sa naissance. 

Barbara Jean, la bombe du groupe,  a épousé Lester beaucoup plus âgé. Sa mère était une prostituée qui ne savait pas qui était le père des trois hommes qu'elle fréquentait à l'époque.  Barbara Jean est celle qui cache de profondes blessures que ses amies connaissent. Les bouteilles jonchent le sol de Barbara Jean. Pour oublier, elle ne se noie dans leur goulot.

Les enfants ont quitté depuis longtemps la maison d'Odette et de Clarice. Chance que n'a pas eue Barbara Jean ayant perdu son fils depuis des années. 

Les trois suprêmes s'adorent, elles ne sauraient pas se passer l'une de l'autre.. Chaque jour s'écoule comme hier, lentement, calmement jusqu'au jour où Big Earl décède. Cet homme qui avait pris les trois filles sous son aile et qui les protégeait dans leur jeunesse. 

Tout va changer dans la vie des amies mais elle ne le savent pas encore. Elles savourent ce dimanche ....Odette examine, ecoute. Clarisse surveille son mari de l'oeil et Barbara Jean devrait s'habiller avec des couleurs plus sobres à son âge.

Premier roman  mais quel roman. On passe du léger au gravissime avec un humour merveilleux tout en gardant le  contexte du problème racial en fond d'horizon. Et surtout cette tendresse que l'on perçoit à travers l'écriture. 

On passe du présent au passé de chapitre en chapitre et petit à petit on comprend ce qui unit si fort ces trois dames : parce que c'était elles et parce que c'était moi.

Il parait qu'il va y avoir une suite...

"Clarice ne ferait jamais la moindre réflexion à Barbara Jean sur ses habitudes vestimentaires, et nous le savions toutes deux. De la même manière, Clarice et Barbara jean ne me diraient jamais en face que j'étais grosse, et nous ne rappellerions jamais à Clarice  que son mari se tapait tout ce qui bougeait., Entre Suprêmes nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse.Nous fermions sur les défauts des autres et faisions preuve de prévenance  même quand cela n'était pas mérité" 

 

4 avril 2014

Révélation brutale de Louise Penny

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C'est la fin de l'été à Three Pines. Tout est bien en place. Clara va bientôt pouvoir exposer ses tableaux dans une galerie tandis que Peter se morfond de n'être plus le Peintre en vogue. Olivier tient son bistro et Gabri son compagnon s'occupe du gîte. Myrna accueille tout un chacun dans sa librairie et Ruth la poète est toujours aussi folle et désagréable, et sa cane Rose la suit partout. Bref la vie habituelle.

Le malheur rôde pourtant et seul Olivier en a la sensation au plus profond de ses pensées. Surtout, lorsque l'on découvre le corps d'un homme assassiné dans son bistro. 

Gamache est heureux de repartir enquêter dans ce village qu'il aime si fort. Comme toujours accompagné de son adjoint Beauvoir et de Lacoste, agent féminine de son équipe.

Olivier n'a pas la force d'avouer à Gamache qui connaissait cet homme allongé dans son bistro. Il ne peut avouer qu'il lui rendait visite, et ce depuis des années. Il n'ose parler de ce malheur qui menace le village.

Personne dans le village ne connait l'homme ni la cabane dans laquelle il vivait depuis des années au fond des bois.

Mais au fil de l'enquête, cet endroit va être découvert. Gamache est époustouflé par la richesse recelée dans cette cabane de bois : de véritables trésors dont de la vaisselle de Catherine II. Deux statues sculptées font partie du trésor. Statues dont Gamache admire la beauté mais qui laisse à chacun qui les regarde une impression de malaise. 

Et Olivier continue à se taire.....

Les romans policiers de Louise Penny, je les attends avec une impatience chaque année. 

J'ai commencé ce dernier avec bonheur mais sans cette flamme lecture que j'avais ressentie pour les autres et petit à petit tout s'est mis en place. Découverte d'une peintre canadienne  Emily Carr. L'art  a beaucoup d'importance dans les livres de Louise Penny et la poésie tout particulièrement.

Tableaux de Emily Carr

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L'enquête mène Gamache à se rendre à l'ïle de la Princesse Charlotte en Colombie Britannique. Sur cette île vivent les Haydas qui sont divisés en deux familles les aigles et les corbeaux. Emily Carr y a vécu et ses tableaux reproduisant les totems de cette civilisation datent de cette période. 

"Gamache ne répondit pas. Il en était incapable. Fasciné, il contemplait les grandsq mâts dans lesquels avait été sculptée la mythologie haida, ce mélange d'animaux et d'êtres surnaturels. Des épaulads, des requins, des loups, des ours, des aigles et des corbeaux semblaient le fixer. Autre chose aussi. Des êtres avec de longues langues et d'énormes yeux, et des dents. Des créatures inconnues hors de l'univers mythique, mais bien réelles ici. 

Gamache eut l'impression de se trouver à l'aube de la mémoire"

Emue oui  par l'évocation d'Emily Carr, émue par l'histoire de la civilisation Haida qui m'était complètement inconnue.Emue par l'évocation de l'amitié. Emue par la bonté de Gamache. Emue par ce personnage qui ne se concrétise qu'à travers les lignes mais que  je retrouve à chaque fois avec un réel bonheur comme on retrouve un ami. 

Plus qu'un an à attendre pour le suivant....ou découvrir la série...

 

19 février 2014

Ame qui vive de Veronique Bizot

Ils sont au nombre de quatre là haut dans la montagne. 

Les deux frères vivent dans une ferme qui a brulé on ne sait pas à quelle occasion. De toute leur famille ils ne restent qu’eux dont le plus jeune a décidé de ne plus parler depuis. L’ainé est traducteur de métier. Il a été amoureux d’une femme à Turin dont il a du s’enfuir suite aux menaces du mari.

 

Dans une autre ferme isolée vit Fouks auteur à succès de pièces de théâtre. Sa ferme est très isolée et peu luxueuse et il s’y complait. Il pense que l’homme a peur d’être libre

 

Montaya quant à lui est arrivé un beau jour. A racheter la maison d’un artiste qui l’avait déjà rachetée à un garagiste. On ne sait pas grand chose de lui. Il a du participer à quelque révolution en Amérique du Sud. Il est arrivé par hasard tout simplement.

 

Quatre solitudes qui s’entremêlent les unes aux autres. L’ainé rend quelques services à Fouks. Il a a même traduit une pièce en Italien. 

Montaya descend chez les frères car lui est souvent entouré de brume. 

 

Le jeune frère observe leur vie à tous et relate les événements des jours qui succèdent aux jours.

 

Chez Véronique Bizot, chaque instant d’une vie peut devenir extraordinaire. Pas de désespoir dans la solitude de ces êtres, il y a toujours une étincelle d'avenir  qui se faufile, il suffit de prendre le temps. 

A lire absolument

 L'avis de Cathulu http://www.cathulu.com/archive/2014/02/05/ame-qui-vive-5290128.html 

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14 janvier 2014

Feu pour feu de Carole Zalberg

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Ils sont venus accompagné de leur haine. Ils ont massacré, brulé. Lui il a survécu et sa petite fille également. Alors il s'enfuit avec la petite contre son corps, tout ce qui lui reste. Il se cache pour arriver à l'océan. Fuir ailleurs pour qu'elle puisse grandir loin de tous ces souvenirs.

La traversée en bateau, une plage, le camp. On lui suggère toujours qu'il abandonne sa petite fille. Fuir ainsi n'est pas possible pour un bébé. 

Il s'en va plus loin dans un pays où les visages sont fermés. Un compagnon d'infortune lui propose de rejoindre son frère. là bas. 

Là bas il découvre les boulots d'un jour dans la clandestinité jusqu'au jour où il obtient enfin ses papiers qui lui permettent de rester, de posséder des droits.

Il n'a jamais parlé du feu à sa petite qui a grandi. Et c'est ce feu haineux qui happe sa fille chérie. Le cercle s'est refermé. 

 

Deux récits s'entrecroisent sous forme d'un monologue : le père qui repense à tout ce qu'il a traversé pour toucher au bonheur et celui de sa fille dans ses mots élevée au milieu des tours, des mots qui s'entremèlent pour se terminer par un drame qu'elle n'a même pas imaginé. 

Un tout petit livre mais qui recèle tant de poésie qui révèle l'amour d'un père à sa fille, l'amour des humains, l'amour de l'humanité tout simplement.

Ce père et cette fille nous en croisons tous les jours sans nous poser de question. Pourtant, ils auraient tant à nous raconter. Carole Zalberg leur donne la parole avec une tendresse infinie qui nous touche au plus profond de nos émotions.

A lire absolument...

 

 

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Les couleurs de la vie
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